Lorsque certains directeurs administratifs et financiers et des personnalités de la République se transforment en opérateurs économiques, c’est la magouille qui s’installe dans l’acquisition des marchés publics. Et rares sont les opérateurs économiques qui peuvent survivre aux exigences des princes du jour. C’est le cas de Mamadou Yattassaye, PDG de TRANSFOPAM- SARL.
En août 2008, sa société a soumissionné à l’appel d’offres N°10 MESSRS-DAF/DAMP/08 pour la fourniture de cahiers.
Une fois le dossier d’appel d’offres (DAO) acheté, TRANSFOPAM a déposé sa requête afin d’extirper les critères discriminatoires de la DGMP par une correspondance N°000056 du 8 août 2008. Le dossier d’appel d’offres (DAO) précisait le délai d’exécution dont la durée est de un an ferme à compter du 1er janvier 2009.
Dans sa réponse, la DGMP par lettre n°005325/MF-DGMP du 19 Août 2008 précise que les critères de post qualification sont de simples critères d’évaluation qui ne relèvent nullement du domaine de la loi.
L’ouverture des plis a eu le 19 août 2008 et il est apparu que d’office, le pli de TRANSFOPAM a été jugé non- conforme et rejeté le 20 août parce qu’il ne donne pas la primauté aux prix unitaires en lettre en cas de différence avec les prix en chiffre. Paradoxalement, le ministre des Finances a produit un rapport datant du 22 octobre 2008 qui atteste qu’aucune erreur ou omission n’a été constatée dans la concordance entre les prix unitaires en lettre et en chiffre.
Or le rapport du ministre des Finances précise en outre que la DGMP par correspondance N°6726/ MF-DGMP du même 22 octobre 2008 a donné son avis de non objection pour l’attribution provisoire faite par la Commission de dépouillement et de jugement des offres au profit de Graphique Industrie SA après avoir écarté l’offre de Transfopam pour de nouveaux motifs c’est à dire n’ayant pas satisfait deux des critères post qualification : payer moins de 2 millions de cotisations à l’INPS et n’avoir pas réalisé en 2006 et 2007 10 millions de chiffre d’affaires équivalent au montant de son offre de 1 milliard 770 millions. Dès lors, l’appel d’offre devenait infructueux car, il ne restait que Graphique Industrie seulement en liste.
La DGMP la main prise dans le sac
La direction générale des marchés publics, après avoir annoncé que les critères de post qualification ne sont régis par aucun texte de loi, affirme dans sa lettre n°004565/MEF-DGMP d’août 2007 : à la clause de la date du 31 relative à l’attribution du marché qu’il convient d’économiser le dernier critère de post qualification ainsi libellé «avoir exécuté en 2005 ou en 2006 ou en 2007, un marché de fournitures scolaires d’un montant au moins égal au 2/3 du montant de son offre».
Mieux, la DGMP précise dans la même correspondance que «ce critère paraît trop restrictif à la concurrence et pourrait être de nature à éliminer beaucoup d’offres intéressantes pour l’administration».
En plus d’un montage crapuleux du dossier et des précipitations ou autres contradictions entre les dates qui apparaissent dans la lettre de l’ensemble de ce dossier en analysant les échanges de lettres entre le ministre des Finances et le PDG de Graphique Industrie datant des 4 et 6 novembre 2008 que les plus hautes autorités chargées de réguler pour une meilleure transparence dans les passations de marchés publics (MP) ont, dans un élan de favoritisme jamais égalé au Mali, accordé une remise exceptionnelle sur l’appel d’offres n°10 MESSRS-DAF-DAML2008.
Pire, elles prennent note de l’accord du directeur commercial de Graphique Industrie et de ramener son prix à la hauteur de l’offre la moins disante faite par TRANSFOPAM classé premier mais pas gagnant de ladite offre.
La société TRANSFOPAM a perdu le marché de fourniture de cahiers, elle partira en faillite si réparation n’est pas faite dans l’immédiat car la société dispose d’un stock de deux millions trois cent mille (2.300.000 cahiers) arborant le symbole national (drapeau, cartes et monuments) et cela avec la bénédiction du ministère de la Culture dans le but de contribuer à l’éducation de la jeunesse (Cf. lettre n°1586/MC- SG du 04 août 2008.
Cette production n’est pas vendable sous d’autres cieux. Le stock des matières premières est de l’ordre de plus de trois cent (300) tonnes de papiers prévus pour la confection des cahiers. Le préjudice causé par la DGMP à la société TRANSFOPAM serait énorme et entraînera sa faillite.
Selon une source douanière, Graphique importe ses cahiers de Chine.
Rappelons que les EDIM ont été bazardés à Tomota au bas mot à 127 millions de F CFA alors que son concurrent Yattassaye proposait 350 millions de nos francs.
Le président Amadou Toumani Touré, à l’ouverture des Etats généraux sur la corruption, n’a pas manqué de parler des malversations qui entourent la passation des marchés publics. Pourtant, elles sont à l’actif de nos dirigeants qui sont parfois patron de société soumissionnaire et exécuteur (cas du DAF adjoint du ministère des Mines de l’Energie et de l’Eau, promoteur de la société EMT qui rafle tous les marchés de ce ministère).
L’opacité, qui a entouré l’avis d’appel d’offres de fournitures de cahiers en 2008, a eu des répercussions sur l’ouverture des classes avec son corollaire de rupture de stocks.
Du coup, le ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Commerce s’est rendu à Graphique Industrie pour voir les choses. Que de bonnes intentions pour réparer la faute.
Mais hélas ! Pour quelques millions de pots de vin, le ministre Abou – Bakar Traoré, inspecteur des impôts et Satigui Sidibé, directeur général des marchés publics, lui aussi inspecteur des impôts, deux compères qui maîtrisent bien les rouages des passations de marchés viennent de commettre un acte crapuleux contre les écoliers de notre pays en les privant de cahiers.
Cependant, une chose reste certaine, lorsqu’on croit que le peuple vous doit on ne peut que l’infliger de tel traitement. De toute façon, il n’y a jamais eu deux sans trois.
L’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Bassary Touré, et son successeur Abou- Bakar Traoré ont mis à sac les services financiers du Mali grâce à des exonérations accordées à n’importe qui et autres malversations.
Amy SANOGO