S’il y a un mal qui sévit aujourd’hui à Niamakoro- Koko, dans la commune VI du district de Bamako, c’est bien avant tout l’exploitation frauduleuse et anarchique des câbles électriques souterrains.
Tenez- vous bien!
Niamakoro est divisé en deux par un ruisseau qui coule de l’est vers l’ouest. La parie de ce quartier qui se situe sur la rive droite a été électrifiée par l’Energie du Mali (EDM) comme en témoigne les nombreux poteaux électriques qui alimentent cette moitié dudit quartier. Le sort de la moitié gauche se trouve toujours, hélas, dans les mains des diables et de ceux qui n’ont aucun respect pour la vie humaine, pourvu qu’ils aient la lumière ou de l’argent.
Signalons au passage que l’approvisionnement en eau et en électricité de ce quartier n’est nullement à la portée des populations désorientées et humiliées par la misère crace. Des gens qui courent péniblement derrière la pitance du jour, qui se procurent difficilement les deux repas quotidiens, ne peuvent prétendre s’abonner en électricité à des coûts ineffables (500.000 F CFA, 400.000, 600.000…)
Mais il faut dire et répéter qu’au 2ème, l’eau et l’électricité ne sont pas des luxes, mais des droits pour tous, notamment pour les populations de notre capitale, Bamako.
Les habitants de Niamakoro ont donc absolument droit à la lumière chez eux. C’est ainsi qu’il faut comprendre les innombrables placements de compteurs de l’EDM par les populations elles- mêmes dans des magasins de l’ancien marché de Niamakoro. Une fois ces compteurs installés, les populations procèdent à des branchements anarchiques souterrains. Les câbles sont perceptibles par tous ceux qui désirent les percevoir à cause qu’ils sont à peine couverts de terre.
Plus dramatique encore, c’est que bien de ces câbles sont tout simplement nus et ouverts au ciel. Il suffit de passer par le pont de l’ancien marché ou par celui de Abdoulaye Diarra pour s’en apercevoir aisément. Là- bas, les branchements sont faits de façon si anarchique et si frauduleuse qu’ils ont fini par transformer Niamakoro- Koko en véritable poudrière pour les piétons et les animaux. Les exemples à cet effet sont déjà nombreux.
En mai 2007, un jeune élève du CFI (Centre de formation industriel) de Torokorobougou est mort à Niamakoro dans des circonstances toujours non élucidées. Cet élève, répondant au nom de Adama Synayoko, venu de Kati pour poursuivre ses études, a piqué une crise au moment où il tentait d’attacher des fils électriques suite à une perturbation du courant dans son logement. C’était dans le même ruisseau et au même endroit où les fils s’entremêlent dangereusement.
Pour bien de témoins, le jeune a été électrocuté, mais pour ses parents, il a piqué la crise parce qu’il avait bu trop d’eau fraîche avant d’aller attacher les fils électriques alimentant la maison. Mais, la crise a bien eu lieu au moment où il faisait le racollage desdits fils.
Le lieu de ce premier accident, qui se situe entre l’hôtel Horonya et l’ancien marché, est devenu un véritable mouroir pour bétail : le même jour de l’enterrement du jeune élève, une vache et 2 moutons y sont morts calcinés sous l’œil stupéfait d’une population qui se cherche au jour le jour, complètement démunie.
Quelques jours après, c’est un cheval qui a péri sous le pont des 30 mètres à quelques pas de la route de l’aéroport. Les habitués du coin savent comment les gens s’approvisionnent là- bas en électricité. Le 16 septembre 2008, sous les regards impuissants d’un berger qui est venu faire abreuver ses animaux dans le ruisseau de tous les dangers, un gros bœuf a sauté sur la mine électrique. Lorsque la misère accule les hommes jusqu’à leur dernier retranchement, ils ne craignent plus la mort.
Sinon comment comprendre que les gens sachant bien le danger qu’ils courent se ruent vers le bœuf tué par le courant électrique pour le découper en morceaux avec ce seul principe du jeu : que chacun emporte à la maison ce qu’il peut et arrive à couper ! Et qui dit qu’ils ont songé à égorger religieusement ledit bœuf, l’essentiel étant la quantité de viande qu’on aura dans la marmite !
Mais il ne pouvait en être autrement quand on sait que le seul crime commis par les populations de Niamakoro- Koko est d’avoir été pauvres et abandonnées dans une zone complètement démunie et mal lotie. A ce niveau, il faut porter à la connaissance de nos lecteurs que des maisons surplombent ce ruisseau de tous les dangers et cela sous l’œil complice d’élus du coin.
A mi chemin entre le pont de l’hôtel Horonya et celui de Abdoulaye Diarra, un âne, électrocuté lui aussi le même jour (16 septembre 2008), lâche dans les poumons des habitants et des passants une odeur nauséabonde y rendant la respiration pratiquement impossible. Si ce n’est que lors des campagnes électorales, les politiciens véreux n’ont que faire de ces misérables populations laissées pour compte dans les ténèbres et dans la crise d’eau.
Niamakoro, étant un quartier populeux avec une pléiade d’enfants qui n’ont d’autres jouets que les cervolents, il faudrait s’attendre à ce qu’il y ait , hélas, d’autres victimes des installations électriques trichées.
En tout cas, il n’est un secret pour personne que les enfants sont les premiers poissons de ce cours d’eau de tous les dangers. Si le jeu est la sève nourricière de l’enfant, jouer dans les rues de Niamakoro est absolument dangereux pour les enfants à l’abri des regards complices d’élus qui n’ont jamais pensé au moindre bonheur de leurs électeurs.
Ce qui se passe de tout commentaire à Niamakoro- Koko, c’est que les auteurs des installations électriques anarchiques ne se rappellent pas généralement par où passent leurs fils enfouillis sous la terre. Cela est d’autant plus exact qu’après chaque pluie, des gens sont obligés de sortir des maisons avec des houes et des pelles pour remettre la terre sur les câbles déterrés par les eaux.
Mais comme il est de coutume au Mali que des élus ne sont généralement pas au service de leurs électeurs, l’on ne peut rien attendre des élus municipaux de Niamakoro à ce sujet. N’en déplaise aux apatrides politiciens qui engagent des millions dans du thé, du sucre, des Tee- shirt, des pagnes pour avoir des électeurs. Après, c’est le déluge sur les crânes rasés des pauvres. En attendant des jours meilleurs, d’autres victimes des mauvaises installations électriques seront enregistrées à Niamakoro.
Fodé KEITA