FORUM NATIONAL SUR L’EDUCATION, La page noire du régime

Depuis quelques années se multiplient les réflexions engagées à différents niveaux sur la question scolaire. Il ne se passe guère de mois sans que réunions d’experts, rencontres de ministres, colloques et séminaires, sectoriels n’abordent invariablement ce sujet sans parvenir à trouver une solution. Quels cadres pour demain? Crime contre l’humanité, pays pauvre, des enfants analphabètes!

 

Quand on lit les rapports des experts du Forum sur l’éducation tous s’interrogent sur le destin du Mali.

 

Que doit-on en déduire?

D’abord le sentiment réconfortant que peu à peu le gouvernement prend conscience d’un fait, que peu à peu se précise la mauvaise foi que nous ne pouvons plus nous entêter à laisser notre pays basculer dans l’inculture. Pendant deux décennies ce sont les mêmes scènes répétitives: années blanches; facultatives, renvois massifs, effectifs pléthoriques, manque d’enseignants, d’équipements, etc. Même les plus optimistes se demandent si les grèves estudiantines ne sont pas à l’actif des plus hautes autorités. Pourquoi les efforts de nos gouvernements et de la société civile n’ont pas toujours été couronnés de succès?

L’école a été fortement politisée depuis l’avènement de la démocratie. Il suffit d’être étudiant et être membre du bureau de coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali pour être dans les bonnes grâces du pouvoir. Ils ont bénéficié des privilèges : Zara wana, Aguibou Koné, Modibo Doumbia, Mahamane Mariko, j’en passe. Combien sont-ils chargés de mission à la présidence de la République, dans les ministères, dans les institutions? Lorsqu’on crée l’inégalité entre les fils d’un même pays, on attise le feu sans le savoir.

Ainsi pendant la transition démocratique, ATT a sonné le tocsin en privilégiant certains anciens de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM). Du coup, il s’est fait beaucoup d’ennemis. Ce système a continué avec le régime Alpha Oumar Konaré. C’est toute l’AEEM qui s’est muée en agents de renseignements. Sous Amadou Toumani Touré, ce sont toujours ces mêmes anciens de l’UNEEM et de l’AEEM qui reçoivent les promotions.

Pourtant, tant de compétences existent, tant de structures sont créées, tant de projets ont vu le jour, tant de partenaires au développement se sont installés au Mali. Mais hélas! On ne recrute que par affinité politique ou être membre de la classe privilégiée du monde des » étudiants contestataires ». Le sort de nos dirigeants est semble t-il de s’en tenir au monde des discours, à de brillantes dissertations et de savantes déclarations.

Depuis les diagnostics du FMI et de la Banque mondiale sur notre pays en 1980, la fonction publique ne recrute plus les sortants diplômés de nos écoles. Chaque année l’Etat déverse sur le marché du travail plus de 10.000 diplômés chômeurs. Comme remède l’Etat les recrute par voie de concours dans les différents corps militaires. Cela est à leur risque. Le jour où ces anciens de l’AEEM, tombeurs du régime UDPM se rencontreront, le bel exemple de démocratie sera réécrit.

Pour la petite histoire, ATT connaît bien cette leçon pour l’avoir bien apprise: lorsque les recrues de Tièkoro Bagayago et de Kissima Doukara dans les corps de l’armée et de la police se sont rencontrés il y a eu le putsch du 26 mars 1991. A cette époque, Modibo Sidibé était chef de cabinet au ministère de la Défense.

Safounè KOUMBA

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