Dans le souci de satisfaire une doléance de la Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire à savoir l’application correcte des cadres organiques des Académies et des Centre d’animation pédagogique, le ministre de l’Education, des Langues nationales et de l’Alphabétisation, le Pr. Salikou Sanogo, vient de perdre les pédales en nommant par arrêté un maître du second cycle à la tête de l’Académie de Gao. Ainsi, il créé d’une part, les frustrations dans les rangs des ayant droits et d’autre part, il désoriente le syndicat quant à sa volonté de l’application des accords et de réforme du système éducatif malien.
«Dans le pays des aveugles, les borgnes sont les rois», dit-on. Le Mali du consensus, ennemi de la démocratie, érigé en mode de gouvernance par le régime déguisé des généraux avec la complicité d’une classe politique animée par des bouffons aux appétits voraces et gloutons, le mérite est relégué au second rang. On sent fou de l’image du pays comme l’a souhaité le président feu Modibo Keïta sous le règne duquel le cadre malien méritait respect et considération aussi bien à l’intérieur du pays comme à l’extérieur.
Mais depuis quelques années, ces qualités sont devenues un frein à l’ascension dans l’administration malienne. Et les gens ne s’en cachent plus pour dire à qui veut l’entendre qu’un coup de piston vaut mieux que cent ans d’études. Ce qui fait qu’aujourd’hui, le constat est amer : avoir un diplôme ou sortir d’une des meilleures universités du monde n’ouvre aucune porte d’emploi au Mali.
Les concours ont cédé leur place à des recrutements en catimini dans des secteurs juteux. Comme à la douane. Où cette année, à la surprise générale de tout le monde, une liste de nouveaux douaniers a fait le tour de la ville. Le comble, ne figuraient sur cette décision que les parents du couple présidentiel et les parents et amis d’un des gendres du président de la République.
En plus de cette injustice criarde, l’administration malienne regorge, en lieu et place des femmes et des hommes qui ont obtenu leur parchemin de leur sueur, des détenteurs de faux de diplôme, de diplômes falsifiés mais aussi par des régularisations administratives qui ont permis à certains de la catégorie B et C d’être des cadres A sans formation.
On se rappelle le cas de ce ministre d’un gouvernement de consensus qui est parvenu à avoir le titre de professeur grâce à l’homologation de ses attestations de séminaires. Tout cela se fait sans que les gens ne bronchent. Et cela donne du courage aux tenants du pouvoir à violer les textes qu’ils ont eux-mêmes signés pour la bonne marche de la cité, afin que tous les fils du pays se sentent sur le même pied.
Pour ne pas être complices de la violation des textes et de la cécité intellectuelle, la Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire (Coses) a attiré l’attention du gouvernement à travers des préavis de grève sur la non application correcte des cadres organiques des Académies d’enseignement et des Centres d’animation pédagogique.
Ainsi, il se trouve que de la création de ces structures à nos jours, les ministres en charge de l’Education ont foulé au pied les décrets des cadres organiques. Surtout s’agissant du poste de directeur d’Académie. Le décret est clair là-dessus. Le directeur est professeur d’enseignement secondaire (PES) ou professeur d’enseignement fondamental (PEF).
Malgré cette précision du décret, les autorités scolaires ont nommé des professeurs de l’université et des grandes écoles comme directeurs d’Académie au vu et au su de tout le monde.
Cette situation a commencé avec la nomination en 2000 de l’actuel ministre Salikou Sanogo comme directeur d’Académie d’enseignement (DAE) de Bamako rive gauche par Moustapha Dicko. Et, l’arrivée en 2002 de feu Mamadou Lamine Traoré au département de l’Education avait suscité un espoir dans le milieu enseignement quant à l’application à la lettre des textes. Mais quelle ne fut leur surprise quand le ministre Traoré a commencé à nommer ses collègues professeurs de l’université à la tête des Académies.
Les enseignants, qui étaient restés longtemps sans parler de ce problème, ont interpellé leurs syndicats sur ce dossier, afin d’en faire un point de revendication. Et, la Coses dès sa naissance en 2007 en a fait son cheval de bataille, croisant ainsi le fer avec le Pr. Amadou Touré, ministre des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique.
Avec Salikou, la Coses obtient un accord partiel. Et un début d’exécution a commencé il y a quelques jours avec la relève des professeurs d’université et la nomination des professeurs d’enseignement secondaire. Mais, le hic est que celui de Gao n’est ni PEF encore moins PES.
Ce dernier, qui assurait l’intérim, vient d’être confirmé par un arrêté du ministre Sanogo.
Il est à noter que sa nomination comme intérimaire avait suscité des frustrations au sein même de l’Académie et dans le milieu enseignant. Mais à la lecture de son arrêté de nomination, on tombe des nus. On lui attribue le titre de professeur d’enseignement secondaire. Or, dans les archives de l’Ecole normale supérieure (ENSUP), il n’a laissé aucune trace aussi bien dans la filière des PEF que dans celle des PES.
Donc, d’où tire- t- il ce titre ?
Ce qu’on retient de lui, il est maître du second cycle et titulaire d’un diplôme en communication de l’ISPRIC. D’ailleurs, c’est ce diplôme qui lui a permis d’être reclassé à la catégorie A. Mais de là, à lui donner les avantages d’un PES, il y a un pas que le ministre Sanogo a dangereusement franchi. Et, il n’est pas exclu qu’on trouve de nouveau sur son chemin la Coses.
Les dessous d’une nomination
Par la tournure des évènements, il devient militant de l’URD. C’est cette couverture politique qui lui a permis d’être confirmé DAE en violation des textes. Et, selon nos sources, le coup serait parti depuis le ministère de la Fonction publique dont le titulaire est un des vices présidents de l’URD. Mais déjà, les langues comment à se délier. La section URD de Gao a vertement protesté contre cette nomination et menace de rallier l’ADEMA.
Au niveau du bureau national de l’URD, cette nomination a surpris plus d’un. Elle risque de porter un coup dur à la cohésion du parti.
Brin COULIBALY