Le jeudi 25 Septembre 2008 dans la Salle Taïcha Maïga aux environs de midi, le Ministère public représenté par le Docteur en droit, chargé de cours à la FSTP/UAG démissionne de son poste et pour cause : l’ingérence du Parquet général de la Cour d’Appel de Bamako.
Comment en est-on arrivé là ?
Les faits se sont passés à Néguela, localité située à une trentaine de kilomètres de Bamako. Le berger de Dondo Daou, grand opérateur économique Diawanbé, a vendu un veau de 7 mois grièvement blessé par une voiture au boucher du nom de Sagalbé Dicko.
Informé par ses proches, le richissime Dondo se rend sur les lieux. Il rencontre M. Sagalbé et lui dit que l’animal l’appartient. Ce dernier lui répond qu’il l’a payé avec son berger, Ali Bary, à 10.000F CFA.
Mais hélas! Dondo rétorqua et dit au boucher, que son veau coûte 600.000F CFA. Ainsi, il l’a accusé de complicité de vol. Sous la menace de Dondo, et par crainte d’être conduit devant les autorités, les parents de Sagalbé interviennent et parviennent à convaincre Dondo d’accepter 300.000F CFA.
Ils cotisèrent ainsi la somme de 185.000F. Malgré tout, il fut conduit sur instruction du préfet à la gendarmerie qui a aussitôt établit le procès verbal. Et fut conduit au parquet du tribunal de 1re instance de Kati.
Curieusement, il se trouve que le procès verbal de la gendarmerie mentionnait expressément qu’il n’y a pas eu de vol.
Dondo est un homme qui persécute les braves populations de Nèguela. Ses bergers sont à plusieurs mois sans salaire.
Saisit au fond, le 1er Substitut du Procureur décide de libérer Sakalbé en lui remettant ses 185.000F CFA. Aussitôt, le Parquet général, grâce au coup de fil de Dondo, ordonna au Procureur Sow d’appréhender Sagalbé, avant qu’il n’arrive à Néguela. Ce qui fut exécuté.
C’est ainsi qu’à l’audience du 25 septembre dernier, suite à la demande de liberté provisoire de Sakalbé, le ministère public, sous la coupole du juge Malick Coulibaly, le parquet de Kati n’a pas poursuivi Sagalbé, l’ordre étant venu du Parquet général. « Nous jugeons cette affaire à sa juste valeur, le serment nous oblige« .
Je demande au Président d’accepter la liberté provisoire pour Sakalbé. La demande était bien fondée. Aussitôt, la tenue de ces propos contre le P.G entraîna la suspension de l’audience.
Le Parquet général donne des instructions fermes au Procureur Sow afin d’interjeter appel contre la décision du ministère public.
C’est ainsi que sous serment, dans légalité, la dignité, l’orientation de la décision du tribunalة quelques minutes après, le verdict tombe. Et Malick s’est ainsi vu offenser. Il quitte la salle et démissionne de son poste.
L’audience a repris
Le ministère public représenté cette fois- ci par Kéné interjette appel contre la décision de Malick Coulibaly.
Question du point de vue droit, Kéné étant muté devait-il poser des actes? Ce qui est certainement contradictoire, selon d’éminents juristes.
Ainsi comment peut-on qualifier l’ingérence du Parquet général dans les décisions du tribunal en pleine audience.
En tout état de cause, le chef suprême de la magistrature est interpellé à plus d’un titre mais que de telles pratiques soient bannies à jamais dans le pays.
La justice malienne est malade dans toutes ses composantes, il faut l’assainir avant qu’il ne soit trop tard.
Face à l’injustice, Me Malick Coulibaly a préféré démissionner d’une magistrature corrompue dans son corps. Dans tous les cas, les enquêtes sont en cours afin de situer les responsabilités. L’Assemblée nationale, elle-même doit constituer une enquête parlementaire et interpeller le gouvernement dans les prochains jours.
Eric Mody Koité