En organisant une série d’activités la semaine dernière, certains responsables de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) voulaient rassurer leurs militants quant à la vitalité de leur parti. L’exercice a étalé au grand jour les divergences au sein du parti depuis le congrès du mois d’avril dernier. Face au danger, les députés de cette formation politique tentent un ultime sauvetage.
Ces militants et les observateurs ont pu constater que la deuxième formation politique du pays est très loin de l’embellie. Commencée depuis les travaux de son deuxième congrès ordinaire tenus les 26 et 27 avril derniers, la dégringolade de ce parti n’a plus cessé. Inéluctablement, il se dirige vers la cassure.
A l’origine, les prétentions, très légitimes au demeurant, du deuxième vice-président du parti, Oumar Ibrahim Touré, de briguer la présidence, contre Younoussi Touré, président sortant et protégé du fondateur Soumaïla Cissé. Cette prétention au trône a soulevé un tel tollé que le prétendant s’est abstenu de présenter sa candidature.
Selon son entourage, sa volte-face répondait au souci de préserver le climat de paix et de cohésion qui régnait au sein de cette formation. A l’issue de ces assises, il a conservé son fauteuil de deuxième vice-président et Younoussi, celui de président. Pourtant, plusieurs mois après, la tension est nettement perceptible entre les deux hommes. A tel point qu’il a fallu tout ce temps pour organiser la conférence de presse qui, normalement, devait se tenir immédiatement après les travaux dudit congrès. Et qui avait pour but essentiel de rassurer.
Car, les militants ont besoin d’assurances, ayant constaté que plusieurs responsables du bureau ont déserté le siège et ne participent plus aux réunions ; que ces mêmes responsables sont divisés en clans et ne s’adressent pratiquement plus la parole ; que les principales décisions concernant la vie du parti sont prises depuis Ouagadougou où réside le mentor du président ; que le parti est en train d’enregistrer d’importantes défections ; que l’URD s’ankylose et tombe dans la léthargie.
La démarche des parlementaires
Les cadres les plus actifs du parti (pour la plupart des jeunes) auraient décidé de suspendre leurs activités.
Ils seraient frustrés d’avoir vu leur candidat, Oumar I Touré, renoncer à briguer la présidence du BPN alors même qu’ils voulaient un changement non seulement au niveau de la direction, mais aussi dans la gestion des affaires du parti. Cette tendance ne s’est jamais privée de dire tout haut qu’elle n’appréciait pas que le parti soit dirigé depuis un autre pays et par un homme. Mais jusque là, Oumar I Touré était parvenu à freiner les ardeurs sécessionnistes de cette tendance et à la maintenir au sein du parti.
Du reste, c’est sur les seules épaules du deuxième vice-président que repose, aujourd’hui, l’intégrité du parti. Poussé vers la sortie par le clan Cissé, il fait de la résistance, résolu à sauver le parti d’une suicidaire et douloureuse déchirure. Jusqu’à quand ? Peut être plus pour longtemps, si l’on analyse la présente démarche des parlementaires URD auprès de certains responsables du parti.
En effet, depuis quelques jours, les députés du parti ont entrepris de conjurer l’implosion de leur formation. Ils ont déjà rencontré, mardi dernier, le premier vice-président, Abdoul Wahab Berthé, et Oumar I Touré. Avec leurs interlocuteurs, les élus ont fait la genèse de la crise, qui serait née du dirigisme de Soumaïla Cissé qui aurait fait mettre en place un bureau taillé à sa mesure.
Dès l’entame des travaux du congrès d’avril, Cissé avait verrouillé les débats par un discours insidieux qui interdisait à quiconque, au risque de passer pour la brebis galeuse, de bouleverser l’ordre qu’il a établi.
Ainsi, les nouveaux venus, transfuges d’autres partis, devaient remplacer, par la seule volonté du mentor, certains cadres qui avaient trimé pour animer, implanter et imposer le parti. Pourtant, Cissé est tenu par une obligation de réserve que lui imposent ses fonctions de président de la commission de l’UEMOA.
Aux élus venus en conciliateurs, Oumar Touré, selon ses partisans, aurait réaffirmé la position déjà défendue par le passé, à savoir que non seulement il n’abandonnera pas le parti, mais qu’au contraire, il y restera et se battra pour que des règles démocratiques plus saines y prévalent.
Après qu’Oumar Touré ait conseillé au groupe parlementaire d’échanger avec des acteurs autres que les deux vice-présidents et le président du parti, les élus ont également rencontré Soumaïla Cissé, hier dans un hôtel de la place.
Les effets de cette campagne de médiation des députés sont attendus.
Cheick Tandina