Contrairement à une campagne d’intoxication menée à l’extérieur de nos frontières, le Mali, depuis l’éclatement de la crise à Kidal, n’était jamais en proie à une rébellion armée touarègue. La preuve ? De bonnes volontés des communautés arabes, tamasheqs, se sont mobilisées et ont contribué à faire ramener la paix à Kidal en marge de la médiation officielle et avec l’accord des autorités maliennes dont le chef de l’Etat Amadou Toumani Touré. Voici le point sur cette initiative sous l’égide du comité de bons offices, crée en février 2008 à Kidal par des cadres et notabilités de la région.
Oukenek, commune rurale d’Aguel Hock (cercle de Tessalit) : le 18 août dernier, une importante rencontre de la communauté Taghat Mellet se déroule en présence des principaux leaders de la communauté, des chefs de fraction, des cadres, ainsi que des combattants de l’Alliance démocratique pour le changement. Il y avait aussi les membres du comité de bons offices de Kidal et … Ibrahim Ag Bahanga. Cette rencontre avait deux principaux points à son ordre du jour : la cohésion au sein de la communauté, et la position de cette même communauté par rapport au processus de paix à Kidal engagé par les autorités depuis des mois.
Au finish, la communauté Taghat Mellet a réaffirmé son attachement au processus de paix en cours, à s’avoir le cadre de l’Accord d’Alger avec l’Algérie comme facilitateur et l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement, comme interlocuteur des autorités aussi bien maliennes qu’algériennes.
Pour la communauté, cette position a été concrétisée par les démarches par lesquelles « les combattants issus de la communauté ont facilité la récente libération de 26 personnes détenus par l’Alliance ». Auparavant, en février 2008, sept (7) otages avaient été libérés à Essouk, sous les auspices du comité de bons offices.
Aussi, les Taghat Mellet ont vivement condamné les « actes de banditisme devenus fréquents sur le tronçon Anefis-Kidal ». En conséquence, la rencontre a émis le souhait que des mesures urgentes soient prises pour combattre le fléau.
« Mais d’ores et déjà, la communauté Taghat Mellet a décidé de combattre tout acte de banditisme dans sa zone d’influence et reste disposée, comme par le passé, à apporter son appui dans ce cadre, ainsi que dans tous les cas où elle serait elle-même concernée ou sollicitée ». Au cours de la rencontre, la communauté a, par ailleurs, insisté sur l’ouverture d’une enquête « impartiale » sur l’assassinat du commandant Barka Ag Alher et de l’imam Makhammed Ag Mossa, « aux fins d’identifier les coupables et de les déférer devant la justice ».
Au-delà de ces prises de position à Oukenek, la communauté Taghat Mellet, et les membres du comité de bons offices de Kidal, ont pu convaincre Bahanga à s’inscrire désormais dans une logique de sortie de crise.
Selon nos sources, c’est à partir de cet instant que le bandit a pris contact avec Alambo, chef du MNJ (Mouvement nigérien pour la justice), afin que ce dernier transmette un message au Guide libyen. Dans ledit message, Bahanga affirmait au dirigeant sa volonté de déposer les armes et promettait de libérer tous les otages encore en détention.
A Oukenek, les membres de la communauté ont, par ailleurs, réussi à convaincre Bahanga sur l’urgence à libérer deux otages malades et trois gendarmes qui étaient détenus par l’ex député de Tessalit. Cette rencontre d’Oukenek n’était en fait qu’une étape des nombreuses initiatives entamées par le comité des bons offices de Kidal et différentes communautés de Kidal, en vue de ramener la paix.
Du début de la crise à maintenant, des cadres, notabilités et chefs de Tribus ont sillonné le désert pour tenter de convaincre les bandits sur la nécessité d’une sortie de crise. « Ces efforts ont été faits avec l’accord du chef de l’Etat qui a toujours encouragé nos initiatives » indique, sous le couvert de l’anonymat, un membre du comité. Cependant, il regrette que l’Etat malien n’a pas toujours apporté l’appui nécessaire au comité de bons offices, qui, selon lui, pouvait à lui seul régler le problème. Toutefois, notre interlocuteur apporte cette précision de taille : « l’important, c’est le retour de la paix. Qu’il soit l’œuvre du comité, de l’Algérie ou de la Libye, cela importe peu ».
Ce qui est sûr, s’il y a des signes d’un retour de la paix perceptibles à Kidal, c’est que des Maliens, eux-mêmes, ont grandement contribué à cette situation. Certains ont agi dans la plus grande discrétion, sans tambour, ni trompette.
C H. SYLLA