La situation d’insécurité et de terrorisme au nord du Mali va-t-elle bientôt connaître son épilogue ? Certains indices permettent de l’espérer. Il y a tout d’abord la récente rencontre entre les tribus touarègues du grand Sahara et le guide de la révolution libyenne, le colonel Moammar Kadhafi. Rencontre au cours de laquelle les notabilités et cadres touaregs ont exprimé leur ferme volonté de mettre fin à la situation d’insécurité qui prévaut dans la bande sahélo saharienne.
L’un des cinq chefs de groupe armé, Ibrahim Ag Bahanga, par la voix du chef de la rébellion nigérienne, Alambo, avait souscrit à un processus de paix sous l’égide du chef de l’Etat libyen. Auparavant, il avait donné des gages de sa bonne foi en contribuant à la libération de plusieurs militaires détenus par les groupes armés.
En se rendant sous la tente du guide libyen, reconnu depuis longtemps pour ses initiatives et actions tendant à ramener la paix dans la Bande, les chefs de tribus touaregs ont ainsi exprimé leur ferme volonté de circonscrire le terrorisme dans leur région par l’implication de différents médiateurs. Faut-il rappeler que, dès le début, ces chefs de tribu se sont démarqués des actes de banditisme et de terrorisme des groupes armés, et ont accordé la primauté d’action à l’exécution de l’Accord d’Alger auquel certains d’entre eux ont participé. Ils l’ont d’ailleurs, à plusieurs reprises, signifié aux autorités maliennes, et ont régulièrement participé aux rencontres d’évaluation de l’Accord.
En dehors de ce cadre, estiment t-ils, aucun développement n’est possible. Ils ont sans doute compris que le retard observé dans l’exécution du programme de développement de la région de Kidal est en grande partie dû à la situation sécuritaire dans cette zone. Le guide libyen, sans complaisance, a également abondé dans ce sens mais a aussi fait comprendre aux insurgés que rien ne justifie la lutte armée dans un pays pauvre qui, de surcroît, est en reconstruction. Il y a ensuite, précisément, l’état d’exécution dudit Accord.
Le week-end dernier, un communiqué conjoint a sanctionné les trois jours de négociations entre le gouvernement malien et quatre des cinq groupes de bandits armés touaregs, sous l’égide du médiateur algérien. Tenu à Alger dans le cadre du suivi périodique de l’évolution de la situation dans la région de Kidal, cet énième round de négociations devait permettre aux différentes parties d’évaluer l’exécution de l’Accord d’Alger.
C’est ainsi que du 28 au 30 août, les deux protagonistes et le médiateur ont procédé à l’évaluation de la mise en œuvre des mesures arrêtées lors du précédent round de négociations tenu du 19 au 21 juillet derniers dans la même ville. Entre les deux rencontres, les participants ont pu souligner d’importantes avancées. Il s’agit notamment du renforcement du climat d’apaisement dans la région de Kidal et de la libération de plusieurs détenus de part et d’autre. Se félicitant de ces résultats qui augurent d’un règlement du conflit, les deux parties se sont engagées à préserver la quiétude survenue ainsi sur le terrain et à poursuivre « l’application pleine et entière de l’Accord d’Alger ».
Pour marquer leur volonté réciproque de consolider les acquis ainsi réalisés, les deux parties, à l’issue des consultations, ont décidé de réactiver les structures d’animation de l’Accord. C’est ainsi que le comité de suivi a été convoqué pour le 15 septembre prochain en territoire malien, plus précisément à Kidal. De même, le gouvernement malien et l’alliance se sont engagés à coopérer plus étroitement pour préserver la paix et la sécurité dans la région de Kidal. En procédant, entre autres, au déminage des zones minées et à la récupération de toutes les armes et des matériels enlevés.
Le médiateur, quant à lui, a insisté sur le retour rapide des personnes déplacées. Il propose d’ailleurs sa disponibilité à apporter sa contribution à la réalisation des opérations de rapatriement.
Une source proche du dossier, selon le quotidien national d’information, L’Essor, aurait indiqué que le gouvernement malien et les représentants des groupes armés sont également convenus de la reconstitution des unités spéciales de sécurité et de l’accélération de la mise en place du programme de réinsertion et de développement. A en croire donc les deux parties en conflit et le médiateur algérien, la situation pourrait très vite revenir à la normale.
Toutefois, il convient, pour le gouvernement, de se montrer vigilant et prudent. Il est vrai que même si les groupes de bandits, hormis l’Alliance du 23 mai, se sont révélés minoritaires et isolés de la majorité de leur communauté d’origine, il n’en demeure pas moins qu’ils ont une capacité de nuisance assez significative, qu’ils ont eu d’ailleurs à prouver. D’où la nécessité de déterminer définitivement les conditions de la cessation des hostilités. De manière à éviter des voltes faces dont certains chefs de groupes sont coutumiers. Les engagements et concessions qui seront donc issus de ces différents rounds de négociations ne devraient souffrir d’aucune ambiguïté qui donnerait prétexte à leur remise en question.
Cheick Tandina