Le 27 avril dernier, la Brigade urbaine de protection de l’environnement du District (BUPE), a procédé, aux différents carrefours de la capitale, à un contrôle de vignettes. Objectif : démasquer les détenteurs de fausses vignettes. Résultat : plus de 600 engins à deux roues saisis.
Cette opération se justifiait par l’existence d’un réseau parallèle de vente des vignettes de 2010 au niveau de la mairie du District de Bamako. Ces vraies fausses vignettes seraient pourtant vendues aux usagers par des agents de la mairie. Informés de la situation, les responsables de la mairie du District ont diligenté cette opération de contrôle qui visait à saisir les engins de tous ceux qui détiennent de fausses vignettes.
Vol ou disparition ?
Une source proche de la mairie nous confirme l’existence de ce réseau parallèle de vente de fausses vignettes. Tout serait parti de la disparition de deux cartons de vignettes entre les mains de deux agents de la mairie chargés de les réceptionner à l’aéroport. Les agents en question avaient été fortement suspectés et ont fini par être mis aux arrêts. Ils ont été jugés et remis en liberté. Mais d’autres versions de l’affaire existent.
Ali Dolo, directeur de la BUPE a confirmé la traque lancée contre ce réseau parallèle. Pour lui, en conduisant l’opération, ses hommes avaient eu pour instruction de procéder à cette vérification, et de saisir au besoin tous les conducteurs d’engins à deux roues dont la vignette fait partie du lot suspecté.
L’affaire a conduit à la création d’une commission présidée par le président du tribunal de première instance de la commune III. Celui-ci a chargé le commandant de brigade de mener les enquêtes.
« Je ne souhaite pas vous en dire plus, car cela pourrait jouer contre les enquêtes qui se poursuivent actuellement », a indiqué Dolo.
Contrairement à la première version, le directeur de la BUPE explique que la quantité de vignettes perdues l’a été suite à une perforation opérée sur certains cartons contenant les vignettes en provenance de la France.
Et, tout porte à croire que ce sont ces quantités perdues ou volées de vignettes (8 carnets d’une valeurs de 150 000 FCFA chacun, plus 3 autres carnets de 3 000 FCFA, soit une valeur totale de 1 475 000 F CFA) qui se sont retrouvées sur le marché noir.
Selon certaines informations, ces vignettes étaient entrain d’être vendues au niveau de plusieurs carrefours de la capitale dont celui de la mairie du District. Mais par qui ? Nul ne peut l’affirmer en l’état actuel de l’enquête. Il faut simplement préciser que les deux agents suspectés sont des pistes logiques pour la gendarmerie en raison du fait que l’un d’eux serait le principal responsable du magasin où sont stockés les emballages des vignettes.
Quant au second, il aurait une responsabilité dans la chaîne de commercialisation des vignettes au compte de la mairie centrale qui a fait confectionner pour 2010 en France des vignettes d’une valeur estimée à 900 millions de FCFA. Le marché est attribué à un opérateur privé de la place.
Une calomnie
Pour en savoir davantage sur ce réseau parallèle, nous nous sommes rendus à la mairie du District. Sur place, nous avons rencontré celui dont le service est directement visé. Il s’agit de Doumoussé Konaré, directeur du service de la perception générale des recettes du District. Selon Konaré, ses services ont effectivement été informés d’une vente parallèle de vignettes, sans pour autant établir le lien entre cette activité frauduleuse et les deux agents arrêtés.
Des agents que le directeur essaie même de disculper. Pour lui, aussitôt après avoir été informé de la disparition de ce lot de vignettes, ses services ont automatiquement envoyé à la gendarmerie une correspondance accompagnée des numéros de série des vignettes concernées.
Au même moment, d’autres informations font état d’une opération d’échanges des fausses vignettes contre les bonnes sans contrepartie au service de la perception. Selon Doumoussé Konaré, cette opération n’a jamais eu lieu à la mairie.
Selon lui, si c’était le cas, il n’y a pas meilleure occasion pour arrêter les voleurs.
Pour Doumoussé Konaré, les deux agents de la mairie qui ont été interpellés dans cette affaire, l’ont été sur la base d’une pure calomnie menée « par certaines personnes de mauvaise foi qui ont du plaisir à opposer les gens. Vous savez, c’est une affaire que nous avons apprise comme vous. Mais, je suis surpris et étonné qu’on puisse penser que mon service est impliqué ». Konaré persiste et signe qu’une telle chose n’est pas possible dans son service.
Oumar Diamoye