Avant-hier, la salle de conférence du centre Djoliba a abrité une conférence débats sur la crise que vit l’éducation au Mali. Animée par deux anciens ministres et un écrivain, la rencontre était organisée par l’association Repère et le cercle de réflexion Djoliba.
« L’école malienne : éléments pour réfléchir à sa refondation et à son développement ». C’est le thème qu’ont retenu l’association Repère et le cercle de réflexion Djoliba, samedi dernier, pour tenter d’apporter leur contribution au débat sur l’école. La conférence débats était animée par les professeurs Issa N’Diaye et Modibo Diakité, deux anciens ministres, et Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djicoroni. Ce dernier a profité de l’occasion pour présenter au nombreux public sa dernière publication qui, justement, porte sur l’éducation. Son titre : « L’école malienne, hier…et aujourd’hui ? »
Selon les conférenciers, la maladie de l’école n’est qu’une facette de la maladie générale qui frappe le pays. Pour la soigner, il convient de revenir sur le passé pour mieux appréhender le présent et baliser le futur. C’est donc pour alimenter les réflexions qu’ils se sont penchés sur des textes législatifs et règlementaires et le rapport de présentation de la réforme de 1962 sur l’éducation.
Pour Issa N’Diaye, la maladie de l’école a pour, entre autres causes, le manque de vision globale et de sentiment patriotique, l’argent qui a pris une importance disproportionnée et anesthésié les consciences, le désengagement de l’Etat du secteur de l’école qui a été livrée au néolibéralisme avec la prolifération des établissements privés, les mauvaises conditions de vie et de travail des enseignants.
Quant à Modibo Diakité, il a fait l’historique et l’évolution de l’éducation au Mali. Tous ont insisté sur l’importance qu’a eue la réforme de 1962 dans le développement de l’école. Selon eux, le cours progressif de l’éducation s’est arrêté en 1968, date du coup d’Etat militaire qui a renversé la première République et amené aux affaires un groupe de militaires qui se sont crus obligés de prendre leur revanche sur les intellectuels, notamment à partir de 1978.
Les conférenciers ont également estimé que la langue française n’était pas adéquate pour un enseignement performant. Selon eux, l’enseignement doit s’effectuer dans les langues nationales, cela pourrait éviter l’acculturation qui est un processus de négation de soi.
Plusieurs intervenants ont ensuite pris la parole pour contribuer aux débats. Dans le public, on a pu noter la présence de Aminata Dramane Traoré, ancienne ministre, Oumar Mariko, député et ancien leader estudiantin, Bakary Kamian, historien et écrivain, Victor Sy, ancien syndicaliste.
Cheick Tandina