Circuler à Bamako surtout les jeudis, samedis et dimanches, relève de la croix et de la bannière. Ces trois jours, consacrés aux cérémonies de mariage civil à Bamako, passent également pour être des jours où les risques d’accident sont plus élevés, en grande partie à cause des cascadeurs des motos Djakarta.
A la portée d’une infime minorité au début à cause de son prix élevé (800 000 à 1 000 000 de FCFA), la marque Djakarta, initialement fabriquée au Japon, a inondé les marchés maliens depuis que les Chinois et Indonésiens ont récupéré le marché. Les prix ont fortement dégringolé, passant aujourd’hui, à seulement 200 000 F CFA. Ce qui permet, désormais au plus grand nombre de jeunes de la place de s’en procurer sans difficulté.
Le prix de la Djakarta a chuté, engendrant le trouble de la quiétude des usagers de la circulation. Car, même en circulant prudemment, on peut entrer en collision avec un conducteur imprudent d’une moto Jakarta. Le risque devient plus grand les jours de mariages où les jeunes conduisent ces engins avec les acrobaties les plus inimaginables. En effet, il est aujourd’hui devenu très courant de voir des groupes de jeunes s’adonner à des scènes de démonstrations sur la voie publique.
Sur plusieurs mètres, ils se plaisent à rouler la moto uniquement sur la roue arrière, celle d’avant maintenue en plein air. Quand de telles pratiques se passent dans les cortèges, on mesure le risque que ces jeunes font courir aux honnêtes citoyens.
Les statistiques de la protection civile attestent éloquemment cette situation en insistant sur le taux très élevé d’accidents imputables à ces engins qui, en longueur de journée, font de blessés et de morts.
Manœuvres dangereuses
Malgré les efforts déployés par les départements chargés des transports, et de la sécurité intérieure et de la protection civile, les autorités sont incapables de mettre au pas ces jeunes imprudents. Il ne se passe pratiquement pas de jour sans que les services des urgences des hôpitaux du Point G et du Gabriel Touré n’accueillent des accidentés de « Djakarta ».
Face au phénomène et malgré les plaintes des populations, la réaction des autorités reste encore timide. Les premiers cascadeurs des motos Djakarta seraient des jeunes du quartier Lafiabougou où les initiateurs avaient un endroit spécialement aménagé pour les séances d’entrainement. Par la suite, la pratique, d’un simple jeu de distraction, s’est muée en un moyen de gagner de l’argent pour ses pratiquants.
Au tout début, des jeux étaient organisés dans un espace bien clôturé. Ceux qui voulaient apprécier le talent de ces jeunes payaient un ticket d’entrée. De fil à aiguille, ces jeunes ont aujourd’hui transporté leur activité sur la place publique. On les rencontre surtout le petit soir sur certaines grandes artères de la capitale, comme l’avenue de l’OUA. Sur cette voie express, ils se plaisent à se faufiler entre les véhicules et adoptant toute sorte de position sur l’engin.
Ils sont, ces derniers temps, beaucoup sollicités lors des mariages civils où ils font des scènes de démonstrations très applaudies. Selon des informations, ce sont le plus souvent les parents des mariés qui invitent ces cascadeurs afin de rehausser l’éclat de leur fête.
Vols à la tire
Selon certaines informations, ce genre de jeu ne doit plus être toléré par les autorités. Parce que, ce qui n’était que jeu au départ est entrain de donner lieu à un glissement vers des pratiques illicites comme les vols à la tire et des simulations d’accidents juste pour soutirer de l’argent à des personnes apparemment solvables.
En effet, confie un citoyen, ces jeunes qui ont généralement une bonne maîtrise de ces engins, sont de plus en plus indexés dans des cas de vols à la tire. Les revendeurs de cartes de recharge ont pendant notamment fait les frais de ces « vagabonds ».
Des jeunes sur ces bolides les abordent prétextant acheter une carte téléphonique. Pendant l’échange, ils arrachent toutes les cartes des mains du jeune revendeur avant de se fondre dans la nature. Mais si les revendeurs de cartes ont depuis trouvé la solution en n’exhibant que les cartes déjà grattées, il reste que le phénomène conserve toute sa dangerosité en ce qui concerne les scènes de cascade et de démonstration.
OUMAR DIAMOYE