L’état d’avancement de l’Accord d’Alger signé le 4 juillet 2006 entre l’ancienne rébellion touarègue et le gouvernement du Mali. C’est l’objet de la conférence de presse organisée par le comité de suivi de cet accord, le 12 juillet dernier à Bamako.
Ironie du sort, cette conférence se tient au moment même où le col. Hassan Fagaga décide d’envoyer une correspondance au président de la République pour dénoncer la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Pour le président du comité de suivi, l’Inspecteur général de police (IGP) Mahamadou Diagouraga, c’est une malheureuse coïncidence, puisque le comité avait prévu cette rencontre avec la presse dès qu’il s’installera dans ses nouveaux locaux à Bamako.
Une installation qui fut effective seulement le 2 juillet 2010. Nonobstant, le président du comité a répondu sans ambages aux préoccupations des journalistes sur l’état de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger et ses difficultés.
Il était assisté du conseiller technique chargé du nord du ministère de l’administration territoriale, Babahamane Maïga, du représentant de l’Alliance du 23 mai pour le changement, Ahmada Ag Bibi, du directeur général de l’Agence de développement du Nord (ADN), Mohamed Ag Mahmoud, qui ont fortement contribué à éclairer les hommes de médias. Mais les débats ont surtout été focalisés sur la correspondance du col. Hassan Fagaga.
Il s’agit de comprendre si le représentant de l’Alliance cautionnait cet agissement de l’éternel déserteur. D’abord pour Ahmada Ag Bibi, cette correspondance n’engage que la personne de son auteur et non l’Alliance qui reste liée à l’Accord d’Alger. « Nous sommes dans un processus et nous allons continuer. affirme le représentant de l’Alliance, qui salue l’atmosphère de confiance qui règne entre le gouvernement et l’ancienne rébellion. Une confiance sans laquelle il ne pourrait y avoir de collaboration.
Car, nous sommes conscients des efforts que le gouvernement est en train de fournir. Nous sommes conscients aussi des difficultés, mais nous demandons toujours au gouvernement de persévérer… »,
Ahmada Ag Bibi propose par ailleurs une révision permanente du pacte national afin d’éviter que des problèmes surgissent et de garantir le maintien de la paix et de la stabilité. Aussi, il demande que l’État aille vers la réalisation de grands projets de développement. C’est pourquoi, il lance un appel aux partenaires techniques et financiers, et conformément aux engagements pris lors du forum de Kidal, afin qu’ils aident le gouvernement du Mali à matérialiser les différentes tâches énumérées dans l’Accord d’Alger.
L’État a beaucoup fait
Le président du comité de suivi de l’Accord d’Alger, l’Inspecteur Général de Police Mahamadou Diagouraga a abondé dans le même sens que le représentant de l’Alliance en soulignant que l’Etat a beaucoup fait de 1990 à 2006 dans le cadre du Pacte national et de 2006 à nos jours dans le cadre du Programme décennal de développement des régions du nord (PDDRN). « Ce n’est pas vrai, ce que racontent certains. Nous sommes tous des Maliens et nous aimons tous notre pays…. », a rappelle Mahamadou Diagouraga qui ne comprend pas pourquoi certaines personnes refusent de voir la réalité en face. Mais en officier supérieur, l’IGP rassure que dans tous les cas, l’Etat malien assumera ses responsabilités.
S’agissant de l’état de mise en œuvre de l’Accord d’Alger, le comité de suivi a produit un document contenant la liste de plus d’une vingtaine de tâches réalisées de 2006 à nos jours. Et qui ont permis de constater que le gouvernement du Mali fait tout son possible pour maintenir la paix et la stabilité dans le septentrion malien.
De la création du groupe technique de sécurité, le 14 août 2006, à la recomposition des unités spéciales de sécurité, en passant par le cantonnement des éléments de l’Alliance et le forum de Kidal, beaucoup d’actes ont été posés dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, même si certaines difficultés ralentissent les opérations. Parmi celles-ci, le retard dans la mobilisation des ressources financières des partenaires techniques et financiers et les mouvements isolés de certains membres de l’Alliance.
A en croire le directeur général de l’ADN, Mohamed Ag Mahmoud, l’agence est aujourd’hui confrontée à deux problèmes majeurs. Primo, certains éléments de l’Alliance ont carrément décidé de bouder le programme des 10 000 jeunes exécuté par l’ADN. « Des éléments qui voulaient qu’on leur finance des projets individuels de 60 millions de FCFA contrairement aux recommandations de l’atelier de validation du PDDRN, qui prévoit d’accorder 750 000 FCFA par projet individuel… », révèle Mohamed Ag Mahmoud.
Secundo, les jeunes ne voulaient pas se faire identifier clairement sur les documents de référence et s’opposent au système de crédit marchandises. En fait, dans le cadre de ce programme, l’ADN s’est défendue de remettre de l’argent liquide aux promoteurs des projets. Ce qui provoqua l’ire de certains jeunes de l’Alliance qui ont d’ailleurs claqué la porte du programme. « Mais certains d’entre eux commencent à revenir à de meilleurs sentiments et se disent disposés à signer les conventions de financement… », précise le directeur général de l’ADN.
Comme pour dire que l’Accord d’Alger est toujours d’actualité, un responsable du MATCL a confirmé la présence d’Ibrahim Ag Bahanga dans la commune rurale de Tinzawatène où il a été recensé dans le cadre du RAVEC, ainsi que celle du col. Hassan Fagaga à Bamako, le 12 juillet dernier. Sans l’Accord d’Alger, ces individus auraient certainement eu un autre sort.
Idrissa Maïga