Le collectif des syndicats de l’éducation projette une grève du 7 au 18 juin prochains. La période choisie ne relève pas d’un hasard de calendrier, encore moins d’une malheureuse coïncidence. En effet, cette période correspond à celle des examens de fin d’année notamment le DEF, le BAC et le BT. D’où la planification d’un mouvement qui, malgré le maquillage, constituera un véritable crime.
Oui, cette prise en otage des examens, si elle a lieu, serait un crime contre des milliers d’enfants qui, au bout d’une année scolaire perturbée par les syndicats de l’enseignement, s’apprêtent à faire (enfin) leurs évaluations au terme d’une année scolaire au cours de laquelle les élèves et étudiants ont laissé la rue aux enseignants.
Et au même moment où, partout dans le monde, les scolaires s’apprêtent à concourir, ceux du Mali aussi sont prêts à passer ce cap déterminant de l’année scolaire pour les examens cités plus haut. Mais, c’est sans compter avec la détermination du collectif des syndicats de l’éducation qui, au fil des ans, s’est discrédité par ses méthodes impopulaires dont la rétention des notes ou encore le boycott des évaluations.
Du terrorisme en somme. Un groupe de syndicats guidés plus par ses propres intérêts égoïstes que soucieux de l’avenir de ces milliers d’enfants maliens. Des pauvres scolaires qui se voient prisonniers d’une situation à laquelle ils n’y sont pour rien. Seulement voilà. La prise en otage des notes des examens, ou encore des copies est devenue une méthode utilisée depuis quelques années par les enseignants.
En réalité la méthode cause plus de dégâts et de torts aux enfants qu’aux autorités. Imaginez l’état d’esprit dans lequel peut se trouver en ce moment un élève qui est en classe d’examen. Mais, une certaine catégorie d’enseignants a malheureusement pris les commandes des différents syndicats. Pour ces enseignants, seule la politique de la terre brûlée, paie.
Par leur faute, ce sont des générations d’enfants maliens qui sont, chaque année, sacrifiés sur l’autel d’intérêts personnels et égoïstes. Les syndicats de l’enseignement ont, certes, le droit de revendiquer ou de faire grève, mais de grâce, qu’ils arrêtent de jouer avec l’avenir des enfants. Qu’ils arrêtent ce jeu sordide consistant à se servir des notes où des examens comme boucliers.
De leur côté, l’État et les parents d’élèves doivent prendre toutes leurs responsabilités afin d’éviter le crime que s’apprête à commettre une bande organisée en collectif dit des syndicats de l’enseignement.
Pourtant, ce ne sont ni les moyens consentis par l’État, ni le dialogue et la concertation qui ont manqué dans les relations entre les autorités et ces syndicats.
Entre autres actions : une université a été ouverte à Ségou, une cité universitaire lancée à Kabala, des milliards investis dans la construction de salles de classes, de cantines et dans l’achat de manuels scolaires.
En plus, la plupart des revendications des enseignants ont été satisfaites, avec notamment l’octroi d’une indemnité de logement ; l’intégration des agents contractuels dans la fonction publique de l’État et des collectivités ; la relecture acceptée du décret fixant la composition, l’organisation et les modalités de fonctionnement du Conseil supérieur de l’éducation ; l’octroi d’un siège aux syndicats d’enseignants.
En outre, la liberté syndicale est garantie. S’agissant du paiement des rappels dus aux enseignants contractuels, des efforts ont été consentis par le gouvernement pour payer les arriérés de salaires dus. A ce titre, en 2009, il a été payé 4,925 milliards de FCFA.
A tout cela s’ajoute la mise en œuvre des recommandations du forum national sur l’éducation qui est en cours.
Tous ces efforts auraient du conscientiser les enseignants et les dissuader à aller en grève illimitée, et surtout à prendre les examens en otage. Ils ont mis leurs intérêts personnels au dessus de ceux de la nation et de leurs propres enfants que sont les élèves et les étudiants.
Car, leur principal combat aujourd’hui, c’est l’alignement de leurs salaires avec ceux de la sous-région, au lieu de se battre pour l’assainissement du cadre scolaire et l’amélioration des conditions de travail des acteurs de l’école.
Pire, les grévistes (les terroristes ?) restent sourds à tous les appels émanant des ministres de tutelle, du Premier ministre et, même, du président de la République. La société civile non plus n’a pas été écoutée.
Les enseignants sont, à la limite, faibles d’esprit, car ils sont entrain de tenir tête à ceux-là même qui sont les seuls à pouvoir résoudre leurs problèmes. Ils se cassent alors les dents. Infailliblement.
C. H. Sylla