A moins de 24 h du vote de la loi de privatisation de la Compagnie malienne de développement du textile (CMDT) par les élus, la section syndicale de la filière-coton et la Coalition des alternatives africaines dette et développement Mali (CAD-Mali) ont, au cours d’une conférence de presse mardi après-midi, fait le point de tout ce qu’ils ont pu faire pour empêcher cette privatisation.
Mardi après-midi, Zakariyaou Diawara, secrétaire général de la section syndicale filière-coton de la CMDT a juré que « la section syndicale de la filière coton a fait tout ce qu’elle a pu pour mieux informer les producteurs, les populations, les élus du peuple ainsi que les décideurs sur l’échec inéluctable de la privatisation de la CMDT ».
M. Diawara a ajouté qu’en plus des nombreuses correspondances adressées aux différentes autorités du pays, des débats dans plusieurs stations de radio, le syndicat et ses alliés ont animé dans toutes les directions régionales et à la direction générale de la CMDT des conférences sur deux thèmes majeurs : « privatisation de la CMDT, une vraie catastrophe pour le Mali » et « privatisation de la CMDT, les interrogations ».
L’Etat veut privatiser la CMDT au prétexte qu’elle est mal gérée. Pour le patron du syndicat, « ceci n’est qu’un prétexte ». Il a témoigné que « les nombreux contrôles du Vérificateur général n’ont apporté aucune preuve de mauvaise gestion. Il faudra qu’on arrête de vilipender les travailleurs de la CMDT comme si nous étions tous des voleurs ».
Interrogé sur les propos du Premier ministre, qui a récemment déclaré que « la filière coton ne sera pas privatisée mais que c’est la CMDT qui le sera », M. Zakariyaou Diawara répondra que « c’est la même chose. C’est comme si on dit que la CMDT sera privatisée mais les champs des paysans ne seront pas privatisés ».
Economie en voie de privatisation
Selon le représentant de CAD-Mali, « si on privatise la CMDT, notre économie sera privatisée, les champs des paysans seront privatisés ». Il informera que la CAD-Mali, dans sa mission de défense des droits humains au Mali et de lutte contre les effets pervers de l’économie du marché et pour un monde plus juste, a toujours réaffirmé son opposition à toute privatisation des sociétés et entreprises d’Etat du Mali.
Le représentant de CAD-Mali a déploré que malgré des multiples contestations et manifestations des paysans, le gouvernement du Mali poursuit inexorablement sa volonté de privatiser cette entreprise publique, qui nourrit directement 3,5 millions sur les 12 millions de Maliens.
En s’adressant aux élus de la nation, le représentant de CAD-Mali dira que « voter en faveur de la privatisation de la CMDT, c’est voter pour le fossoyeur des âmes vivantes des zones cotonnières du Mali et pour hypothéquer le patrimoine économique national ».
A l’issue de la conférence de presse, M. Diawara a lancé un appel aux élus du peuple afin qu’ils prennent des décisions allant dans le sens des intérêts de la filière coton de notre pays. « Nous faisons appel à leur sens de responsabilité afin qu’ils nous évitent la réédition du drame social que nous connaissons actuellement à l’Huicoma, en nous accordant le plan social de 2003 de la CMDT ».
Sidiki Doumbia