Selon Karl Marx, « c’est le salariat qui est l’organisation bourgeoise actuellement existante du travail. Sans lui, point de capital, point de bourgeoisie, point de société bourgeoise ».
Les communistes, les religieux, les capitalistes, les agnostiques, les anarchistes… tout le monde a théorisé sur la question du salaire. Au Mali, il a divisé, toujours, dirigeants et dirigés. Dans aucun pays, dans aucun système, jamais un travailleur ne s’est dit « satisfait » de son salaire.
Un salaire est une somme d’argent versée à un employé ou à un salarié qui, en échange, fournit un travail. Le montant du salaire versé dépend du contrat de travail, des augmentations de salaires successives et du code du travail.
Le principe du salaire est d’être versé régulièrement tout au long de la durée du contrat. Son versement peut être effectué par semaine, par trimestre ou par mois.
Dans la législation, une partie du salaire est touchée directement par le salarié, une autre partie est consacrée aux systèmes de solidarité, qui sont essentiellement l’épargne retraite,
l’OMH et autres.
Le salaire brut est le salaire avant soustraction de ces taxes. Le salaire net est le salaire après soustraction. Aujourd’hui, plus que jamais, la question fait débat dans notre pays. Les passions se sont réveillées autour de cette question. Nous avons donc voulu revoir la question, voir ce qu’il en est.
Le salaire du point de vue marxiste
Le marxisme est une philosophie contemporaine correspondant à l’étape supérieure de l’humanité, de la lutte opposant les classes antagonistes (capitalistes et ouvriers). Vers le milieu du XIXe siècle, le capitalisme avait déjà pris la relève du féodalisme dans de nombreux pays. Le capitalisme va engendrer ainsi le prolétariat (exploité par la bourgeoisie). Les contradictions entre la bourgeoisie et le prolétariat s’aggravent avec les luttes ouvrières.
La revue théorique directe du marxiste a été la philosophie classique allemande du XIXe siècle (Hegel, Feurbach). Marx et Engels se sont également inspirés de l’économie politique anglaise (Adam Smith et David Ricardo). Marx et Engels puiseront également dans le socialisme utopique français (Saint Simon, Charles Fourrier).
Les théoriciens proposaient un social basé sur la moralisation des idées humanistes. La théorie économique fut conçue en réponse à la lamentable condition de vie des travailleurs dans la société capitaliste. Selon sa théorie, le libéralisme était un système condamné à l’effondrement.
Le capitaliste ne produit pas pour satisfaire son besoin personnel, mais pour produire à nouveau. Marx situe la source de cette croissance dans la plus-value qu’il faut comprendre dans l’exploitation du travail. Le travail se présente de prime abord comme un acte qui se passe entre l’homme et la nature.
L’outil est un intermédiaire entre l’homme et la nature, il est un prolongement du corps anatomique. Mais c’est dans l’exploitation du travail que Marx situe le profit. Dans la société capitaliste, contrairement à la société esclavagiste, le travailleur est libre, mais il est ainsi libre de tout, ne possédant que sa marchandise, sa force de travail. Il ne vend pas tout en bloc une fois pour toutes, mais morceau par morceau, jour après jour, mois par mois.
Le capitaliste achète la force de travail de l’ouvrier à son prix autrement dit à sa juste valeur. D’où vient donc le profit ? Celui-ci résulte de ce que la quantité de travail qui fournit la force de travail est toujours supérieure à celle qui est nécessaire à sa production.
La plus-value ou profit résulte donc de la différence entre la valeur d’usage de la force de travail,c’est-à-dire qui peut se mesurer en quantité de produit, et sa valeur d’échange, c’est-à-dire le travail qu’elle coûte. Le changement de valeur exprimé par « AMM », conversion de l’argent en marchandise et reconversion de la même marchandise en plus d’argent.
L’argent, provient de l’utilisation par le capitaliste de cette marchandise particulière dont la valeur d’échange est source de valeur inchangeable : la force de travail, le profit est donc du travail exploité. Le travailleur exploité est aliéné. Plus, il travaille, plus il n’apparaît, il s’aliène de tout.Des disparités illogiques
Dans un monde parfait, chaque Malien serait payé à 36 000 F CFA à peu près. En effet, notre masse salariale fait près de 138 milliards de F CFA pour 38 927 agents toutes catégories confondues. Cependant, on est loin du compte et le fossé se creuse chaque jour davantage, selon que l’on soit diplômé supérieur ou pas ; du bon parti politique ou pas, magistrat ou… enseignant !
Alors qu’un magistrat (bac+4) débute avec 250 000 F CFA et presque autant en indemnités, un professeur d’université (bac+7, au minimum), peine à avoir 150 000 F CFA. Ce cas n’est pas isolé. Au Mali, les salaires des corporations sont plus fonction de leurs muscles et de leur capacité à faire du bruit que des niveaux de formation ou d’études, encore moins des contraintes ou de la « pénibilité » du travail.
Ce cas n’est pas isolé. Si l’on prend au sein de la corporation des enseignants, mieux vaut être enseignant du primaire, quatre ans de formation après le DEF que faire quatre ans après le bac. Les indemnités des enseignants du primaire dépassent de loin ceux des autres, au fur et à mesure que l’on monte en grade « pour cause de solidarité ». Du coup, on a vu des gens soit refuser les avancements, soit faire grise mine, car avancement signifie dans beaucoup de corps perte de revenu.
Aujourd’hui, le statut général de la fonction publique est une coquille vide. « Il y a presque autant de statut particulier que de corps de métiers, affirme un interlocuteur au niveau du ministère de la Fonction publique. Pourquoi ne pas relire une bonne fois le statut général de la fonction publique ? », s’interroge-t-il.
Bonne question, on attend la réponse !
MASSE SALARIALE
Où va le budget ?
La masse salariale est passée de 82,2 milliards de FCFA en 2001 à 137,8 milliards de FCFA en 2007, soit un accroissement de près de 68 %.
Cette hausse venait d’ailleurs en compensation des augmentations du prix du pétrole et dans le cadre de la réalisation d’un programme de lutte contre la pauvreté, l’Initiative nationale pour le développement humain. Cependant, la question que l’on se pose est de savoir où va l’argent du Mali ?
Selon ATT, le 8 juin dernier, le budget d’Etat 2010 rectifié est arrêté : en recettes à 1148,5 milliards F CFA contre 1101,6 milliards F CFA dans le budget initial et en dépenses à 1196,1 milliards F CFA contre 1277,9 milliards F CFA.
Un calcul rapide situe à 10 % du budget national, la masse salariale. C’est également connu, le budget spécial d’investissement (BSI) est plus issu des réductions à nous consenties dans le cadre de l’initiative des PPTE. Alors, quand on enlève 10 % du budget pour les salaires, que fait-on du reste ?
FONCTION PUBLIQUE
Un total de 38 927 fonctionnaires pour 36 075 en activité
C’est un total de 38 927 agents toutes catégories confondues qui émargent présentement au budget de l’Etat chaque mois en tant que fonctionnaires au service du Mali.
Le statut général des fonctionnaires est défini par l’ordonnance n°77-71/CMLN. La loi n°93-59 du 8 septembre 1993 a réparti les fonctionnaires en quatre catégories (A, B2, B1, C). Dans son chapitre 2, le statut général des fonctionnaires tend à limiter le nombre des fonctionnaires à un strict minimum, interdisant tout recrutement qui n’a pas effectivement pour objet de pourvoir à la vacance de l’un des emplois permanents spécifiés dans l’article 1er alinéa 1er.
Le recrutement s’effectue par voie de concours. Toutefois, il est possible de déroger au principe du concours s’il est constaté que le nombre de candidats est inférieur à celui des emplois mis en compétition. Dans ces conditions, le recrutement s’effectue sur titre (loi n°85-01/AN-RM du 11 février 1985).
Le Conseil supérieur de la fonction publique est un organisme central de consultation créé par le décret n°272 PGRM. L’article 9 de ce décret définit les attributions du Conseil. Celui-ci connaît de « toute question de caractère général intéressant les fonctionnaires et la fonction publique du Mali […] ».
L’article 10 précise qu’il s’agit « d’un organisme consultatif appelé à donner des avis et à faire des recommandations », il connaît en particulier des questions concernant : le statut particulier de chaque cadre de fonctionnaire du Mali, l’interprétation des dispositions du statut général des fonctionnaires et des statuts particuliers, la modification des statuts particuliers, l’avis sur les décrets de dégagement des cadres.
Formée à égalité de représentants de l’administration centrale et de représentants des fonctionnaires, cette représentation paritaire est le gage de la nature démocratique de l’institution. Le Conseil est présidé par le ministre de la Fonction publique (article 2 du décret), et est composé de 8 membres pour un mandat de 2 ans : ministre des Finances, de l’Education nationale, de la Justice, le directeur de la fonction publique et du personnel. Le Conseil siège en assemblée plénière tous les 6 mois ou en session extraordinaire sur convocation.
En plus du Conseil supérieur de la fonction publique, il existe aussi des commissions administratives paritaires.
En attendant l’établissement de la base de données sur le nombre des cadres de l’Etat formés par le Mali et les pays dans lesquels ils sont formés, la direction nationale de la fonction publique (FP) dispose déjà de statistiques claires sur l’effectif des fonctionnaires par position statutaire et catégorie.
Sur un total de 38 927 fonctionnaires, 36 075 sont en activité, les 2852 restants sont indisponibles pour des raisons diverses. Ils sont soit en congé maladie ou de formation, en détachement longue durée, en disponibilité, soit en suspension administrative ou suspension pour détournement.
Aujourd’hui, ils sont 47 fonctionnaires toutes catégories confondues qui sont frappés par une suspension administrative. Et 15 autres sont suspendus pour détournement.
Le nombre des cadres de l’Etat qui constituent la catégorie A dans la catégorisation des fonctionnaires s’élève à 12 997. Ces derniers comme toutes les catégories de la fonction publique subissent permanemment des formations de recyclage et de perfectionnement au Mali ou à l’étranger.
Pour l’heure, la base de données sur le nombre de cadres formés et les pays dans lesquels ils sont formés est en cours de construction.
A noter que les fonctionnaires de l’Etat sont aidés dans leurs tâches quotidiennes par les conventionnaires en activité dans la FP. Au nombre de 18 555 dont trois en suspension administrative et un en congé d’expectative, ces conventionnaires bénéficient également de congé de formation au même titre que les fonctionnaires.
Les différentes statistiques relatives aux fonctionnaires et aux conventionnaires ne tiennent cependant pas compte des contractuels des collectivités qui peuvent être considérés comme des agents au service de l’administration publique engagés au profit de la décentralisation.
L’avancement par échelon
Au Mali, le salaire peut évoluer par l’avancement d’échelon qui se traduit par une augmentation de traitement. Il est fonction à la fois de l’ancienneté et de la valeur professionnelle du fonctionnaire et a lieu de façon continue.
Chaque grade comporte plusieurs échelons et l’on avance d’échelon en échelon dans un même grade. Toutefois, au vu de l’évolution de la note, des réductions ou des majorations d’ancienneté, par rapport à l’ancienneté moyenne exigée, peuvent être accordées.
Très généralement, chaque convention collective ou accord d’entreprise prévoit des échelons au sein de chaque catégorie permettant ainsi au salarié d’évoluer du plancher au plafond et même d’être reclassé à la catégorie supérieure.
A côté de l’avancement progressif, le salarié peut être automatiquement reclassé à la catégorie supérieure lorsqu’il effectue soit des études correspondantes, soit une formation professionnelle de niveau supérieur, ou bien un test organisé et réussi.
L’avancement et le reclassement s’effectuent par une commission ad hoc (commission d’avancement et de reclassement). C’est une promotion qui appelle le fonctionnaire à des fonctions supérieures et entraîne le passage dans un grade supérieur.
Les fonctionnaires qui ont une valeur professionnelle suffisante pour être promus sont inscrits par ordre de mérite sur un tableau d’avancement. C’est à partir de ce tableau que l’autorité administrative compétente désigne les fonctionnaires qui bénéficieront d’un avancement de grade et fixe l’échelon.
Les agents inscrits non promus dans l’année où le tableau à effet, ne peuvent être promus au cours de l’année suivante que moyennant une nouvelle inscription. Le tableau est porté à la connaissance du personnel dans les trois jours qui suivent la date à laquelle il a été arrêté.
Dossier réalisé par Alexis Kalambry, Amadou Waïgalo, Sidiki Doumbia, Anne Marie Kéita/Aminata Traoré et Aminata Lah (stagiaires), Adama coulibaly.