Un flou artistique entoure l’exploitation de l’or au Mali dont la quantité exacte est méconnue du commun des mortels. Le Vérificateur général a enquêté.
Le Mali est le 3e producteur d’or en Afrique au sud du Sahara après le Ghana. Mais l’or ne brille pas pour tous les Maliens. En 2006, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) avaient initié une enquête couronnée par une campagne d’information démontrant que le Mali ne récolte que des subsides dans ses ressources aurifères.
Le gouvernement malien avait pris les auteurs de cette étude comme ses pourfendeurs. Hamed Diane Séméga, à l’époque titulaire du portefeuille des Mines, de l’Energie et de l’Eau, avait personnellement pris à son compte ce rapport croyant que ses initiateurs en voulaient gratuitement à son département.
Le contenu de ce rapport aura-t-il inspiré une vérification au niveau du Bureau du Vérificateur général, dans les sociétés d’exploitation d’or installées dans notre pays ? Rien n’est moins sûr parce que son rapport 2007 traite du secteur minier avec des conclusions identiques à celles de la FIDH et de l’AMDH.
Supputations et zones d’ombres
« Pour la détermination du poids de l’or produit, l’Etat malien dépend exclusivement des informations fournies par les compagnies minières. Conformément aux dispositions légales conventionnelles, le contrôle de l’Etat commence après le processus de coulée d’or », mentionne le rapport du Végal.
Toujours, selon les vérificateurs, l’Etat du Mali n’a d’autres moyens de cerner les quantités produites dès la coulée des lingots en même temps que la société minière. Ce qui est d’autant plus paradoxal qu’il est sujet à de nombreuses supputations et de zones d’ombre qui entourent le secteur.
Les vérificateurs qui se sont rendus dans un pays africain, grand producteur de métal jaune, ont constaté de visu, que dans les mines d’or de ce pays, « l’administration douanière est représentée à l’intérieur du Gold Room (chambre de coulée d’or) par des agents qui assistent à la coulée des lingots d’or et procèdent immédiatement à leur estampillage ».
Le rapport 2007 du Végal en arrive à la même conclusion selon laquelle, l’exploitation de l’or au Mali ne rapporte pas grand-chose à l’économie nationale. Le Végal parle de « déperditions financières importantes pour l’Etat dans la mesure où la plupart des impôts et taxes de ce secteur sont assis sur les quantités produites ».
Dans ses recommandations, le Végal demande aux autorités de corriger la grande faiblesse qui existe dans les informations concernant les quantités d’or produites par les sociétés minières étrangères opérant sur notre territoire.
Abdrahamane Dicko