On pouvait saluer le ministère de l’Environnement et de l’Assainissement, qui peut se vanter d’avoir ressuscité, cette année, la vieille pratique qui consiste à planter des arbres en période d’hivernage pour contrer l’avancée du désert. Dans un pays qui risque d’être frappé de plein fouet par les changements climatiques, c’est un paradoxe que la coupe abusive de bois continue. Il faut agir. Sous ce rapport, l’idée est louable, patriotique et généreuse.
Le département de l’Environnement a assurément fait preuve d’originalité : en initiant partout des bosquets des mariés et des enfants, c’est-à-dire que c’est devenu une mode, pour chaque couple qui se marie ou pour chaque enfant né, que l’on plante un arbre.
Les autres ministères ne sont pas demeurés en reste. Ils ont accepté de sacrifier une partie de leur temps dans ce reboisement. A ce rythme, dans une décennie, le Mali serait un pays vert. Oui, il est possible de rendre le Sahel vert ; l’exemple est donné par Israël où une bonne partie du désert, à force de travail et de courage, a fini par reverdir.
Force et courage, c’est ce qu’il nous faut en définitive pour atteindre nos objectifs en l’occurrence, car le tout n’est pas de planter des arbres pour en déduire que l’on « n’a pas vécu inutile ». Le tout doit être dans l’entretien et la pérennité des efforts aujourd’hui consentis. Et c’est honnêtement là que le bât blesse.
Le peuple se souvient qu’en 2002, à l’avènement du chef de l’Etat actuel, il y avait un engouement similaire pour l’arbre, mais il ignore les résultats sur le terrain. Plus de 8 ans après, peu de nos concitoyens savent ce que sont advenues les parcelles reboisées affectées à chaque ministère à Samé ou à Koulouba. S’il y a de bons résultats, les prouver aurait davantage incité les sceptiques.
Alors, ces arbres ont-ils survécu ? Ont-ils grandi avant d’être coupés ? Mystère et boule de gomme ! Il est néanmoins certain que tant que des hommes vivront de la coupe du bois, ils feront le lit de l’avancée du désert. Que faire ? A défaut d’idée novatrice, pourquoi ne pas imiter des pays limitrophes qui ont subventionné le gaz butane à la hauteur de la bourse des consommateurs ?
Dans un pays voisin, peu d’enfants peuvent avouer avoir déjà vu la couleur du charbon, tant la législation est sévère à l’encontre des fabricants et négociants. Ici, des camions de charbon et de fagots de bois passent à longueur de journée dans l’indifférence générale. Heureusement que le service des eaux et forêts a été enfin réactivé. Il reste à lui laisser les mains libres pour éventuellement sanctionner les contrevenants.
Ce n’est pas la moindre des choses dans un pays où le laisser-aller a tué dans l’œuf mille et un engagements au profit de toute la communauté, contrarié la volonté populaire. Dans ce cas, on parlera d’un coup d’épée dans l’eau.
A. M. T.