La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a procédé le lundi 23 août 2010 au lancement de la Centrale des Incidents de paiement (CIP), un nouvel outil de lutte contre le blanchiment d’argent. C’était au cours d’une cérémonie dans les locaux de l’Agence principale sous la houlette de son directeur national M. Oumar Tatam Ly.
A l’issue du lancement qui a regroupé des représentants des banques et du parquet, du corps judiciaire, des associations des consommateurs, des institutions de micro finance, des opérateurs économiques, M. Ly était face aux journalistes pour évoquer les enjeux de cette innovation qu’il considère comme une avancée dans la lutte contre le blanchiment d’argent.
Parlant du rôle de la CIP, le patron de la BCEAO au Mali a expliqué que c’est un outil initié par la Banque centrale pour contribuer à l’amélioration du climat des affaires. Il s’agit d’une base de données régionales qui permet de centraliser et de diffuser des informations sur les incidents qui surviennent à l’occasion des paiements par chèques, cartes bancaires, billets à ordre et lettres de change dans les Etats membres de la BCEAO.
« Cette centrale participe à l’assainissement du cadre dans lequel ces moyens de paiement sont appelés à jouer un rôle de premier plan dans le règlement des transactions courantes et commerciales », a expliqué le directeur national de la banque mère.
A en croire le conférencier, la CIP permet concrètement de lutter contre l’émission de chèques sans provision, l’émission de chèques par un interdit de chéquier, l’utilisation de cartes bancaires ou chèques volés, falsifiés ou contrefaits. Elle va aussi lutter contre l’émission de cheque sur un compte clôturé.
Police du chèque
Tout en saluant l’adhésion des banques, la réussite de l’innovation dépend en grande partie de leur capacité à faire de ce que M. Ly appelle « la police du chèque » vis-à-vis de leur clientèle. Il s’agira à ce niveau des mesures de prévention et d’interdiction d’émettre des chèques et d’utiliser des cartes interbancaires de paiement en cas d’incident.
Avec la CIP, la BCEAO dispose désormais d’une base de données qui récapitule tous les comptes. Pour les spécialistes, cela veut dire que les banques ont une visibilité sur l’ensemble des comptes qu’elles devront gérer.
Cependant, le directeur national pense qu’il faut qu’au moins 75 % des comptes bancaires soient déclarés et s’assurer du processus de mise à jour des données pour que la CIP puisse produire tous ses effets positifs.
Déjà, la mise en œuvre de la CIP doit être accompagnée d’enregistrement d’information sûr et variée sur les clients dès l’ouverture des comptes. Les efforts fournis par les autorités publiques à travers le Ravec (Recensement administratif à vocation d’état civil) constituent aux yeux des autorités de la BCEAO, une aubaine.
Amadou Waïgalo