Il a commencé la photographie à l’âge de 18 ans. Malick Sidibé, c’est de lui qu’il s’agit a écrit les belles pages de la photographie malienne. Mais il n’a connu la gloire qu’au crépuscule de sa vie.
Sur la rue adjacente à la « Rue Patchanka », à Bagadadji, le studio de Malick Sidibé se dresse majestueusement depuis plusieurs décennies. Un magasin d’une pièce, modestement orné par des photos réalisées il y a environ soixante ans. Malick qui s’identifie à son atelier est connu de tout le quartier et même de plusieurs générations de Bamakois qu’il a immortalisées sur des clichés.
C’est de son Bougouni natal, (localité située à 156 km de Bamako au sud sur la RN7), que Malick Sidibé regagne la capitale en 1952. Il n’avait que 18 ans. Maurice Mecker, le commandant du cercle de Bougouni de l’époque découvre en lui un talent de dessinateur alors qu’il était élève au cours moyen.
M. Mecker lui demanda de préparer un tableau en guise de cadeau au gouverneur Louveau de Bamako qui devait se rendre en visite dans la circonscription du Banimonotié. M. Louveau a été séduit par le talent de dessinateur de Malick. Il lui renvoie l’ascenseur en lui offrant une bourse pour l’Ecole des artisans soudanais (l’actuel Institut national des arts) en 1951.
Malick a été inscrit à la section bijouterie à l’école des artisans soudanais. Une carrière qu’il ne voudrait pas embrasser. « Je suis peul et un peul selon notre tradition, n’est pas bijoutier de carrière », affirme-t-il. L’arrivée de Guillad Gérard, un photographe français à Bamako en 1955 ouvre la voie à Malick, recruté en qualité d’assistant. Il était payé entre 3000 et 11000 F maliens à l’époque.
Consécration
La carrière professionnelle de Malick commence véritablement en 1960 par l’achat de matériels avec un militaire français qui devait quitter définitivement le Mali avec la naissance de la jeune armée malienne.
Le studio ouvert à Bagadadji devient alors l’attraction des jeunes. Il est sollicité dans toutes les cérémonies de mariage, de baptême et les « surprises parties » (soirées de danse). Malick parvient à tirer son épingle car c’est la seule profession qu’il a exercée et qui le fait vivre dans ses vieux jours. « La photo me nourrit puisque je ne fais rien que ça depuis plus de 60 ans », indique-il.
Les Rencontres photographiques africaines initiées par l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré, ont été une aubaine pour Malick. Ce sont les anciens clichés des photos en noir et blanc qui l’ont fait découvrir au monde pendant cet événement. Il participe pour la première fois de sa vie, à une exposition photos en 1995 à la Fnac, en France en compagnie d’autres photographes maliens (Diango Sissoko et Racine Kéita). Depuis lors, il ne rate plus les grandes rencontres photographiques.
Le talent de Malick a été mondialement magnifié avec sa consécration par le « Lion d’or » de la Biennale d’art contemporain de Venise. Un trophée qu’il a obtenu le 10 juin 2006.
Ployé sous le poids de l’âge, Malick n’a pas pris encore sa retraite. Il a formé beaucoup de jeunes y compris ses propres enfants. Il s’est lui-même reconverti en réparateur d’appareils photo.
Abdrahamane Dicko