Un collectif d’associations de défense de l’environnement entend porter plainte contre l’Etat malien pour avoir rempli le lit du fleuve Niger au grand dam des espèces aquatiques et de l’environnement.
Le remplissage du fleuve Niger par les autorités maliennes continue de faire des remous.
Un collectif d’associations de jeunes, en première ligne, l’Association pour la protection de la faune et de la flore se dit prêt d’envoyer des correspondances à qui de droit, pour dénoncer ce qu’elle appelle : « le complot de l’Etat malien contre l’écosystème ». Le collectif d’association conscient que le fleuve Niger nourrit des millions de populations de plusieurs pays de la sous-région, ne doit pas être un « dépotoir encouragé par un Etat ». Le collectif n’écarte pas une « éventuelle plainte contre l’Etat malien pour ses actes honteux qui ternissent l’image du Mali ». Le remplissage du Niger juge-t-il va à l’encontre des recommandations du sommet de Copenhague sur les changements climatiques où le Mali a été représenté par une forte délégation.
On se rappelle qu’à Copenhague, lors du sommet sur les changements climatiques en décembre 2010, notre pays a exposé le thème sur « les bons résultats » de son programme de gestion durable des terres dont figure la problématique de l’eau. « L’engagement du Mali à Copenhague en faveur de la protection de l’environnement et la distinction du chef de l’Etat, ATT à Bamako par le directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l’environnement (à la 13è conférence de Bamako) n’est que de la poudre aux yeux », constate le collectif d’association.
Pour M. Konaté, président du collectif, il convient de défendre le point de vue de ceux qui profitent des ressources du fleuve. Face aux « pollueurs, il faut aussi défendre le point de vue de ceux qui vivent du fleuve, afin de créer un contre-pouvoir en faveur de sa protection, pour préserver le patrimoine écologique, le milieu naturel, un cadre de vie »., a dit M. Konaté. Et de conclure que tout le monde doit pouvoir s’exprimer face à l’exploitation intensive ou abusive et à la dégradation des ressources du fleuve.
Il faut dire que pour la fête du cinquantenaire, les autorités maliennes sont en train de remplir une bonne partie du lit du fleuve Niger à Bamako avec du banco pour ériger un monument et une place du cinquantenaire.
Amadou Sidibé
HUMEUR
SOS POUR LE FLEUVE NIGER
« Buvez l’eau, tout est sous contrôle »
L’agression du fleuve Niger par les autorités, les populations est un phénomène visible et connu de tous. Chaque jour, le fleuve se pollue davantage. Et la situation actuelle du Djoliba va au de-là des prévisions les plus pessimistes. Il est pollué. Le rejet d’eaux usées s’est amplifié. Des habitudes malsaines se sont développées, et ce n’est pas les teinturières qui déversent leurs eaux souillées dans le fleuve qui diront le contraire. En conséquence, à en croire des pêcheurs, « des espèces de poissons ne remontent plus le fleuve ». Ce qui, selon les nutritionnistes doit avoir une répercussion sur la qualité du poisson à manger qui reste à vérifier dans les laboratoires.
Aucune mesure prise officiellement contre les pollueurs n’est fonctionnelle. Aucun règlement n’est applicable, chacun fait du fleuve ce qu’il veut dans une impunité totale. Les gros bonnets construisent des bâtisses, la vendeuse y jette son résidu, le chef GIE (ramasseur d’ordures) n’a trouvé mieux que de transformer le fleuve en dépotoir final.
Le fleuve est devenu le déversoir des eaux usées domestiques et industrielles. S’y ajoutent les activités de lessivage, de tannerie ou de textile, des industries de chimie, de brasserie, mécanique…. Que dire des stations d’épuration d’eaux domestiques qui paraissent inadaptées ou ne sont pas fonctionnelles. Les entreprises locales ne sont pas raccordées à des systèmes d’épuration. La santé des populations innocentes prend un sacré coup avec la persistance de toutes sortes de maladies.
Grand déversoir de toutes ces substances toxiques, on dit encore « qu’il faut boire l’eau du fleuve Niger car, elle est traitée à plusieurs niveaux avant sa consommation » Ou du moins son intoxication. Dans l’état où le fleuve est pollué, on se demande si dans quelques décennies, il va y rester grand chose.
Amadou Sidibé