Le féticheur le plus célèbre du Mali moderne, M. Daouda Yattara dit « Sitanè » séjourne en ce moment à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako (MCAB) où il purge une peine de cinq an. Du fond de sa cellule, il se dit en bonne santé et entretient de très bonnes relations avec ses codétenus et avec des membres de l’administration pénitentiaire.
Dans un entretien par correspondance qu’il nous a accordé, Daouda Yattara ne se plaint pas beaucoup des conditions de sa détention malgré qu’il soit gardé à la « Mutarde », là où sont détenus les criminels et les assassins. La « Mutarde » est l’endroit le plus difficile et le plus dur de la prison Centrale de Bamako. Malgré ces dures conditions, l’homme n’a pas changé d’habitudes alimentaires.
Un repas de fauves?
Ce que Daouda Yattara mange à la MCAB selon ce qu’il nous a dit ressemble au repas des fauves. « Je ne mange pas n’importe quoi. Tout ce que je mange ici, je l’achète. J’envoie des gens acheter ma ration alimentaire dans les restaurants de la place. J’adore les gâteaux et autres moka. Je prends aussi des boissons sucrées, telle que Sprite ou Coka-Cola. Je bois également du sang frais que je commande à l’abatoir frigorifique de Bamako. Je préfère du sang frais à tout autre repas. Avec un litre de sang, je peux passer 24 heures sans manger autre chose« , a dit Daouda Yattara.
Ce pensionnaire peu ordinaire pourrait pourtant changer après avoir purgé sa peine. Il nous a affirmé que son séjour en prison lui a donné beaucoup d’idées. En attendant, l’homme agit aujourd’hui dans l’humanitaire en procédant à des dons de céréales et d’enveloppes à des nécessiteux.
Du camp I à la prison centrale de Bamako
C’est le 6 avril 2005 que Daouda Yattara fut interpellé par les gendarmes du Camp I sur la base d’une plainte des parents d’un certain Kassim Camara dit Kassim Dafara. Ce dernier qui fréquentait Daouda Yattara a été porté disparu. Ses parents ont mis environ une semaine à le chercher. Finalement, c’est son corps sans vie qui a été retrouvé dans des eaux du fleuve Niger aux alentours de l’hôtel Mariétou Palace.
Daouda Yattara fut accusé du meurtre de ce jeune homme avec la complicité d’un certain Modibo Keïta dit « Van« . Daouda Yattara est resté en garde-à-vue au Camp I de la Gendermerie nationale pendant une semaine. Le 13 avril 2005, il fut transféré à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako après enquêtes et interrogatoires de la Brigade de Recherche du Camp sous la houlette de Cheick Oumar N’Diaye, Lieutenant à l’époque.
Un procès très populaire
Le procès de Daouda Yattara, accusé du meurtre de Kassim Camara s’est ouvert le 4 juillet 2007 dans la salle Boubacar Sidibé de la Cour d’Appel de Bamako située à Yirimadio. A la barre, « Sitanè », a plaidé non coupable, de même que « Van » qui a été retenu dans les liens de l’accusation comme son complice.
A l’ouverture du procès, la salle d’audiences a été prise d’assaut par le public venu en grand nombre. Malgré le caractère populaire des Cour d’Assises, des mesures spéciales de sécurité ont été prises pour faire évacuer de la salle tous ceux qui n’ont pas pu trouver une place assise. C’est finalement au bord du goudron, en dehors de l’enceinte du tribunal que ceux-ci ont suivi le procès.
Cinq ans de prison ferme
Le 5 juillet 2007, le verdict de la Cour d’Assises tombe. Daouda Yattara et son coaccusé M. Modibo Keïta ont été déclarés coupables de l’assassinat de Kassim Camara dans la nuit du 30 au 31 mars 2005. Au cours du procès « Sitanè » était défendu par Me Diarra et Me Alassane Diop.
De l’avis de certains professionnels du droit ce verdict a été trop clément. En la matière, lorsque la culpabilité de quelqu’un est avérée dans une affaire d’assassinat, le code pénal prévoit une peine capitale à défaut ou la prison à vie ou au moins 10 à 20 ans de prison ferme. En tout état de cause, le verdict prononcé n’est pas à la hauteur de la peine commise.
Daouda Yattara dans l’humanitaire
Daouda Yattara, quoi qu’on dise, est issue d’une famille musulmane. Son nom Daouda en dit long sur ce sujet. Son père serait décédé selon nos sources et sa mère qui vit toujours sont des musulmans fervents. Il ne faut donc pas s’étonner quand un fils de musulman agit dans l’humanitaire.
C’est pourquoi depuis 1998, Daouda Yattara a envoyé des vivres et des enveloppes aux habitants de Tougnan, un village situé à une quarantaine de kilomètres de Ségou. A la veille du mois de Ramadan, qui en principe démarré le 1er septembre prochain, Daouda Yattara a annoncé qu’il ferait des gestes d’humanisme et de solidarité aux nécessiteux durant ce mois bénit de l’islam.
Daba Balla KEITA