Le réseau routier au Mali se heurte depuis fort longtemps à de nombreux obstacles. Si d’une part cette situation s’explique par l’immensité du territoire, d’autre part, de nombreux transporteurs soulignent le manque de transparence dans l’application des textes en vigueur. Cette situation contribue sans doute à accentuer la pauvreté, surtout que le pays n’a pas de débouché à la mer.
De nombreux témoignages illustrés récemment par la grève générale des transporteurs routiers attestent les insuffisances, voire des contradictions dans les textes en violation de certains accords de l’UEMOA.
En effet, il y a de cela quelques années, les transporteurs routiers ne cessent de décrier la gestion du réseau. Pour pallier à certaines insuffisances, les efforts ont abouti à l’installation des postes de péage et pesage.
Considérée comme une issue favorable à l’équation route, cette nouvelle mesure s’est avérée plus pire que les précédentes. Certes, certains transporteurs ont contribuer à renflouer les caisses de l’Etat, mais d’autres se sont avérés plus sangsues.
A en croire des routiers, c’est la déception et la colère qui comblent le vécu quotidien des transporteurs. L’installation des postes de péages n’a rien changé. Les postes de contrôle restent enchaîner de part et d’autres. Et à chaque poste, souligne les transporteurs, il faut payer même si le véhicule est en règle. C’est un véritable réseau de raquetteurs qui est organisé sur les différents tronçons fulminait un transporteur.
Selon plusieurs transporteurs entre Sikasso et Bamako, il faut plus de 25 000 F CFA pour arranger les postes de contrôle sans compter le péage.
Nos sources nous affirment que, les postes de péage sont de nos jours de véritable réseau de mafia économique, le poids du véhicule n’est pris en compte et de nombreux péagistes font un jugement apparent de la charge pour bien tirer leur pot-de-vin. Les mêmes sources justifient cet état de fait par un fait apparent qui s’est déroulé à Kayes en première région.
A en croire nos sources, à la veille de la grève, un transporteur désabusé par les péagistes, n’a pas manqué de monter une simulation dans son remorque. Vu le volume du véhicule qui ne contenait qu’une dizaine d’étais sous la bâche, le péagiste, ému de son sentiment de zèle, s’est levé après le contrôle, en disant qu’il y a une surcharge de deux tonnes. Pris la main dans le piège, le conducteur, après quelques échanges verbaux, a ordonné aux agents d’enlever la bâche pour que jaillisse la lumière. Séance tenante, les agents sont passés à l’opération.
Au finish, ils n’ont découvert qu’une dizaine d’étais. Le zèle du péagiste fut découvert au grand jour et traduit devant les autorités. Un piège anodin de la part du transporteur qui révèle du système mafieux, organisé autour de la route. Les péagistes ne sont-ils pas payés ?
Aussi, la grève récente a paralysé le réseau et entraînant une pénurie des nombreux produits importés. L’objectif recherché par les transporteurs était de manifester leur ras-le-bol, et leur désapprobation de la gestion du réseau. « Nous en avons assez. Au départ, on nous faisait payer 72 000 F CFA par camion. Par année, chaque camion paye pratiquement en moyenne entre 60 à 100 000 F à chaque voyage », fulminait, M. Karim Fomba, porte-parole des transporteurs sur les antennes de RFI.
Par la même voix, il poursuit : « Aujourd’hui, nous, transporteurs du Mali, sommes asphyxié par toutes les tracasseries et les taxes qu’on ne peut plus assumer. Il y a trop de contrôle sur la route. On ne fait que nous racketter le long de la route. Des policiers et des gendarmes partout, nous arrête. Si tu refuses de payer, on te fait dormir, on te fait perdre carrément 24 heures. L’autorité en place ne réagit pas. Nous lui demandons donc de réagir. », a-t-il martelé.
Ce qui nécessite, une révision de la copie de gestion du réseau routier au Mali. Certes, les surcharges tuent la route, comme le souligne l’autorité routière, mais les agents des postes de péage/pèsage n’appliquent pas correctement la loi.
Ousmane BERTHE