Faut-il oui ou non abolir aujourd’hui la peine de mort? Quelle est l’évolution sociétale de cette pratique? Quelles sont les conséquences de cette abolition dans le contexte africain? Tels sont les questionnements qui ont fait l’objet d’une conférence-débats entre les pro et les anti-abolitionnistes de la peine de mort.
La conférence était organisée le samedi 9 août 2008 au Centre Djoliba de Bamako par l’ONG Leadership pour l’Environnement et le Développement Durable (LEDD-Mali). La conférence-débats était animée par Me Amadou Tiéoulé Diarra, enseignant à la Faculté des Sciences Juridiques et Politique (FSJP) et avocat à la cour. Il était accompagné par Ambrouas Fébin Foutou, président LEDD-Mali, Mamadou Camara secrétaire adjoint et Mahamadou Amadou Maïga modérateur.
L’Objectif de la conférence-débats
La cérémonie a d’abord commencé par la présentation de l’ONG LEDD-Mali par son président. Créée en 2003 par les jeunes Maliens, LEDD-Mali est une association membre du Réseau d’Inda-Tier-Monde dont le siège régional est basé à Dakar. Le même réseau est affilié à LEDD- internationale créée depuis 1992. Le but de cette ONG est la promotion des activités promotrices d’actions de paix et de développement durable au Mali.
Il s’agit, à travers cet entreprenariat, de changer l’image du Mali eux yeux de la communauté internationale à partir de l’intégration et légalité de droits entre les Hommes. Ce qui justifie d’ailleurs, selon le secrétaire adjoint de LEDD-Mali l’objectif de cette conférence-débats et plusieurs autres activités organisées par cette association.
Avant cette conférence, un atelier avait été tenu sur la problématique de la peine de mort et un débat sera bientôt à la télévision nationale sur le même thème. Il s’agit, à travers ces différentes activités, de contribuer à éclairer la communauté sur les différents aspects de la peine de mort à travers un cadre d’échanges et de dialogue entre les couches sociales pour susciter leurs réactions dans la plus grande transparence à ladite question.
La plus lourde des peines
Le conférencier, en entamment la conférence, a tout d’abord signalé que le débat sur la problématique de la peine de mort est très capitale. Parce que c’est l’échelle des peines, selon les règles du code pénal malien. La question de son maintien est d’ailleurs passée par plusieurs chemins depuis le 12ème siècle dans l’empire du Mali et le 18ème siècle appelé siècle de la lumière en France.
En France, à cette époque, dira le conférencier, la question de la peine de mort n’était pas à l’ordre du jour. Mais avant le siècle de la lumière, la peine de mort était applicable en Europe à travers la charte, la croix, la submersion, l’étranglement. Mais ce n’est qu’en 1981 qu’un avocat est parvenu à convaincre le gouvernement français d’abolir de la peine de mort.
Contrairement au 12ème siècle, dans l’empire du Manding, à la place de la peine de mort on emprisonnait les gens. Deux siècles après, sous le règne de Massa Souleymane, existait le crime de lèse majesté.
Par ailleurs, le conférencier n’a pas manqué de se poser la question de savoir si l’abolition de la peine de mort est une question à l’odre du jour. Car, selon lui, de plus en plus, les ONG s’intéressent à cette question. Il a déploré le fait qu’aucune thèse n’existe à présent sur l’abolition de la peine de mort au Mali.
Lui-même, en tant que citoyen, est favorable à la création d’une école abolitionniste de la peine de mort au Mali. Car dit-on, le Mali étant membre signateur des conventions internationales, il va de soi que nous respections nos engagements.
Les idées controversées
Dès l’ouverture des débats, les opinions des intervenants étaient controversées autour de cette question de peine de mort. Sur une dizaine d’intervenants, seuls deux personnes étaient favorables à l’abolition de la peine de mort. A l’image de Mamadou, un juriste, notre évolution actuelle nous est impérative pour abolir la peine de mort, car le droit doit évoluer en fonction de la vie des hommes.
Contrairement à ce que pense Souleymane Diarra, un autre juriste, la question de la peine de mort ne doit pas être à l’ordre du jour de notre pays. Si la vie est sacrée, la vie de l’assassin est-elle plus importante que celle de la victime? S’est-il interrogé, avant de dire que l’abolition de la peine de mort est un faux débat.
Quant à Modibo Sangaré, président de l’UNPR, selon lui, pour se prononcer donc sur la question de la peine de mort, il faut d’abord croire à l’existence de Dieu. En tout cas, Dieu a prôné la “loi du Talion” dans le verset 178 du Saint Coran.
Hady BARRY