Si ce n’est pas par anticipation, c’est sûrement par erreur que les policiers du 2ème arrondissement ont occupé, hier, les alentours de la Bourse du travail. Les travailleurs compressés n’avaient pas décidé de marcher et ils ont été surpris, nous ont-ils confié, d’entendre le maire de la commune III, Abdel Kader Sidibé, arrivé tôt le matin à l’UNTM, leur dire qu’ils ne doivent pas marcher sans autorisation.
En fait, c’est une assemblée générale d’information que l’Association des travailleurs compressés (ATCM) avait organisée. C’est dans ce cadre qu’Ousmane Berthé, président de l’ATCM, a fait savoir que leur dossier a été confié à une commission mise en place jeudi dernier. Elle est constituée de représentants de la Primature, du ministère des Finances et du ministère de la Fonction publique.
L’ATCM attend les résultats des travaux de cette commission qui doit leur donner les réponses concernant leurs propositions. En tout cas, nous a dit Ousmane Berthé, le mot d’ordre de marche n’est que provisoirement suspendu, en attendant la réponse de la commission. Si celle-ci n’est pas satisfaisante, disent les compressés, ils seront contraints de procéder à la marche qu’ils avaient annoncée.
A titre de rappel, les travailleurs compressés et leurs conseils avaient tenu, le 23 juin dernier, une réunion au ministère des Finances. C’était en présence du ministre Abou-bakar Traoré, entouré de trois de ses conseillers, d’un conseiller du ministre de la Fonction publique et de deux membres du contentieux du gouvernement.
A l’issue de la rencontre, M. Ousmane Berthé expliquait l’objet de la réunion en ces termes : « C’était de faire le point des dossiers qui sont à notre niveau et ceux qui se trouvent au niveau du contentieux du gouvernement. Après avoir fait le point et recueilli l’avis des deux partenaires, à savoir l’ATCM et le gouvernement, l’Etat a convenu d’aller à la transaction avec nous.
Il s’agit de tous les dossiers des arrêts et les requêtes. Par rapport à ces transactions, Il y aura le tableau que les travailleurs vont présenter et le tableau du contentieux. Le ministre va transiger par rapport à ces deux propositions.
Cette proposition sera acheminée au niveau du ministère de la Fonction publique qui est le ministère faîtière et c’est là-bas que nous signerons le protocole. Le ministre nous a demandé une semaine pour faire ces travaux et c’est à l’issue de cela que les dossiers seront transmis au ministre de la Fonction publique. Si on est d’accord avec les propositions du gouvernement, le protocole sera signé et ce sera l’extinction des dossiers des compressés. » Les représentants de l’ATCM avaient quitté cette réunion, pleins d’espoir.
Malheureusement pour les travailleurs compressés, ils ont déchanté très vite car les points de désaccord se sont accentués et, le 28 juillet dernier, lors d’une assemblée générale, M. Berthé annonçait : le ministre des Finances, lors de notre dernière rencontre, avait promis d’examiner les propositions de l’ATCM et celles du contentieux du gouvernement. Cela n’a pas été fait. Le ministre Abou- Bakar Traoré a directement envoyé les propositions du contentieux au ministre de la Fonction publique en soutenant que ce sont les propositions de l’Etat.
Pour nous, ces propositions sont inacceptables, c’est pourquoi nous avons organisé cette assemblée générale pour appeler tout le monde à une marche le 5 août en direction de la Primature. » En fait, le contentieux leur avait proposé 2 940 450 536 à la place des 25 milliards qu’ils réclament.
Sous la menace de la marche, l’Etat a repris les négociations et créé une commission chargée de trancher cette affaire. C’était donc pour informer leurs militants de la création de cette commission et de l’attente des résultats de leurs travaux que l’ATCM avait organisé, hier, une assemblée générale d’informations.
La police et le maire de la commune III, alertés, se sont vite rendus sur les lieux pour interdire une marche qui était reportée.
L’on se rappelle que lors de l’assemblée générale de l’ATCM, tenue le 28 juillet à la Bourse du travail, certains d’entre eux avaient même suggéré une marche jusqu’à la présidence pour signifier toute leur détermination. Leur problème, avaient-ils clamé, a trop duré et puisque nous sommes en démocratie, ils voulaient user de tous les moyens légaux à leur disposition pour obtenir satisfaction.
Ils avaient même demandé aux femmes compressées de s’impliquer activement en sortant le 5 août munies d’ustensiles de cuisine et de mobiliser leurs enfants. De ce fait, avaient-ils prévenu, ils comptaient sur une marche très imposante, d’environ 5000 personnes, susceptible de traduire toute leur volonté de faire reculer le pouvoir et d’obtenir la satisfaction de leurs doléances.
A la date indiquée, les travailleurs se sont retrouvés à l’UNTM mais avaient dû reporter la date de la marche, à cause des négociations intervenues entre temps. C’est donc en prévision de cette grande marche annoncée que la police et le maire de la commune III, Abdel Kader Sidibé s’étaient précipités, très tôt, hier matin à la Bourse du travail pour parer au pire.
Baba Dembélé