Propriétaires d’appartements à Paris, celui que son groupe d’âge appelle « lieutenant », n’avait jamais imaginé qu’en acceptant d’héberger par solidarité un compatriote, cela pouvait retourner contre lui. C’est ce qui est arrivé, et pense-t-il avec l’aide du commissariat du quatrième arrondissement qu’il accuse.
B.G, ce Malien qui a une situation à Paris, a hébergé un compatriote malien qui était presque voué à l’errance ; il voulait venir au secours d’un des siens qui était sans papiers dans la capitale française. Il ne le loge pas gratuitement, mais il ne paiera ses arriérés de loyers que lorsqu’il aura un travail et des sous.
Mais, l’étranger s’est lassé de la situation avant d’avoir eu à travailler et à rembourser son logeur. Il décide de rentrer au bercail, il préfère trainer en longueur de journée à Bamako que de vivre en cachette, tous les jours. B.G ou « lieutenant », selon ses camarades, ne s’oppose pas au retour de son hôte, mais veut être payé avant. L’amitié confraternelle tourne donc au vinaigre.
Mais le frère de B.G lui recommande de laisser tomber. Notre compatriote n’ayant pu s’adapter à la condition dans laquelle vivent beaucoup d’Africains à Paris, est rentré à Bamako. Quelques mois après B.G qui aime bien son pays décide de venir faire un tour comme il en a l’habitude. Histoire de se ressourcer un peu et de prendre de l’énergie ensoleillée. A peine commence-t-il à savourer les délices du bercail qu’un jour un inconnu l’appelle au téléphone, aux environs de 22 heures, lui évoque son affaire ancienne avec le Malien qu’il a hébergé à Paris.
Il indique à B.G que cet homme voulait trouver un terrain d’entente avec son ancien logeur et souhaite un règlement à l’amiable. Parfait, quoi de plus beau qu’un tel discours amical ? Le lieu du rendez-vous est fixé et B.G se fait accompagner par un ami policier qui est en tenue.
Une surprise attendait notre France man. Celui qui venait de l’appeler s’est dit être un policier de la Brigade Spéciale d’Investigation Criminelle, et il devait l’amener manu militari car celui qu’il a hébergé à Paris lui réclame 800 000 Fcfa. Mais, il n’y a pas de quoi s’alarmer, le plaignant veut un règlement à l’amiable, lui dit le supposé policier du BSIC.
Alors qu’ils s’étaient donné rendez-vous au BSIC, lendemain matin, c’est à 7 heures que le commissaire accompagné d’un agent viennent taper à sa porte pour le conduire au Commissariat du IVè Arrondissement, nous confie notre source. Interrogé, B.G raconte la vrai version de ce qui s’est passé à Paris et indique que c’est au contraire le plaignant qui lui devait de l’argent, mais que son frère voulait qu’il renonce à cet argent.
Malgré toutes les explications maintes fois ressassées, le commissaire aurait insisté pour qu’il avoue la vérité, nous dit notre source. « Puis le commissaire finit par dire, je vais faire ce que j’ai à faire même si vous ne reconnaissez pas les faits », précise-t-on. Et ce qu’il avait à faire n’était autre chose que de foutre le France man dans le violon.
Selon notre source, l’agent de police judiciaire a refusé de cautionner un tel acte parce qu’il ne trouvait aucune charge contre B.G après les auditions. Mais le commissaire aurait décidé de retenir le monsieur assis dans le commissariat pendant de nombreuses heures. Il a fallu… pour qu’il puisse regagner le domicile pour revenir se présenter à nouveau le lendemain. Même scène le lendemain, avant qu’un adjoint ne se décide à avouer que ce dossier était sans suite.
L’arnaque orchestrée par cet homme qui doit de l’argent à B.G doit-il rester impunie ? Notre compatriote est riche, mais est-ce une raison pour lui extorquer de l’argent ? Il menait la réflexion s’il doit porter plainte contre le commissaire, nous précise-t-on.
B. Daou