«Les problèmes de gouvernance des entreprises», tel était le thème d’une conférence débat animée le 30 juillet 2008 à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FSEG) sur la colline de Badalabougou, par l’expert-comptable Moussa Mara. Cette conférence débat s’inscrivait dans le cadre de l’exécution des activités de la promotion 2004-2008 de la FSEG, option Gestion.
Moussa Mara avait à ses côtés M. Moumouni Traoré secrétaire principal de ladite faculté et M. Moussa Djiré, président du comité directeur de la promotion 2004-2008.
Parlant de l’environnement des entreprises sous l’angle historique, Moussa Mara a estimé que de nos jours, on ne peut pas être fier. Car, selon lui, aucune entreprise malienne n’est compétitive sur le plan international.
«Quelle entreprise malienne peut actuellement aller s’imposer en Guinée, en France, en Chine. Aucune ! Cela doit nous donner à réfléchir», a martelé M. Mara. Il a ajouté que cela est lié à une mauvaise gouvernance hérité du temps colonial et qui n’a pu être changée par les différents pouvoir.
C’est ainsi que sur les 40 entreprises d’Etat qui existaient, 27 avaient été liquidées. Selon le conférencier, c’est dans cette logique de privatisation que nous sommes aujourd’hui avec la privatisation de la BIM, celle de la CMDT qui est en cours, etc.
S’agissant des caractéristiques des entreprises maliennes, Moussa Mara a dit qu’il y a deux grandes catégories: les entreprises publiques et les entreprises privées. Mais, toutes évoluent dans un environnement qui n’est pas propice. «Le Mali est enclavé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
En outre, nous sommes enclavés énergétiquement. Les ressources humaines de qualité manquent cruellement. La bureaucratie et les lourdeurs administratives tuent nos entreprises. La justice n’est pas juste: ce qui décourage d’ailleurs les investisseurs et les opérateurs économiques», a précisé l’expert-comptable.
Quant à la gouvernance proprement dite des entreprises, il a avoué qu’elle souffre de la non-transparence et qu’elle ne se base pas sur les compétences humaines. «Vous ne serez pas surpris de voir qu’on choisit un colonel de l’armée comme administrateur de la Sotelma, un philosophe comme administrateur à la CMDT ou un professeur d’éducation physique comme directeur financier.
C’est là que se pose un véritable problème de gouvernance. On ne met plus l’homme à la place qu’il faut», a déclaré M. Mara. L’absence de transparence financière, les marchés de gré à gré, l’absence de contrôle interne bien qu’il y ait des auditeurs internes, voilà les maux qui minent nos entreprises.
Parlant des entreprises privées, il a souligné qu’elles sont personnalisées au lieu d’être associatifs. «Chacun veut évoluer seul. Les liens familiaux sont privilégiés au détriment des compétences nationales.
Et quand un opérateur économique malien meurt, son entreprise meurt aussi, les héritiers ne sachant pas gérer. C’est pourquoi je dis qu’au Mali, il n’y a pas d’opérateurs économiques ; il n’y a que de grands commerçants», a-t-il expliqué. A tout cela, il faut ajouter la corruption et le népotisme qui font que nos entreprises ne sont pas compétitives et ne contribuent pas au développement véritable de notre pays.
Comme solutions, Moussa Mara propose que le gouvernement encourage l’entreprenariat, qu’il rapproche l’éducation du marché de travail. Il faut aussi simplifier la bureaucratie, soutenir la justice, faire en sorte que la transparence soit le maître mot, cultiver le patriotisme économique.
Il faut également attirer la diaspora à investir au pays, et enfin renouveler la classe des opérateurs économiques en soutenant les petites et moyennes entreprises dans lesquelles émergent certains jeunes.
Destin Gnimadi