“Le gouvernement malien est en vacances. Il le mérite, après tout. Mais s’il fallait noter les ministres, beaucoup d’entre eux devraiente pour les punir”, dit un journaliste en riant. Pourtant, cette rigolade se rapporte à un sujet qui est à prendre au sérieux.
Modibo Sidibé, depuis plus de dix mois, est à la tête du gouvernement, une équipe parfois polémique qui lui a donné du fil à retordre. Le temps que ladite équipe a eu jusque-là pour gérer les affaires est peu à l’échelle de la vie d’une personne, mais c’est assez pour jauger la capacité d’un gouvernant.
Ces vacances gouvernementales viennent au mauvais moment, puisque “le Mali va mal très mal”, comme certains opposants s’amusent à le dire. Au chapitre des crises aiguës, il y a la vie chère. En tout cas, si on s’en tient à l’inflation enregistrée ces derniers temps.
Résultat, dans le pays, la survie est devenue maintenant une équation à multiples inconnues, et nous ne sommes pas loin d’une nouvelle hausse du prix des hydrocarbures, qui ne tardera pas à plomber les espoirs et à nous enfoncer davantage dans le gouffre. A moins que le pétrole bon marché promis par Hugo Chavez, il y a un peu plus d’une année, n’arrive enfin à destination.
En faisant rapidement une liaison entre la sanction infligée aux élèves astreints aux cours de vacances, avec l’année ministérielle, on peut aussi donner des bons points à certains ministres et à d’autres la correction.
Nous donnons au Premier ministre 4 sur 10 pour avoir fait un travail bâclé et failli à son rôle d’aîné. On parle de ministres rétifs au sein de son équipe contre qui lui-même ne bronche point (à la manière de l’ex-Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga?).
Oumar Ibrahim Touré : Le chef du département de la santé a été l’un des plus médiatiques, le temps d’un éphémère désordre politique au sein de son parti. Mais au-delà de ce show, Touré est resté un acteur de seconde zone de la vie publique.
Rien qu’à réécouter les échos des tristes réalités de nos hôpitaux, on a envie de lui donner zéro. Pour ne pas arranger les choses, le palu et la méningite continuent leur petit bonhomme de chemin, à tel point que les populations se sont tournées vers la médecine traditionnelle et les médicaments de la rue. Ces derniers envahissent tous les coins.
Comme s’il n’y avait pas un département chargé de la santé des populations. ?Il y a des ministres dans le gouvernement de Modibo sans y être vraiment, car peu de Maliens les connaissent.
Les ministres en charge de l’environnement et de l’assainissement, Agathatam Ag Allasane, de la justice, Maharafa Traoré; du travail, Abdoul Wahab Berthé, du développement social, Sékou Diakité; de la défense, Natié Pléa, de l’intégration africaine, Dr. Alou Badra Macalou, existent sur les registres du Premier ministre. C’est sûr! Mais au-delà, plus rien. ?N’oublions pas les besogneuses, sans tambour ni trompette, qui s’accrochent dur comme fer à leur fonction, malgré les critiques.
La ministre en charge de la promotion de la femme, Mme Maïga Sina Damba; celles de l’élevage et de la pêche, Mme Diallo Madeleine Bah, de la communication et des nouvelles technologies, Mme Diarra Mariam Flantiè Diallo, et de l’éducation de base, Mme Sidibé Aminata Diallo. Elles sont dans la catégorie des élèves effacés et moins loquaces.
Cependant, on peut affirmer qu’elles ont même plus d’existence que certaines de leurs consœurs, en l’occurrence celles chargées des relations avec les institutions, Mme Diabaté Fatoumata Guindo et du logement, Mme Gakou Salimata Fofana.
Il y a des ministres chauds, bouillants, qui envahissent pratiquement nos petits écrans. Mais parmi ceux-ci, beaucoup auraient mieux fait de se faire rares, tant leurs sorties sont déplaisantes car le plus souvent c’est pour embrouiller des questions claires.
Les plus déplaisants sont: Abou-Bakar Traoré, en charge des finances, qui refuse de reconnaître que l’économie du pays est exsangue et défend bec et ongle la liquidation de la Compagnie malienne du développement du textile (CMDT); le ministre de l’économie et du commerce, Amadou Abdoulaye Diallo, qui est attendu de pied ferme par la population en cette veille de ramadan pour avoir prédit la baisse du prix des denrées de première nécessité sans mesures concrètes.
Et, dans une moindre mesure, Ibrahima N’Diaye, chef du département de l’Emploi, qui jure de créer 50 000 emplois à l’horizon 2012 au moment où près de 2000 anciens volontaires font la courbette auprès du gouvernement sans pouvoir être réintégrés.
Les ministres champions de la gaffe, il en existe au Mali. La palme d’or revient au ministre des enseignements supérieurs, le Pr. Amadou Touré et son homologue de la culture, Mohamed El Moctar, qui ne peuvent pas se maîtriser devant les micros et caméras et se laissent souvent aller dans des déclarations à l’emporte-pièce?.
Il faut du tout pour faire un monde, comme faire une équipe gouvernementale. Pour cela l’équipe de Modibo Sidibé compte aussi des ministres “cigales”, qui chantent sans arrêt. Le premier rang est occupé par le ministre de l’équipements et des transports, Ahmed Diane Semega.
A l’opposé, on retient le ministre de l’agriculture, Tiémogo Sangaré, qui a stoïquement soutenu les prévisions irréalistes de l’initiative riz. Solidarité oblige! Au sein de l’équipe Modibo Sidibé, celui qui a la moyenne reste le ministre de l’administration territoriale, le général Kafougouna Koné et le ministre de la jeunesse et des sports, Hamane Niang.
Ces deux-là assurent et rassurent par la maîtrise de leur sujet. Toute chose qui les différencie de leur homologue de l’intérieur général Sadio Gassama, compte tenu du racket et de l’incivisme qui battent leur plein sur les principales artères de la ville.
Enfin, au rang des ministres « victimes« , il y a Ahmed Sow, patron du département de l’énergie et de l’eau, qui supporte en silence les soupçons de son ancien employeur de l’Union européenne. Au vu de ce constat, on retiendra que l’équipe Modibo Sidibé est inutilement pléthorique et qu’on doit se poser des questions sur son efficience. Bonnes vacances!
Soumaila T. Diarra
Gnimadi Destin