Le chef de l’Etat mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, et son premier ministre, Yahya Ould Ahmed Waghf, ont été arrêtés mercredi matin 6 août à Nouakchott par des militaires, lors d’un coup d’Etat, ont annoncé des sources sécuritaires sur place.
Le premier président démocratiquement élu (en mars 2007) depuis l’indépendance du pays en 1960 a été emmené dans un lieu inconnu, et le chef du gouvernement se trouve dans une caserne près de la présidence, selon ces mêmes sources.
C’est un changement à la tête de l’armée qui aurait mis le feu aux poudres, dans un contexte déjà tendu : lundi, 48 parlementaires ont claqué la porte du parti au pouvoir, dans un mouvement lancé par les généraux de la junte qui dirigea la pays de 2005 à 2007. D’après le porte-parole de la présidence, c’est le commandant de la garde présidentielle, le général Mohammed Ould Abdel Aziz, tout juste démis de ses fonctions, qui est le meneur du coup d’Etat. Un décret présidentiel diffusé mercredi matin par l’agence de presse nationale, a annoncé qu’il était limogé, ainsi que les chefs d’état-major de l’armée et de la gendarmerie. Suite à ce décret, la radio et la télévision nationales ont cessé d’émettre.
« C’EST UN COUP D’ÉTAT BIEN SÛR »
La fille du chef de l’Etat, Amal Mint Cheikh Abdallahi, a confirmé sur RFI que la garde présidentielle avait mené un putsch et capturé son père. « Les agents de sécurité du Bataillon de la sécurité présidentielle (Basep) sont venus chez nous vers 9 h 20 GMT (11 h 20 à Paris) et ont emmené mon père, a-t-elle dit. Ils sont venus à la demande du chef du Basep, le général Abdel Aziz. Nous sommes séquestrés chez nous, avec interdiction de sortir, il y a des sentinelles dans notre cuisine, dans nos chambres et nos douches ! (…) C’est un coup d’Etat, bien sûr ». A Paris, le Quai d’Orsay a indiqué qu’ »un groupe de généraux retiendrait le premier ministre« . « Nous sommes en contact avec notre ambassade pour obtenir confirmation des événements qui semblent se dérouler à Nouakchott« , a annoncé un porte-parole du ministère.
Le président Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya avait lui aussi été renversé, en 2005, lors d’un coup d’Etat sans effusion de sang de la junte qui a précédé le président élu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters