La députée suppléante de Jean-Pierre Brard (Maire honoraire et député de Montreuil) élue aux dernières élections législatives en France, la Franco-malienne, Djénéba Kéïta, est à Bamako, depuis le mardi 22 juillet, pour ses vacances. C’est avec fierté que l’ex-agent d’escale d’Air France nous a reçus, le mercredi 30 juillet, à Lafiabougou où elle réside actuellement avec ses trois enfants (une fille et deux garçons). Elle est tout simplement fière d’être députée suppléante de Jean-Pierre Brard en tant qu’une Malienne.
ll n’est pas donné à n’importe qui de faire de la politique en France, surtout à une Africaine émigrée. Le cas de la Franco-malienne, Djénéba Kéïta, puisqu’elle a une double nationalité (Malienne et Française) semble être exceptionnelle. Cette combattante est, depuis mars 2007, l’une des suppléantes des 517 députés siégeant à l’Assemblée Nationale de France. Elle est, plus précisément, la députée suppléante de Jean-Pierre Brard, député de Seine-Saint Denis-Montreuil.
C’est avec beaucoup de fierté que cette militante du Parti Communiste Français a été élue. Djénéba Kéïta a choisi son pays natal, le Mali, pour ses vacances. Elle est à Bamako, depuis le mardi 22 juillet et cela jusqu’au 18 août prochain, avec ses trois enfants (une fille et deux garçons). C’est dans ce cadre que nous nous sommes entretenus avec elle, le mercredi 30 juillet, à Lafiabougou où elle réside.
« Comme j’ai été toujours militante engagée dans les associations à Montreuil, Jean-Pierre Brard m’a contactée pour que je puisse faire de la politique. Au départ, j’étais vraiment inquiéte. Je pensais que les législatives étaient les mieux placées pour me lancer parce que toutes les lois sont votées à l’Assemblée nationale. Raison pour laquelle, je n’ai jamais voulu me présenter aux municipales.
C’est vous dire que je suis, aujourd’hui, très fière d’être députée suppléante surtout quelqu’un avec qui je partage la même philosophie, Jean Pierre Brard » nous a confié Djénéba Kéïta. « Mon expérience militante sur les valeurs de solidarité et de justice contre toutes les formes de discrimination m’a conduit également à agir au quotidien avec des montreuilloises et des montreuillois dans la diversité de leurs opinions.
Concrètement, la lutte pour les sans-papiers, la lutte pour l’école et la lutte pour une autre Europe m’ont amenée à adhérer au Parti Communiste Français. C’est sur la base de ces combats que les communistes montreuillois ont soutenu ma candidature avec Jean-Pierre Brard. Dieu merci, les attentes populaires étaient grandes, urgentes et légitimes. C’est pour défendre ces convictions pour une société juste et solidaire que je me suis engagée dans cette bataille, auprès de Jean Pierre Brard.
Pour faire vivre concrètement les valeurs de solidarité, de laïcité, de justice sociale que je partage avec lui. Je savais également son engagement au service des habitants de Montreuil et notamment de ceux qui souffrent le plus directement des politiques de discrimination, d’injustice et d’exclusion. Je connaissais aussi sa ténacité à combattre la droite et l’extrême droite dans la ville et au plan national. Voilà pourquoi je me suis engagée avec lui pour porter haut ces valeurs, ces convictions et ces combats au service de tous les Montreuillois » a-t-elle confié.
En tant que suppléant de Jean-Pierre Brard, le rôle de Djénéba n’est autre que de le représenter au cas où il est incapable d’assurer sa fonction. Pour ce faire, elle travaille en parfaite collaboration avec celui qui a passé dix ans à la tête de la Mairie de Montreuil. Mais, c’est Jean-Pierre Brard qui assiste aux différents débats à l’Assemblée nationale, surtout les mercredis pour les questions du gouvernement. Pour le moment, dira Djénéba, la collaboration se passe très bien avec Jean Pierre Brard.
Pour ceux qui ne le savent pas, Djénéba Kéïta est née le 21 juin 1970 au Mali plus précisément à Kati, localité située à 15 kilomètres de la capitale. Elle est la fille Mamadou Kéïta et de Fatoumata Doumbia. Son père fut un grand footballeur malien qui a fait son temps, d’abord au Stade Malien de Bamako, puis à l’équipe nationale dans les années 60 avec Salif Kéïta dit Domingo (président de la Fédération Malienne de Football) Sadia Cissé, Bakary Traoré … Cet ingénieur en génie civil a servi au Chemin de Fer (actuel Trans-Rail). Il est également ancien adjoint au Maire de la Commune III. Sa maman, Fatoumata Doumbia est un professeur de biologie et responsable du volet santé scolaire au ministère de l’Education de Base.
Militante très engagée
Après l’obtention de son diplôme de Baccalauréat au Lycée Askia Mohamed en 1998 avec mention, c’est à l’Université de Moscou qu’elle a décroché son DEUG d’informatique de gestion en 1991. Avant d’empocher le DEUG MIASS (Mathématique et Informatique) à l’Université Paris VIII. Et une Licence d’Analyste programmeur.
Parlant de ses expériences professionnelles, la députée suppléante a effectué plusieurs stages, notamment au Service de Développement Informatique (Société PALM-Finance à Paris). Elle a été commerciale dans le Fret, agent d’escale pour Air-France et cadre dans une société d’événementiel.
S’agissant de sa vie associative et politique, il faut préciser que Djénéba Kéïta a toujours été une militante associative très engagée. C’est ainsi qu’elle a été présidente locale d’une association de parents d’élèves qui milite pour l’égalité à l’éducation pour tous les enfants. Elle est militante du réseau d’éducation sans frontière pour la régularisation des parents sans-papiers dont les enfants sont scolarisés dans les écoles françaises. Elle est là également pour inciter les jeunes Français d’origine étrangère à s’impliquer dans la vie politique française et aussi à participer au développement de leur pays d’origine. Car, dira-t-elle, « pour savoir où l’on va, il faut d’abord savoir d’où l’on vient ».
Djénéba Kéïta vit en France depuis qu’elle a 21 ans. Malgré son statut d’immigrée, elle se bat pour être toujours aux côtés des familles menacées d’expulsion et ayant des activités scolarisées. C’est pourquoi, elle a participé à l’organisation de nombreuses activités de soutien et à la défense concrète des familles montreuilloises (montage des dossiers, collecte de fonds…). Elle assure également un soutien auprès de personnes en difficultés économiques et sociales en favorisant la recherche de logement et en développant l’aide aux devoirs pour les enfants.
La Franco-malienne est mariée (mariage religieux) depuis 2004 avec un Français du nom de Laurent Vignon, responsable de sécurité à l’Aéroport de Paris. Elle a fait trois enfants avec lui dont une fille et deux garçons. Il s’agit de Christopher Mamadou (homonyme de son papa) Mathis Yacouba (homonyme de son grand frère) et Emma Fatoumata (homonyme de sa maman). Djénéba est tout simple polyglotte puisqu’elle parle l’anglais, la russe, le français et le bambara.
Alou B HAIDARA
1er aout 2008
Bamako Hebdo