Les femmes constituent au Mali une importante ressource humaine en matière de développement. Elles représentent 51,2 % de la population et 60 à 80 % de la main d’œuvre agricole. Elles dominent les activités des secteurs informels et des services. Les petites mains féminines sont incontournables dans le développement
économique du pays. Mais leur travail n’est toujours pas comptabilisé. Elles sont présentes à toutes les étapes de la production alimentaire aussi bien individuellement que dans le cadre des groupements. Les Maliennes sont submergées par des durs travaux champêtres et ménagers qui leur laissent peu de temps pour le repos, les loisirs et les activités socio-culturelles.
Elles ne bénéficient pas beaucoup de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté à travers le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSCRP).
Plusieurs actions engagées depuis plusieurs années ne semblent pas avoir les effets escomptés. Elles n’ont pas réduit la précarité des conditions de vie des populations en général et des femmes en particulier surtout dans les villes de l’intérieur et dans certaines zones rurales. La célébration de la journée africaine de la femme est propice pour faire le bilan.
En conformité avec le thème continental “ L’impact de la mondialisation sur la pauvreté en Afrique ” notre pays a retenu cette année comme thème national le “ Mondialisation : défis et responsabilités des femmes du Mali face à la cherté de vie ”. Il s’agit de sensibiliser les différents types d’acteurs à encourager et soutenir une participation pleine et accrue des femmes aux instances de prise de décisions.
Le programme fera connaître le savoir-faire des femmes en matière de lutte contre la
pauvreté.
UNE PLUS GRANDE IMPLICATION. Les femmes s’impliqueront dans la mise en œuvre du CSCRP. Elles sensibiliseront les autorités maliennes pour l’application des engagements internationaux pris en faveur de la promotion et de la protection de la femme. Les organisations féminines de chez nous sont conscientes de la nécessité de susciter une plus grande implication des femmes dans la lutte contre l’analphabétisme et la pauvreté. Elles saluent la redynamisation encours des centres communautaires sur l’ensemble du pays.
La secrétaire exécutive de l’Organisation panafricaine des femmes (OPF) Mme Alwata Ichata Sahi, est convaincue que les femmes ont un rôle important, même crucial, à jouer dans la réduction de la pauvreté. La pauvreté de son point de vue touche beaucoup plus les femmes parce qu’elles sont plus nombreuses, moins instruites. Elles n’ont pas non plus accès à la terre et au crédit. “Compte tenu de toutes ces faiblesses, la femme doit se battre pour acquérir tous ses droits : droit à l’éducation, à la santé, à la terre, aux crédits et aux équipements” a argumenté la secrétaire exécutive. Notre interlocutrice pense que pour le bien être de la famille et le développement de notre pays, la femme doit jouer pleinement sa partition dans la lutte contre la pauvreté.
Au niveau du CSCRP explique Mme Alwata l’accent a été mis sur le genre en tant que question transversale. Ainsi après l’évaluation du CSCRP, il a été recommandé d’impliquer davantage la société civile et particulièrement les associations et organisations féminines. Selon Alwata Ichata Sahi plusieurs actions ont été menées pour lutter contre la pauvreté des femmes. Elle cite le renforcement des capacités des femmes à travers la formation, l’alphabétisation et la gestion. Elle insiste sur l’octroi d’équipements agricoles et de 10 % des terres aménagées aux femmes par le gouvernement. La création des forages et d’adduction d’eau en milieu rural pour leur permettre d’alléger les tâches domestiques afin de s’occuper des activités génératrices de revenus. La secrétaire exécutive de l’OPF lance un appel aux femmes. Elle les invite à s’impliquer davantage dans les programmes de développement.
UNE AVANCéE SIGNIFICATIVE. A cet effet renchérit la Secrétaire générale de la Coordination des associations et ONG féminines du Mali (CAFO) Mme Dembélé Oulématou Sow son organisation oeuvre pour amener les femmes à travailler ensemble au sein d’une structure organisée et crédible leur servant de cadre de mobilisation, de concertation, de formation et d’action. “Les associations et ONG féminines membres de la CAFO sont présentes sur toute l’étendue du territoire national et actives dans tous les secteurs du développement. Elles sont présentes dans le commerce, la télécommunication, le transport, l’industrie de la musique, l’artisanat, l’administration, l’environnement, l’entrepreunariat, les micro-crédits, l’énergie” a expliqué Mme Sow. En milieu rural, l’on retrouve 80-90 % des femmes dans l’agriculture-environnement, le micro-crédit, l’artisanat, le petit commerce, le petit élevage et surtout dans le secteur informel. “Toutes ces activités sont menées par les femmes pour subvenir aux besoins de leurs familles en matière d’éducation, de santé, d’alimentation.
Les regroupements socio-économiques dans lesquels on les retrouve leur procurent des biens meubles et immobiliers comme des parcelles, les crédits, les équipements, etc.
L’adoption par le gouvernement en 2002 du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) constitue une avancée significative et un atout dans le dialogue sur les politiques et mesures macro-économiques permettant de réduire la pauvreté dans notre pays. L’objectif principal est l’atteinte d’un taux moyen de croissance de l’ordre de 6 % par an à partir de 2004 afin de ramener la pauvreté de 67 à 47 % en 2007.
Selon Dembelé Oulématou Sow, malgré les différentes actions de lutte contre la pauvreté menées par les femmes, et l’importance du rôle de celles-ci dans l’économie nationale, leurcontribution n’est pas comptabilisée dans le PIB national, leur besoins spécifiques sont timidement pris en compte dans les politiques et programmes. Cette 46ème édition de la journée panafricaine de la femme selon la secrétaire générale de la CAFO sera l’occasion pour débattre sérieusement de la pauvreté de la femme malienne et surtout de lancer un plaidoyer fort à l’endroit des autorités de notre pays pour subventionner les actions d’émancipation des femmes. Elle se devra aussi de sensibiliser tous les acteurs impliqués dans la promotion de la femme.
Mariam A. TRAORé