Après Nioro du Sahel, c’est la Venise malienne qui a accueilli l’atelier de sensibilisation et de production des messages sur la Convention relative aux droits des enfants (Cde) pour la suppression du mariage précoce. Ainsi du 7 au 9 août 2008, les conseils communaux, les chefs traditionnels, les médias, les associations féminines se sont retrouvés dans la salle des conférences Maurice Droué de l’Assemblée régionale de Sévaré pour dégager des recommandations en vue de la suppression des mariages précoces dans la région.
Etaient présents à la cérémonie d’ouverture présidée par le représentant du gouverneur de région, le point focal de l’Urtel de Mopti, la présidente de la Coordination des associations et Ong féminines de Mopti (Cafo), Mme Naciré Amina Kanta, le représentant du maire, Abdoulaye Maïga et, naturellement l’Administrateur chargé de l’information et de la communication à l’Unicef, Ismaël Maïga. Après les mots de bienvenue de M. Abdoulaye Maïga au nom de la mairie, l’assistance a eu droit à une série d’interventions. A commencer par celle du représentant de l’Urtel qui a campé le décor avant d’exprimer la disponibilité des radios de proximité à accompagner l’Etat et ses partenaires dans la promotion des droits de l’enfant. La présidente de la Cafo a expliqué le fait que la région de Mopti occupe la dernière place en matière de scolarisation de fille. Cela est dû essentiellement à la pratique des mariages précoces susceptible à son avis d’entraîner la déscolarisation et l’abandon scolaire. Raison pour laquelle la Cafo, toujours selon elle, entend inverser la tendance par l’élaboration d’un plan d’action de suppression des mariages précoces. Mais c’est véritablement l’Administrateur de l’information et de la communication de l’Unicef, Ismaël Maïga qui a mis le pied dans le plat. Selon lui, les facteurs culturels liés aux mariages précoces sont à l’origine de nombreux abandons scolaires. ‘’Dans certaines régions du Mali, on marie les filles très jeunes, parfois dès l’âge de 10 ans, alors que le Code de la famille fixe l’âge de mariage à 18 ans et 16 ans avec l’accord des parents’’ a-t-il constaté avec amertume. Car les résultats de l’enquête démographique et de santé (Eds III) réalisée en 2001 ne révèlent hélas pas autre chose. Ils relèvent que 25% des femmes qui avaient entre 20 et 24 ans au moment de l’enquête était déjà mariées à l’âge de 15 ans. M. Maïga a aussi indiqué que la suppression des mariages précoces au Mali exige un large consensus communautaire. Car pour lui, les maires, les chefs religieux qui célèbrent les mariages, les associations de femmes, les chefs de tribus, les communicateurs doivent être impliqués dans la mobilisation sociale au niveau des régions de Mopti, Tombouctou Gao et Kidal. Il a enfin informé l’assistance de la tenue prochaine d’un atelier national de validation des résultats des concertations régionales. Ouvrant les travaux, le représentant du gouverneur s’est réjoui que Mopti accueille un tel atelier non sans rappeler que le gouvernement du Mali accorde une attention particulière à tout ce qui touche aux enfants. Le contour ainsi dégagé, les débats ont été intenses et fructueux pendant trois jours au sein des trois panels mis en place. La preuve par trois. Mariage précoce : les conséquences plaident pour sa suppression Rapports sexuels traumatisants à l’origine, problèmes conjugaux aboutissant en général au divorce, cancer du col de l’utérus, immaturité du bassin et de l’utérus, cause d’avortements, accouchements difficiles pouvant entraîner des fistules, rupture de l’utérus pouvant entraîner la mort ou la stérilité de la fille…. Nombreuses sont les conséquences médicales développées sans l’exposé du Dr. Famakan Kané, obstétricien à l’hôpital Sominé Dolo de Mopti. Selon l’homme de science, toute jeune fille qui se marie avant 18 ans est exposée aussi à ces inconvénients. Répondant aux préoccupations des participants Dr. Kané, qui n’a pas manqué d’illustrer son exposé de témoignages, a été formel : le mariage précoce nuit à la santé de la femme et les conséquences médicales citées en disent long à ce sujet que peut endurer la petite fille. Le mariage précoce bafoue le droit de l’enfant Dans sa communication, M. Moussa Fama Diarra, Conseiller technique de l’Unicef auprès de l’Académie d’enseignement de Mopti, sur ‘’la CDE – la Convention relative aux droits des enfants’’, a d’abord défini le mariage précoce. Lequel, selon lui, désigne toute union (légale ou pas) contractée entre un homme et une fille avant que celle-ci ait 18 ans révolus, avec ou sans le consentement des parents. Expliquant par la suite la Cde, M. Diarra a insisté sur les aspects relatifs à la santé, à l’éducation et à la protection. Les pays signataires de la Convention (dont le Mali) ont pris des engagements qui reposent sur 10 objectifs. Ce sont, a-t-il cité entre autres, l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant, la santé des enfants, l’alimentation et la nutrition, le rôle des femmes, de la planification familiale, la protection des enfants en cas de conflits armés… Quant à Mme Cissé Salimata Niang, responsable chargée de la scolarisation des filles à l’Académie d’enseignement de Mopti, qui a exposé sur le thème ‘’Mariages précoces et scolarisation des filles’’, elle a parlé d’abord des causes qui sont d’ordre culturel, économique…’’Le fait qu’une bonne partie des populations pratiquant le mariage précoce sont nomades contribue beaucoup à la déscolarisation des filles’’ a expliqué Mme Cissé. C’est pourquoi Mopti est à la traîne par rapport à la scolarisation des filles avec 48,10% en 2005. Des témoignages pathétiques de Ibrahima Sangaré, secrétaire général de l’Ong ‘’Delta Survie’’ ceux des représentants de la justice et de la Gendarmerie ont également été enregistrés au cours des travaux. Impliquer les médias dans la prévention des mariages précoces En parfait connaisseur du panorama radiophonique du Mali, Isaïe Somboro de l’Urtel est convaincu: les 212 stations que compte officiellement notre pays sont en mesure de relever le défi de la prévention des mariages précoces. Même son de cloche chez Ibrahim Tiocary de l’ORTM qui a indiqué qu’avec leur audience, les radios de proximité demeurent un outil essentiel dans la prévention. Ainsi M. Tiocary, a formé les animateurs locaux aux méthodes d’animation du jeu public, un jeu visant à sensibiliser les populations sur les méfaits du mariage précoce. C’est le village de Fatoma, situé à 23 Km de Mopti, qui a accueilli l’émission de jeu public. L’émission qui a mobilisé grand monde s’est achevé sur une note de satisfaction, car le message semble avoir été entendu par les populations. En dehors du jeu public, une table-ronde synchronisée a été animée sur les ondes plusieurs radios de la capitale du Kounary. Sans compter des microprogrammes et autres magazines. Alhassane H. Maïga