Jamais une rumeur n’a fait autant de bruits dans le landerneau politique malien et le monde des médias de la place. Véhiculé par certains confrères de la place depuis plus d’une semaine, « le scoop » de la semaine dernière n’était en réalité qu’un vulgaire canular, une intox montée de toutes pièces.
A l’analyse, il avait pour but deux desseins : soit permettre à Boubèye d’exercer un trafic d’influence bien précis ou forcer le président de la République à lui trouver un point de chute après six longues années de traversée du désert.
Nombreux ont été les lecteurs qui ont appelé « Le Sphinx » pour en avoir le cœur net. Nous leur avions indiqué que « l’information » manquait de rigueur parce que tout simplement une nomination est officielle, fusse-t-elle celle d’un conseiller spécial du président de la République. Lequel en informe le Conseil des ministres qui en fait obligatoirement cas dans son communiqué final. Et nous ne voyons pas pour quelle raison celle de Soumeylou Boubèye Maïga ferait-elle dérogation à la règle ? En conclusions nous disions que la rumeur plus qu’une info ressemblait plutôt à une « intox », vu les capacités manipulatrices de l’homme. Encore une fois, l’histoire vient de nous donner raison. Après une rapide enquête auprès de la cellule de communication de la Présidence de la République avec notre confrère Dramane Koné de « L’Indicateur du Renouveau » où on nous a dit qu’ « en la matière, les nominations des conseillers du Président de la République ne se font pas en catimini, elles sont mentionnées dans le communiqué du Conseil des Ministres et sont publiées dans le Journal Officiel. Et qu’en tout état de cause, en cas de nomination, il y a une lettre circulaire qui fait le tour de l’Institution, dans laquelle sont indiqués la fonction et le rang de la personne nommée. »
Toujours dans le cadre de nos investigations, nous nous sommes rendus, avec notre confrère de « L’Indicateur du Renouveau » au Secrétariat général de la Présidence où on nous a révélé exactement ceci : « Il n’y a jamais eu de nomination de Soumeylou Boubèye Maïga comme conseiller spécial du Président ATT avec rang de ministre et prérogatives de ministre, en ce que nous sachons » Et à la même voix autorisée de préciser : « Lorsqu’il il y a nomination par le président de la République, un décret est même publié dans le Journal officiel. Mais dans ce cas-ci, on n’en a jamais vu. Donc c’est pour vous dire qu’il n’y a jamais eu de nomination, sinon vous auriez vu le décret. D’autre part, le Secrétaire général de la Présidence ayant fonction et prérogatives de ministre, la nomination d’un conseiller spécial avec les mêmes qualités n’entraînerait-elle pas un chevauchement conflictuel entre les deux personnalités ? »
Ici, reconnaît-on, il y a actuellement un nouvel organigramme qui est en phase d’exécution mais personne n’a été informé de cette prétendue nomination.
Après ce démenti cinglant, on a cherché à comprendre pourquoi, l’ex-manitou de la SE a-t-il entrepris une telle campagne médiatique qui frise le ridicule ? Sa prétendue nomination ayant suscité une levée de boucliers générale au sein de l’entourage immédiat du chef de l’Etat et dans sa propre famille politique : l’Adéma, où plusieurs militants de premier rang qui se sont battus pour le soutien de leur parti à la candidature d’ATT se sont sentis trahis. Les aficionados de Boubéye n’ont d’ailleurs pas hésité à qualifier cette nomination auprès du chef de l’Etat comme une revanche de celui-ci sur tous ceux qui ont soutenu ATT lors de la présidentielle de 2007. Ses nombreux débiteurs parmi nos confrères n’ont pas hésité de prendre, à l’occasion, leur brosse à reluire pour dépoussiérer l’image de leur très controversé mentor. La même rumeur a suscité un tollé général au sein du Mouvement citoyen et même de l’Armée où la nouvelle est considérée comme un gros pétard dans un magasin de munitions. L’homme ayant, là aussi, réussi la prouesse de faire l’unanimité contre lui lors de son passage à la tête du département des Forces armées et des anciens combattants.
Soumeylou Boubèye Maïga qui a fait du mal à de nombreuses personnes lorsqu’il était le tout puissant patron de la Sécurité d’Etat ne se sent en sécurité que lorsqu’il est dans le giron du pouvoir. C’est certainement la raison pour laquelle il a essayé, par cette folle rumeur, d’obliger le chef de l’Etat à le prendre enfin sous sa coupe. Malheureusement, l’histoire n’en finit pas d’être mauvaise fille pour ce grand mystificateur devant l’Eternel, car cette fois-ci, c’est raté. Complètement raté !
Sous l’œil réprobateur de Caïn, Soumeylou Boubèye Maïga est depuis plusieurs années un homme traqué. Traqué par ses anciennes victimes et poursuivis par ses créanciers, notamment la Banque Commerciale du Sahel. Nous avions pensé que c’est en désespoir de cause qu’il a tenté de se mettre sous le parapluie présidentiel. Que nenni ! Un responsable de la BCS qui a requis l’anonymat, nous a appris qu’il vient, non seulement, d’éponger sa dette auprès de la banque mais qu’il s’est aussi tapé une Toyota dernier cri. Boubèye qui vient d’effectuer un bref voyage au Burkina Faso a-t-il trouvé encore une oreille favorable auprès de Blaise Compaoré qu’il n’hésite pas de taper de temps en temps. A-t-il vendu une partie de ses nombreux actifs ou fait un rappel de fonds pour éviter l’humiliation d’une saisie de ses biens par la banque ? Mystère, boule de gomme !
Ce qui est, par contre, sûr et certain, sa nomination en qualité de conseiller spécial du président de la République est un canular, un brouillard lacrymogène levé autour de manœuvres bassement politiciennes étayées d’un embrouillamini d’explications aussi tordues et farfelues les unes que les autres. !
Avec ses contorsions byzantines, Boubèye a l’art de tirer parti de toutes les situations à sa faveur, en traitant parfois secrètement avec la partie adverse à l’époque du Mouvement démocratique sous GMT, pendant la Transition ; en poignardant dans le dos Soumaïla Cissé en 2002 et en collaborant avec ATT après la déculottée à la présidentielle 2007 et un passage furtif au FDR. Ame damnée, passé dans l’art d’ourdir les complots noirs contre ses camarades, l’homme a cette fois-ci raté son coup. Journaliste de profession, Boubèye sait que la désinformation est la reine des techniques visant à tromper l’opinion et semer le doute entre alliés. Sa funeste manœuvre risque de consacrer la ruine définitive de la crédibilité de certains confrères, ou ce qui en reste.
On a posé la question de savoir à qui la nomination de Boubèye fait-elle peur ? Mais à ATT justement ! Pendant la Transition, un de ses conseillers fouillait dans sa poubelle, recollait les morceaux de papiers afin d’en prendre connaissance. Ce Conseiller très spécial n’était autre que Soumeylou Boubèye Maïga. On ne se refait pas à cinquante quatre ans. Amnistie n’est pas amnésie, ATT ne refera jamais une pareille erreur. Que dis-je, une pareille faute.
Adama Dramé
Portrait
Soumeylou Boubeye Maïga,le Machiavel malien
Boubèye est un homme dangereux. Grand manipulateur, il a mille et un surnoms et pseudonymes. Soumeylou pour ses proches. Boubèye pour le commun des Maliens. « Ism » pour les intimes. « SBM » imposé par ses nombreux aficionados disséminés dans la presse. A l’état civil, l’homme répond à Soumeylou Boubèye Maïga. Il est né le 8 juin 1954 à Gao. Cette date lui fait monter la moutarde au nez : né un 8 juin, date qui correspond depuis 1992 à l’investiture du Président de la République du Mali. Fait du hasard, cette coïncidence autour du « 8 juin » rend SBM davantage « fou pouvoiriste » et prétentieux politicien irréaliste. D’origine très modeste, celui-ci, devenu multimillionnaire en si peu de temps, veut prendre une revanche sur l’Histoire.
Militant SBM l’est depuis les années 70. Doté de l’esprit du Mal, le jeune lycéen Soumeylou se fait appeler » Le Tigre ». Il manifeste sa « tigritude » contre le régime de Moussa Traoré et du CMLN dans des « dazibao » (journaux muraux) affichés un peu partout au Lycée de Badala. Ici, il fait la connaissance d’un fort en thèmes, un certain Ousmane Thiam. SBM affûte sa malignité en militant au sein du Parti clandestin, le PMT, tout en étudiant au CESTI de Dakar, le journalisme. Ici, il rencontre des aînés, tous futures grandes plumes de la presse malienne dont Hammadoun Touré dit Bill et Saouti Haïdara, patron de « L’Indépendant ». Ces derniers l’encadrent bien. De temps à autre, Soumeylou Boubèye Maïga prépare, pour eux, du bon thé à la menthe. Dans ce domaine, on n’est pas natif de Gao pour rien.
Diplômé en journalisme, SBM rentre au pays. Il est affecté à l’Essor où il devient très vite Reporter puis Rédacteur en chef du magazine « Sunjata ». Sa belle plume ne trahit jamais ses convictions politiques contre le pouvoir de l’UDPM. Opposant caché, « Le Tigre » ne cesse d’animer, avec l’économiste Mamdou Lamine Gakou (frère aîné de Me Mamdou Gakou) l’organe clandestin « Le Bulletin du Peuple » édité à Dakar, introduit et distribué sous le manteau au Mali par le même SBM. Lequel est cependant un agent double qui informe le régime en place. C’est ainsi qu’une lettre du CNDM de France que le Dr. Mamadou Gologo lui a remise pour diffusion à 9 heures, se trouva entre la main de la Sécurité d’Etat à 11 heures.
Détruire le régime de l’intérieur
C’est dans cette clandestinité, qu’en 1986, SBM et le Pr. Mamadou Lamine Traoré (Paix à son âme » (jadis chef d’un autre parti clandestin : le PMDR) se rendent à Dakar (ils sont logés dans la chambre du jeune-frère de SBM, Tiègoum Boubèye, étudiant au CESTI à l’époque) pour prendre part à la création du FNDR : (Le Front National pour la Démocratie Populaire), creuset des différentes forces politiques clandestines (intérieur et extérieur au Mali) qui combattent la dictature du Général Moussa Traoré.
Au fil des ans, la lute clandestine anti—UDPM prend différentes tournures. Le PMT « autorise » ses militants à faire l’entrisme politique et syndical : collaborer avec le pouvoir de GMT pour détruire son système de l’intérieur. Le Dr. NGolo Traoré et le Pr. Alpha Oumar Konaré deviennent ainsi ministres. Quant à SBM, il se bat sur le front syndical. C’est de là qu’il a pu s’adresser, en 1987, au Président Moussa Traoré lors d’un débat sur l’état de la Nation quand l’UDPM élaborait sa Charte nationale d’Orientation de la vie publique.
Dans cette foulée, SBM intègre, au nom du syndicat de la presse (affilié à l’UNTM), le Conseil Economique et Social présidé par le N° 2 du régime UDPM, le Général Amadou Baba Diarra (Paix à son âme). Institution au sein de laquelle il siège jusqu’à la chute de la IIème République du Mali. Chute à laquelle SBM prend une part active comme 3ème Vice-président de l’ADEMA Association. A cette qualité, la police l’interpelle pendant une matinée, le 4 mars 1991, pour « détention illégale d’armes» au lendemain d’une marche unitaire des organisations (ADEMA, CNID, JLD, AJDP, ADIDE ), du Mouvement Démocratique.
Il y a un moment, un tract sur le Net (http .’ Il blog .i/rance.com/yerewo[o) accusait SBM, א travers cette « détention illégale d’armes », d’avoir joué un rôle dans les tueries de mars 1991. Ces accusations nous paraissent peu fondées même si nombre de connaisseurs de la chose politique malienne conviennent que Soumeylou Boubèye est capable de tout. Il veut toujours
« oser» se prenant pour un grand stratège politique. Il est pour beaucoup aux victoires d’Alpha Oumar Konaré aux élections présidentielles de 1992 et 1997.
SBM contre Alpha
Mais, après la décennie du Pr Konaré à Koulouba, SBM n’est pas totalement content (il le dit en privé des confidents) de la façon dont Alpha Omnar a géré sa succession à la tête de l’Etat malien. Tapis derrière « LE SPHINX» (pas le journal sous vos yeux), SBM et ses affidés dévoilent un pan de leur colère dans le pamphlet « ATTcratie »
A la page 16, on accuse le Président AOK d’avoir « favorisé » l’élection d’ATT à la magistrature suprême en 2002, à travers des « manœuvres politiciennes ». Cela, afin d’ « éviter la focalisation sur la légalité ou l’illégalité de la candidature d’ATT. (Ainsi) le Président Alpha O. Konaré favorisera la multiplicité des candidatures (24) qu’il justifia du reste par l’idée qu’il s’agit d’une fête nationale. Pour arriver à cette fin et détourner l’attention de l’opinion publique de la candidature controversée d’ATT, l’ancien Président ne s’est pas gêné de payer la caution de certains candidats (P.17) On y ajoute que « l’arrivée d’ATT au pouvoir était non seulement un moyen pour le Président sortant (Konaré) de lui renvoyer l’ascenseur mais aussi d’assurer ses arrières (P. 18)
Après 10 années à la tête du Mali, voilà comment SBM a payé son AOK. Alpha qui l’a enseigné au lycée. Alpha qui l’a nommé comme son Chef de cabinet (juin 92- janvier 93) puis DG de la Sécurité d’Etat (1993-2000) Enfin ministre des Forces armées (février 2000 – juin 2002).Quelle méchanceté ! Quelle ingratitude !
Soumeylou Boubèye est un pur produit d’Alpha Oumar Konaré. Il devient plus nocif que celui qui l’a laissé faire à la tête de la terrible Police Politique pendant sept longues années. Nommé la tête de la Sécurité d’Etat, SBM s’est illustré dans une exploitation abusive de la mission jusqu’à en faire un instrument de chantage politique. I1 a fait du mal au Mali et aux Maliens.
A commencer par des cadresres de l’Etat. Au nom d’une prétendue lutte contre la corruption et la délinquance financière, SBM joue à la délation en faisant arrêter des DG et PDG des entreprises publiques ou parapubliques. Citons-en quelques uns Blaise Sangaré (Caisse des Retraites), ldrissa Maîga dit Methiou (SONATAM), Fambougouri Diané
(ITEMA), Tiémoko Maןga puis Samba Sow (SOTELMA), Hussein Dicko (Douanes), Karamoko Soumbounou (Chambre d’Agriculture), Drissa Kéïןta (CMDT) etc.
Arrestations et morts suspectes
Dans ce registre, on n’oublie pas les arrestations bruyantes du Général Abdoulaye Ouologuem et du Colonel Oumar Diallo dit Birus, accusés dans des affaires qui remontent à l’ère du Général Moussa Traoré. Tous cadres civils ou militaires, ont été lynchés d’abord par la presse (conditionnée par Boubèye) avant d’être libérés sous caution ou acquittés pour non-lieu. Entre-temps, leur honneur est souillé à jamais à cause de Soumeylou Boubèye.
Un nom évoqué dans le montage du coup d’Etat dont l’instigateur présumé était Mady Diallo, parrain et oncle paternel de la première épouse de SBM. L’ancien diplomate et ministre a été arrêté sur dénonciations des services du mari de « sa fille ». Mady a été torturé. Ses co-accusés aussi. L’un d’eux a perdu la vue à la suite de ces tortures. (Nous y reviendrons)
Le nom de Boubèye est lié, plus ou moins, également à des morts tragiques de fortes personnalités. Tels les commandos parachutistes (Chaka Koné et trois officiers) les leaders du BDIA (Tiéoulé Mamadou Konaté, Oumar Boré, Isac Dembélé et Souleymane Mory Coulibaly), le policier Moussa Diarra (violenté lors d’un meeting du COPPO). Tous morts dans des circonstances non encore élucidées.
Grand génie du mal, SBM fait figure de politicien qui n’a aucune pitié pour ses adversaires et ses détracteurs. Tant qu’il le peut, il les détruit sans ménagement. Ainsi, sous son instigation, à la S.E, l’opposition politique a beaucoup souffert. Pendant la législature 1992- 1997, les députés Ngolo Sanogo (PMD, Sikasso) et le colonel Youssouf Traoré (UFDP, San) sont embastillés après la levée scandaleuse de leur immunité parlementaire. Pire: au plus fort de la grave crise politique née de la débâcle électorale des législatives du 13 avril 1997, les Services secrets de SBM ont planifié et procédé à l’arrestation des leaders de l’opposition dont les candidats à l’élection présidentielle : le Pr. Mamadou Lamine Traoré et le doyen Almamy Sylla (paix à leur âme), Seydou Badian Kouyaté, Me Mountaga Tall,.
Pendant que ces prisonniers politiques étaient déportés dans divers bagnes de l’intèrieur du pays, les jeunes dirigeants de l’opposition (COPPO) dont Oumar Mariko (SADI) et Moussa Koné (MIRIA) ont été contraints à l’exil pour ne pas être les victimes d’une bavure organisée. Parallèlement à cette terreur permanente de la SE sur l’opposition, SBM suivait de très près les principales organisations syndicales, celles-ci, infiltrées par des taupes, faisaient face à d’interminables querelles de leadership.
Répression et bastonnade d’étudiants
La toute puissante association estudiantine, l’AEEM, n’a pas échappé au rouleau compresseur du satanique SBM. La plupart des leaders AEEM (Zarawana, Mme Mariko Korotoumou Théra, Nouhoum Togo etc.) ont goûté aux affres des prisons de Bamako, de Kati. Ou de Koulikoro. Pourchassés par les sicaires de SBM, les dirigeants de l’AEEM fuyaient ou subissaient une répression féroce, digne du Chili du Général Pinochet.
Dans Jeune Afrique L’Intelligent N° 2127 du 16 au 22 octobre 2001, pages 92, 94, le patron de la Police politique d’Alpha Oumar Konaré justifie ces répressions sans état d’âme : « C’était des mesures conservatoires. Il n’y a pas d’Etat sans capacité de coercition. Chaque fois que la stabilité de l’Etat était menacée, nous avons dû prendre des mesures appropriées pour ramener le calme(…) » Un calme sauvage au prix de l’humiliation pour des chefs de famille ou des adolescents innocents.
Esprit étroit, Soumeylou Boubèye n’épargne personne. Y compris ses bienfaiteurs dont le Président Alpha Oumar Konaré. A qui il en veut pour n’avoir pas soutenu sa candidature. Les douces pressions de Mme Adame Ba Konaré n’ont pu nullement infléchir son mari en faveur de SBM. On comprend l’amertume de ce dernier contre son ancien professeur de lycée.
Bien avant l’ancien chef de l’Etat, SBM a vigoureusement combattu son Premier ministre Ibrahim Boubacar Kéïta, sans lequel il n’aurait jamais dirigé la S.E. Ce dernier, premier porte-parole et conseiller diplomatique du Président Konaré a été étiqueté par SBM, dès 1992, dans un article de presse anonyme de « Conseiller qui dérange ».
Huit ans après, ce sont les tentatives de positionnement au sein de l’Adéma pour la succession d’Alpha Oumar Konaré à Koulouba. Le conseiller est devenu Ambassadeur, ministre des Affaires Etrangères puis Premier ministre. Pour chasser IBK de la Primature, le clan Boubèye, en liaison avec cet autre Clan, celui dit de la CMDT, enclenche une intense campagne médiatique de dénigrement.
La main de SBM partout
Le Président Konaré lâche son Premier ministre IBK qui, comme un château de cartes qui s’écroule, tombe aussi, en octobre 2000, de la tête du Parti qu’il dirigeait depuis six ans. En huit petits mois, IBK perd et le gouvernement et l’Adéma. La main de SBM est passée par là. Cette main ne lui sera cependant d’aucune utilité contre son « complice » Soumaïla Cissé dit « Soumi ». pour le contrôle de l’Adéma, les deux homonymes vont se livrer une bataille épique en allant à un congrès extraordinaire en novembre 2000. D’aucuns disent que le Président Konaré s’est fait conseiller par le Président Blaise Compaoré (en visite à Bamako, à la veille de ce congrès) pour former la tête du nouveau Bureau Politique de l’Adéma : Président consensuel, Dioncounda Traoré, 1er Vice-président, SBM ( pour la légitimité historique) et 2ème Vice-président Soumaïla Cissé. Ce dernier, apparemment, a perdu une bataille. Il attend sa revanche pour gagner la guerre de la Convention devant élire le porte-drapeau de l’Adéma à l’élection présidentielle de 2002. Les deux hommes, complices à cette époque jusqu’à porter le même accoutrement (boubou blanc immaculé), ne se font aucun cadeau lors des élections primaires. Quand le staff de « Soumi » fait étalage de ses larges moyens avec une campagne à l’américaine, le Clan Boubèye brille dans un tract faisant cas de faux billets fabriqués par son concurrent et un de ses parents « homme de droit » qui se sont d’ailleurs fait plumer par un obscur contre-façonneur.
Dure, dure a été cette campagne interne pour le peuple Adéma.
En lançant la sienne, le Clan Boubèye a organisé une conférence de presse au cours de laquelle, le célèbre animateur Youssou Valisi a , inconsciemment, révélé un trait de caractère caché de Boubèye. Dans son hilarant bamanan de Ségou, le ventripotent animateur de radio a dit qu’il connaissait, il y a longtemps Boubèye. Ce dernier, selon Youssou Valisi, était un friand de « café, pain au beurre et foie grillé ». Ensemble, dans les années 80, il en prenait comme petit-déjeuner, le plus souvent à crédit, avec un vendeur « Maïga » installé au bord du « goudron » passant entre les locaux de l’Essor et le siège de la BDM.
La dérouillée de Soumeylou
Après une tournée des deux candidats à l’intérieur du pays à la rencontre des sections, l’Adéma tient sa convention le 6 janvier 2002. Dans un Palais des congrès rempli comme un œuf, le « Super ministre de l’Equipement, de l’Environnement, de la Construction et de l’Habitat bat à plate couture le ministre des Forces armées, Soumeylou Boubèye Maïga. Un mythe est tombé. Une réalité est là. Le très sarcastique Boubèye ne représente plus grand-chose à l’Adéma s’il n’a pas l’appareil d’Etat à sa dévotion.
Soumeylou accepte sa défaite et, voix nouée et larmes de crocodile aux yeux, félicite le vainqueur en lui donnant l’accolade devant les militants émus. Son accolade est plutôt un baiser de Judas. En réalité, ces félicitations sont de façade. Au nom du parti, Boubèye fait bon cœur contre mauvaise fortune. Publiquement, il soutient la candidature de Soumi. Ce dernier n’est pas dupe. Il accepte son frère sans lui faire entièrement confiance. Il a raison, avec le recul, on s’est rendu compte que pendant les moments forts de la campagne présidentielle, Boubèye s’affichait le jour en boubou blanc avec le candidat de l’Adéma. La nuit, en tenue saharienne noire, il rejoignait le candidat ATT ? Devinez la suite.
Malgré cet « apport » à ATT, Boubèye tombe dans la « retraite » de l’appareil de l’Etat. Il vise la Primature après les législatives de 2002. Son espoir est ruiné avec la décision de la Cour Constitutionnelle qui sanctionne l’Adéma en invalidant certaines de ses candidatures puis en annulant des résultats qui étaient favorables à la Ruche. La réaction du Clan Boubèye est vigoureuse dans la presse. Le juge constitutionnel est traité de tous les noms d’oiseau. Le plus doux : la Cour Constitutionnelle s’est transformée en bureau d’électeur du 3ème tour. L’os de l’échec de ces législatives resta longtemps en travers la gorge de SBM
Exécuteur de basses besognes
Pour dégager cet os, il compte sur ATT. Bien que toujours sur la liste des ministrables de l’Adéma, il n’est jamais nommé dans les gouvernements successifs d’ Ag Hamani puis d’Ousmanen Issoufi Maïga.. Même quand il a l’outrecuidance de mettre son CV à la place de celui de Sékou Diakité dit Diaki , lequel fera plus tard son entrée dans le gouvernement Modibo Sidibé.
Depuis l’homme est devenu acariâtre, instable, haineux et rancunier contre e Président ATT. Le pamphlet « ATTcratie » passera par là. C’est l’actuel Président du FDR et ancien allié de l’Adéma (1997-2000) qui le connaît le plus. Voilà ce qu’il disait de lui, il n’y a pas longtemps : « Soumeylou Boubèye est un homme dont tout le comportement tend à semer la zizanie, la division à travers des procédés malhonnêtes, malheureusement qui ne servent pas la démocratie. Imaginez un tout petit peu que SBM ne soit pas sur la scène politique malienne, tous les partis politiques vont se serrer la main, vont en amitié, vont en fraternité.
Habitué à des manœuvres de James Bond de bas étage, il a manipulé des personnes pour pouvoir obtenir des projets (…) Chacun connaît Soumeylou Boubèye dans ce pays. Ce type dont la seule prétention est d’avoir occupé la sécurité d’Etat et dont le seul titre est d’être l’exécuteur de basses manœuvres est un mauvais diable. Encore une fois, imaginez que Boubèye ne soit pas sur la scène politique, le Mali serait encore un pays plus envié qu’actuellement ; (In Soir de Bamako du 1er mars 2004)
SBM s’attaque à tout le monde, y compris son corps professionnel, la presse. Citons un seul cas. Un cas édifiant. Au summum de sa cruauté à la tête de la Sécurité d’Etat fait filmer dans un hôtel de la place, un correspondant de presse étrangère accrédité à Bamako en compagnie d’une superbe prostituée. La cassette-vidéo est malicieusement envoyée à l’épouse du journaliste, sous le choc, cette dernière fait une fausse couche. Son foyer a failli partir en lambeaux. Boubèye se justifie dans Jeune Afrique N° 1952 du 9 au 15 juin 1998 : « » Ce n’est pas un coup de mes agents. Cela dit, il arrive que les Services spéciaux utilisent les faiblesses humaines pour accomplir leur travail : cupidité, frasques sexuelles… la fin justifie toujours les moyens. » Le seul crime de notre confrère, aujourd’hui correspondant de sa radio en Afrique australe, est d’avoir refusé de s’inféoder au tout puissant DG de la SE de l’époque.
Comme on le constate Boubèye est un grand admirateur de Néron : tout régler par le feu, brûler les autres. Mais aussi un disciple de Machiavel qui a une obsession mortelle pour le pouvoir. L’homme reviendra à la charge. C’est sûr et certain.
Adama Dramé
Le Sphinx