A l’issue d’un conseil des ministres qui s’est tenu exceptionnellement un mardi, le président ATT a signé le décret portant nomination de monsieur Soumeylou Boubèye au poste de conseiller spécial à la présidence de la République du Mali avec rang et prérogatives de ministre. Il aura donc fallu que cet ancien premier vice-président de l’Adéma, redevienne simple militant de cet ex-parti au pouvoir pour que le président ATT décide enfin de le récupérer.
Le président ATT décide donc de rappeler auprès de lui celui qui fut membre de son cabinet dès les premiers jours du coup d’Etat de mars 1991 et ce jusqu’à la fin des 14 mois d’une transition démocratique citée en exemple en Afrique. Fin d’une transition réussie et début d’un règne absolu du parti Adéma, le parti de Soumeylou sous la houlette de Alpha Konaré, Mamadou Lamine Traoré, Ibrahim Boubacar Kéïta et aujourd’hui Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale.
Auprès de tous ces hommes, Soumeylou Boubeye est resté l’enfant terrible d’un régime qui aura duré dix ans. Mais, entre lui et son premier et ancien mentor, ATT, les liens étaient loin d’être de tout repos. En vérité, Soumeylou n’a jamais voulu se présenter comme un allié sûr aux yeux de l’ancien président du CTSP. Pas plus n’a voulu être un fidèle serviteur de celui que le destin appellera, pour seconde fois, à la tête du Mali démocratique.
C’est en effet le lieu de rappeler que le président ATT est revenu aux affaires au prix d’un profond déchirement de la famille politique de Soumeylou. Quand ce dernier croyait déjà son heure arrivée à la faveur de la fin de mandat du président Alpha, c’est plutôt ATT qui sera appelé par Alpha.
Dans la perspective de la fin du mandat du président Alpha, Soumeylou n’avait-il affirmé chez nos confrères de Jeune Afrique: «Alpha et moi nous nous projetons dans l’avenir». L’homme Soumeylou croyait donc pouvoir forger son destin d’homme d’Etat mais sous les aisselles des autres, notamment Alpha et ATT. A force de vouloir forger son destin, Soumeylou s’est surpris en train de forcer les choses. Pourquoi pas ? En effet, le tout puissant patron des services secrets maliens qu’il fut pendant huit longues années ne devait pas manquer de leviers pour soulever plus haut son ambition de futur président de la République du Mali. De tous les candidats à la succession d’ATT en 2007, Soumeylou a été celui qui s’est levé le plus tôt.
D’abord à l’intérieur de son parti, l’ Adéma au sein duquel les clans qu’il a suscité ou animé l’ont permis de se hisser au poste stratégique de numéro deux de l’ex- parti au pouvoir. Sa volonté de s’emparer du parti a tourné court. L’Asma (associations des amis Soumeylou Boubeye Maïga) qui deviendra plus tard Convergence 2007 se sont révélés trop étroits pour contenir la démesure d’une ambition d’un homme seul qui voulait coûte que coûte empêcher la réélection du président ATT.
ATT contre lequel il battra une campagne ferme et résolue. Par exemple, pour mieux s’attaquer au bilan des cinq ans d’ATT, Soumeylou voulait faire admettre que : «le Mali doit changer, le Mali peut changer le Mali va changer».
Nous ne savons trop en quoi le Mali a changer depuis que Soumeylou en parle et surtout depuis ces longues années où il a été ministre. Mais ce dont les maliens peuvent désormais être certains, c’est que Soumeylou lui a changé.
Il est en effet depuis ce mardi 08 août 2008, devenu conseil spécial du président ATT avec rang et prérogatives de ministre. Il reste que, même ses anciens camarades du FDR (opposition à ATT) qu’il a quitté sans crier gare retiendront de lui un homme d’une grande capacité d’organisation mais aussi de nuisance. Par les temps qui courent au Mali, on ne peut laisser en rade et dans la rue un ancien ministre de la défense, un ancien patron des services secrets et ancien patron d’un ancien parti au pouvoir.
Belco TAMBOURA
L’Observateur