Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien Premier Ministre de Alpha Oumar Konaré n’a pas sa langue dans la poche. A la faveur de la présentation de son livre à la presse le jeudi dernier à la maison de la presse, Me Abdoulaye Sékou Sow n’a pas été avare en confidences. On apprend de lui que son successeur à la Primature, Ibrahim Boubacar Keïta, a refusé de démissionner à la demande du Président de la République au moment des faits… ; que l’aile dure de l’Adema PASJ (le clan du professeur Mamadou Lamine Traoré) avait mis à prix, la tête de tout candidat à la Primature n’étant pas issu de ses rangs ; raison pour laquelle, poursuit l’auteur, «Younoussi Touré et moi, avions proposé au
Président Alpha Oumar Konaré de nommer Mamadou Lamine Traoré au poste de premier Ministre »…
C’est un document de 455 pages composé de 3 parties, intitulé « Problématique de l’Etat démocratique Républicain africain – Sa reconstitution au Mali», que l’auteur a présenté à la presse. Œuvre dans laquelle, il tente de démontrer que « l’Etat malien, de 1991 à nos jours, n’a pas fonctionné normalement » Et pour cause : «nous sommes allés trop vite en besogne» déplore-t-il. A titre illustratif : la conférence nationale se tiendra seulement après une insurrection populaire à l’origine d’un nouvel ordre. Ailleurs, indique-t-il, c’est la conférence Nationale qui a apporté ce changement radical.
L’auteur titille au passage, l’imaginaire populaire qui croyait dur comme fer que le changement constituait une panacée d’où le slogan «anté koro lè fè fo koura», repris à l’unisson par les insurgés. Mieux: on s’empressa plus tard à faire adopter une Constitution malheureusement calquée sur le modèle français en ignorant superbement nos propres valeurs, «valeurs conformes à notre mode de vie et d’existence». Dieu merci, il n’existe pas chez nous de cohabitation, autrement, la situation serait intenable. Il y a en eu presque avec le malentendu entre Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Keïta révèle l’auteur. IBK, selon les aveux de l’orateur, a refusé de démissionner sur la demande du premier, A.O.K au motif qu’il était fortement soutenu par son parti. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’un P.M était appelé à présenter sa démission.
Avant lui, c’était Younoussi Touré et Me Abdoulaye Sekou Sow lui-même : « j’ai démissionné au moins trois fois de ce poste ». Mais le Président ne voulait pas, pas encore. « C’est quand l’aile dure du parti a tenu des propos désapprobateurs à l’Assemblée Nationale à mon endroit que je
suis allé voir le président et lui faire part du complot en gestation contre mon gouvernement». Et pour toute réponse, Alpha Oumar Konaré aurait rétorqué : « Ah bon ! Tu ne savais donc pas qu’il y avait complot ? ».
Après leurs démissions respectives du Poste de Premier Ministre et à la demande du Président Konaré, les deux anciens (Younoussi Touré et Abdoulaye Sékou Sow lui-même) ont proposé le principal animateur de l’aile dure du parti, à savoir, le Professeur Mohamed Lamine Traoré pour des raisons bien évidentes : nul autre que lui ne pouvait réussir à ce poste à cause de ces détracteurs qui reprochaient à Alpha Oumar Konaré d’être PMT (Parti Malien du Travail) opposé au PRMD dont le Professeur était le digne représentant au sein de l’Adéma PASJ….
L’auteur va plus loin en indiquant qu’au plus fort moment des troubles des années 92 – 93, le Président Alpha Oumar Konaré l’aurait sollicité en sa qualité de Ministre de la défense, pour faire sortir les éléments de l’armée dans le but du maintien d’ordre.
L’Etat, du point de vue de l’orateur, reste à refonder. « Il nous faut construire une Justice forte mais propre ». Sur le plan politique, il a déploré la présence d’une «petite opposition». En tout état de cause, le livre de Me Sekou Sow mérite d’être lus.
B.S. Diarra
Aurore