Originaire du Ganadougou, une contrée situé dans la 3è région administrative du Mali, Sikasso. la très joyeuse et admirable,voie d’or du Ganadougou, Mamou Sidibé n’est plus à présenter au grand public. A 28 ans, sa voix ne laisse personne indifférent. Son clip « sorti en 2007, lui a valu un très grand succès.Mme Koné Mamou Sidibé s’est confié à nous.
Pouvez-vous présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Mamou Sidibé. Je suis originaire de Ganadougou dans la région de Sikasso je ne suis pas partie à l’école.
Comment êtes vous venue à la musique ?
Mon père est un joueur de balafon. En son temps il jouait pour les cultivateurs en hivernages pour les encourager. Une de mes grands-mères et moi l’accompagnais en chantant cette animation s’appelle « tchi foli » (animation de culture). Donc c’est depuis à bas âges que j’ai appris à chanter. Ma mère, de son côté accompagnait également les femmes dans les champs en chantant. Cela s’appelle « muso tchifoli » c’est-à-dire animation pour les femmes.
Combien d’albums avez-vous réalisé ?
J’ai sorti 3 cassettes « Nakan » avec la chanson nimissa en 1999, « Moussoya » en 2003 et « Djougouya » en 2007.
Qu’évoquez vous dans vos chansons ?
Je chante le destin, le mariage, la patience, l’adversité. Aujourd’hui, la vie est très difficile et pleine d’adversité. Mais cela ne doit point décourager. Au contraire, il faut avancer, au delà de tout, j’estime que l’homme suit son destin qui se ré »alise indépendamment de la volonté et de celle des autres.
Votre clip « mari » paru l’année dernière a eu un très grand succès. Parlez nous de cette belle chanson ?
J’interprète « mari ». En fait, c’est une vieille chanson que chante depuis longtemps ma grand-mère, Gninè Samaké. Qui est encore vivante ? Vous savez, Ganadougou est un ensemble de villages et chaque année, à lieu l’intronisation du chef traditionnel (Djamanatigui sigui » de cette contrée. Ma grand-mère chantait « mari » au cours de ce grand évènement appelé « senté » l’histoire raconte qu’au Ganadougou, il y’avait toujours des guerres qui opposait les différents villages. Un jour, mari, un chef traditionnel peulh décida d’aller à la rencontre de l’ennemie pour se battre plutôt que d’attendre qu’il vienne attaquer son village. En partant, il réunit ses sujets et leur expliqua qu’il vaincra ou sera tué, mais que l’on n’entendra jamais qu’un peulh a été fait prisonnier. Dieu faisant bien les choses, il remporta la victoire et cette chanson fut composée à son honneur. Depuis elle est toujours interprétée lors des cérémonies d’intronisation.
A quelles difficultés êtes vous confrontée ?
Je pense que tous les artistes maliens sont préoccupés par le même problème : la piraterie. Aujourd’hui ce fléau a atteint des proportions alarmantes : par exemple, l’original de mon dernier album en DVD coûte 2000 FCFA, mais vous pourriez vous le procurer à 750FCFA avec les revendeurs ambulants. Ce sont des DVD de très mauvaise qualité.
Par ailleurs, sous d’autres cieux, si vous réalisez un album, vos droits permettent de vous nourrir, mais mois je suis à ma troisième cassette et je m’en sors difficilement. Je suis toujours à pied et reste en location. Outre cela, il faut aussi dire que je ne suis pas griotte, mais artistes. Raison pour laquelle je ne fais pas les louanges des gens pour avoir de l’argent. A cela, il faut ajouter que généralement les week-ends, nous sommes sollicités pour animer des concerts, mariages ou baptêmes. Notre plus grand problème c’est le manque d’instruments de musique. Pour animer, nous louons les instruments à 40.000 ou 50.000FCFA. Si vous déduisez le prix de la location de nos avoirs, il ne reste plus grand-chose. Quelques fois, vous avez même de sérieuses difficultés pour payer vos collègues après les soirées. Mais les gens pensent que nous les artistes nous sommes riches. Autres exemples : pour promouvoir ma dernière cassette, j’ai animé 16 concerts à l’intérieur du pays. Tenez vous bien ! La location des instruments de musique m’a coûté 27.500FCFA par jour et celle du véhicule de déplacement 28.000FCFA par jour pour 16 sorties.
Combien coûtent les instruments de musique que vous utilisez ?
Pas moins de trois millions de FCFA
N’avez-vous pas sollicité de prêt auprès des institutions de financement ?
Si, mais les tracasseries m’ont découragée.
Avez-vous bénéficié d’un financement quelconque de l’Etat pour la promotion de vos cassettes ?
Non. Mes deux premiers albums ont été réalisés par Mali K7. La troisième également. Sur fonds propres et avec l’aide de mes parents.
En dehors de la musique à quoi vous intéressez encore ?
Comme j’aime le commerce, j’ai ouvert un magasin qui est géré par un de mes frères.
Votre mot de la fin ?
La musique m’a apporté la popularité.
Je salue mes fans.
Mon souci est de quitter la location et surtout d’acquérir des instruments de musique afin d’améliorer ce que je fais. Car beaucoup de nos concerts tombent à l’eau à cause du manque d’instruments de musique.
Tout cela est très fatiguant et ceux qui ont leurs propres instruments sont plus heureux. Par ailleurs, mon oncle Djourou Diallo, qui est un très grand flûtiste est tombé malade. Il est actuellement paralysé. J’ai sonné l’alerte, mais personne n’a levé le petit doigt pour lui venir en aide.
C’est un homme très talentueux qui a sillonné le monde entier avec sa flûte.
Je demande aussi à la population de ne pas payer les cassettes et DVD piratées qui sont de mauvaise qualité.
A.M BamaNet