Après les albums Didady en 1988, Nyamatoutou en 1990, Kourouni, Mangoni en 1993, Yankaw en 1997, Yaala en 2000, Bougouni en 1999, Diby en 2004, Nahawa Doumbia revient dans les bacs en 2009 avec l’album Kabako. Née à Mafélé et élevée à Bougouni (chef-lieu du Wassoulou) dans la riche tradition musicale spécifique, la reine du Didadi (un rythme sur lequel les jeunes gens se défient lors des cérémonies et des soirées de fête), Nahawa Doumbia fait partie des grandes chanteuses maliennes de renommée internationale.
Elle a une histoire triste. Sa mère est morte en la mettant au monde et son père, pris de folie et de douleur, a voulu enterrer ce bébé maudit à la naissance. Nahawa n’eut la vie sauve que grâce à l’intervention de sa grand-mère qui la recueillit. Mais, décidément, le destin semblait s’acharner sur ce nouveau-né puisque la vache de la grand-mère était trop âgée pour donner du lait. On trouva donc en catastrophe une autre vache pour nourrir l’enfant mais un orage éclata et la vache mourut, frappée par la foudre. La grand-mère de Nahawa fit alors le tour du village, quémandant du lait aux femmes qui venait d’accoucher. C’est par la suite que sa grand-mère a eu du lait dans le sein et nourrit l’artiste mystique et mystérieuse. Cette histoire est raconté dans une de ses chanson « Néyèrè ».
Ces débuts dans la vie qui ont façonné le chant de Nahawa, toujours empreint de mélancolie, on devine sans peine que l’histoire de sa naissance et de sa survie miraculeuse a dû lui être racontée un certain nombre de fois, lui forgeant une légende à l’âge où d’autres se contentent de faire leurs premières dents. Par la suite, son parcours est plus classique. Découverte par les agents du ministère de la Culture alors qu’elle chantait en groupe avec ses amis, elle participe aux « Semaines de la Jeunesse » à l’échelon local tout d’abord puis régional. En 1980, elle prend part à la Biennale de la jeunesse -qui se regroupait tous les deux ans à Bamako- et gagne avec Tinye De Be Laban. Forte de son succès, elle se présente alors au « Concours Découvertes » de Radio France International dont elle a été lauréate en 1981. Elle a réalisé une série d’enregistrements, mais c’est en revenant à une formule traditionnelle acoustique fidèle à la tradition musicale du Wassoulou (balafon, kamele, n’goni, guitares et percussions) que Nahawa Doumbia a gagné ses galons sur la scène internationale.
Ses textes ont une dimension sociale, donnant des conseils sur la conduite à tenir ou commentant des évènements de la vie.
Dans l’Album Yankam Nahawa s’adresse aux émigrés sans papiers face aux diverses vicissitudes imposées par l’administration française Bien qu’elle ne sache ni lire ni écrire, Nahawa Doumbia est l’auteur de la majeure partie de ses textes et de ses musiques.
Dans son nouvel album Kabako, composé de plusieurs titre, Nahawa parle de « Tignè » qui signifie l’héritage, elle parle du problème qui tourne autour de l’héritage, des guerres fratricides qui se trouvent actuellement dans le monde, ensuite elle parle aussi des faits divers formulés sous forme de conseil pour amener l’être humain à changer positivement. Elle puise son inspiration dans la vie de tous les jours, dans sa propre histoire comme miroir de la douleur du monde. Douleur qu’elle connaît malheureusement bien puisque, avant de devenir une chanteuse à succès, elle a travaillé pendant douze ans comme infirmière à Bougouni. Fonction qu’elle continue d’exercer.
Aminata Mariko, BamaNet