Le show a dû être interrompu après seulement une demi-heure
Il était très attendu à Bamako par ses fans et mélomanes. Mais son concert a tourné au fiasco. Il s’agit de Sean Paul, l’artiste américain d’origine jamaïcaine,
considéré aujourd’hui comme l’une des plus grandes stars du raggamuffin (un style musical dérivé du mouvement dancehall reggae), du R&B et du hip hop, les styles musicaux les plus en vogue.
Sean Paul était d’autant attendu que c’était la première fois qu’une star américaine d’envergure internationale se produisait à Bamako. Ce concert géant était donc un test intéressant sur la capacité de notre pays à accueillir des artistes de cette dimension. C’est raté. Une mauvaise organisation a conduit à des bousculades suivies d’une intervention inappropriée des forces de l’ordre. Cette intervention a fait de nombreux blessés.
Pourtant le show avait commencé comme sur les chapeaux de roue. Aux environs de 21 heures, la star américaine avait fait une entrée fracassante sur la scène du stade omnisports, sous les ovations de plus de 15 000 spectateurs. Ceux-ci avaient entièrement rempli la tribune ouest. Une partie du public avaient envahi la pelouse sur laquelle était installée le podium, côté nord appelé aussi côté colline du Point G.
C’est au cri de « Sean Paul love you », repris en chœur et relayé par les puissantes installations de Média Plus Com que l’artiste fut accueilli. Lui-même, les deux choristes, les trois danseuses se défonçaient comme de beaux diables sous un déferlement de décibels et de lumière. Ses titres célèbres comme « Excite Me », « Infiltrate », « Hot Gal Today », « Deport Them, « Gimme The Light », « I’m Still In Love With You », « Stage One », étaient repris en chœur par le public.
Celui-ci était constitué en majorité de jeunes filles et garçons et exultait aussi bien dans les tribunes que sur la pelouse. Après seulement une demi-heure de prestation de Sean Paul, l’autre partie de public qui était resté derrière la barrière en corde commença à jeter des objets car elle ne pouvait plus voir la scène. Ceux qui occupaient les places VIP s’étaient dressés sur leur siège afin de afin de mieux apercevoir le spectacle.
A bout de patience, ceux installés derrière tentèrent de se rapprocher de la scène. C’est à ce moment que la police intervint. Elle commença à frapper sans discernement.
Le ministre de la Culture, Mohamed El Moctar, était parti peu avant les débordements. Le chanteur qui voyait du haut du podium ce qui se passait, appellera à plusieurs reprises au calme. Mais rien n’y fit. Les policiers tentèrent d’évacuer le public qui menaçait d’envahir la scène. Résultat : plusieurs dizaines de blessés légers dont notre consœur Nabou Touré qui assurait la présentation. Elle s’est retrouvée avec plusieurs contusions.
C’est à ce moment que les agents de la sécurité rapprochée de l’artiste ont décidé d’arrêter le concert et de ramener la star à l’hôtel.
Mamadou Cissé, le directeur de Média Plus Com, assure que son matériel n’a heureusement subi aucun dommage. Il s’inquiétait plutôt pour les risques d’électrocution car le public était en train de piétiner les câbles électriques qui transportaient du courant de 380 volts. Son équipe avait installé 10 kilowatts de son sur la scène à la demande des artistes, 150 spots, avec une vingtaine robotiques, des vidéoprojecteurs et quatre cameras. Ce dispositif a permis de projeter les images du concert pour une grande partie du public.
Depuis l’incident, les organisateurs, Africa Scène Diffusion, Mali-Événement, GA et Prestige Consultant gardent le silence.
Dommage qu’un show de cette dimension tourne au vinaigre.
Y. DOUMBIA