Une consécration de plus pour Salif Kéita et la musique malienne ! En effet, depuis jeudi dernier, on sait que le « Petit Larousse illustré » s’est ouvert au Rossignol de la musique malienne voire africaine. L’enfant de Badougou Djoliba fait une brillante entrée dans le dictionnaire français.
Cette année, une centaine de nouveaux mots et une cinquantaine de personnalités supplémentaires font leur entrée dans le célèbre dictionnaire.
Outre le chanteur et auteur-compositeur français d’origine grecque, Georges Moustaki, l’honneur est revenu à Salif Kéita de savourer cette prestigieuse distinction réservée aux personnalités les plus illustres du monde. Une consécration amplement méritée par le Rossignol du Moffou, son espace culturel de Kalaban Coro, qui est non seulement une méga star du show biz, mais aussi un humaniste convaincu et un grand ambassadeur de la francophonie.
Depuis des années, Salif fait partie du cercle des plus grandes vedettes de la world music. L’enfant de Djoliba, s’est imposé dans le show biz international avec des œuvres anthologiques comme Ko-Yan (1988), Amen (1991), Folon (1995), Sosie (, une reprise de chansons françaises célèbres, 1997), Papa ou Mama (1999), Moffou (2002) et, l’an dernier, M’Bemba. Très généreux, c’est aussi un artiste résolument engagé dans des combats socio humanitaires (SOS albinos, lutte contre la faim, le VIH/Sida, le paludisme…).
Salif Kéita a déjà de nombreuses reconnaissances de son talent à travers le monde. Et l’homme continue de prendre sa revanche sur le destin. En effet, le rossignol a eu une enfance et une adolescence difficile. Salif Keïta a vu le jour le 25 août 1949 à Djoliba, un petit village manding au bord du fleuve Niger. Né Albinos, noir de peau blanche, il est rejeté par sa famille qui voit en cette différence de couleur une malédiction. Renié, caché, isolé, Salif découvre la solitude et la honte. Il ne trouve un réconfort qu’auprès des animaux et puise ses ressources dans la nature. Pour tromper l’ennui, l’enfant-berger imite ses amis, les oiseaux, et développe des capacités vocales exceptionnelles. Seul, il se plonge dans les livres et se prend de passion pour les chants des griots, poètes itinérants qui transmettent les traditions orales de génération en génération.
Son père, fier agriculteur de père en fils, refuse de voir son fils emprunter cette voie de saltimbanque. Persuadé de sa vocation, Salif Keita n’a qu’une solution, quitter son village pour s’installer à Bamako. À la fin des années soixante, le talent en herbe fait ses débuts dans les cabarets de la capitale. Séduit par le timbre si particulier de ce jeune interprète, le saxophoniste Tidiani Koné lui propose d’intégrer son groupe «Le Rail Band de Bamako».
En 1973, il quitte le groupe pour rejoindre une autre formation, «Les Ambassadeurs», menée par le guitariste Kanté Manfila. Le groupe se produit régulièrement au célèbre Motel de Bamako avant de partir pour une grande tournée en Afrique de l’Ouest. En 1978, le groupe s’installe à Abidjan où ils enregistrent Mandjou, un premier album, qui connaît un énorme succès commercial. Forts de la réussite de ce coup d’essai, Salif Kéita et Kanté Manfila s’expatrient aux Etats-Unis et s’installent trois mois à New York où ils enregistrent les albums Primpin et Toukan qui suscitent le même enthousiasme que Mandjou.
Invité au festival d’Angoulême en 1984, le Rossignol est acclamé. Charmé par la France où le mouvement afro est en plein essor, l’enfant de Djoliba quitte définitivement la lagune Ebrié (Abidjan) et s’installe au bord de la Seine (Paris). En 1987, il publie son tout premier album solo, Soro. Cet opus interprété en Malinké connaît un succès immédiat en France. La même année, il est invité en Angleterre pour un concert organisé à l’occasion des 70 ans de Nelson Mandela avec des stars consacrées comme Youssou N’Dour.
Ce fut un tournant décisif de sa carrière car il est par la suite intégré au cercle fermé des vedettes de la World Music. Reconnu dans le monde, Salif Keïta poursuit aujourd’hui une carrière fantastique et atypique. Véritable virtuose, Salif nous offre dans son dernier opus, MBemba (les ancêtres), une musique radieuse dès plus respectueuse de ses origines. Un album digne et royal. Tout ce qu’on peut lui souhaiter aujourd’hui, c’est que sa nouvelle consécration soit suivie d’un disque d’or amplement mérité pour l’ensemble de sa carrière.