De son vrai nom Issiaka Bâ, Amkoullel est sûrement l’un des artistes qui ont écris les plus belles pages du Rap malien. Permanemment inspiré, cet artiste coqueluche d’une bonne partie de la jeunesse malienne a mis, il y a peu, sur le marché discographique son dernier album intitulé « Ne Ka Mali ». Quel est le parcours de cet artiste qui ne cesse d’impressionner ses fans à chaque sortie d’album ?
Comme la plupart des artistes qui ont embrassé la musique Rap, c’est très jeune que Issiaka Bâ, alias Amkoullel s’est embarqué dans le navire à destination de l’univers du Rap. Mais, il a fallu attendre 1993 pour le voir organiser son premier concert Rap. Et, comme si ce concert avait exorcisé la voie, Amkoullel va multiplier les collaborations, jusqu’à la création de son groupe intitulé « Kouma Guerya » ou la guérilla de la parole. Pour prôner une guérilla de la parole, l’artiste doit prouver qu’il est exceptionnellement inspiré. Il ne tardera pas à faire parler de lui, avec la sortie en 2002 de son premier opus « Infaculté ». Cet album fera remarquer l’artiste avec des textes dérangeants contre l’ignorance. Au moment où ses fans n’avaient pas fini de déguster les morceaux du premier album, l’artiste va les surprendre, en 2003, avec sa deuxième œuvre au nom évocateur de « Surafin » ou le pot de vin. Avec la sortie de cet album, ses fans vont devoir attendre jusqu’en 2007, pour le voir revenir avec son album « Waati sera » ou il est temps. Dans cet album, fruit d’une autoproduction sous le label « Woklo Barka Prod », Amkoullel va militer contre l’image dévalorisante qu’ont certains Africains d’eux-mêmes. Pour les critiques et autres observateurs, c’est à partir de cet album que l’identité musicale de Amkoullel va s’imposer. C’est aussi cet album qui va lui permettre remporter le « Tamani d’or » du meilleur rappeur malien en 2007. Certes partisan du Rap, Amkoullel a la particularité d’expérimenter la fusion entre les sonorités des instruments traditionnels du Mali, le jazz et le rock. Cela n’est pas le fait d’un hasard. Dès le début de sa carrière, ce jeune artiste avait compris qu’il n’avait aucun intérêt à se confiner au seul Rap. C’est à cette époque qu’il a mis en place une stratégie douce, sans tambour ni trompette pour s’ouvrir à d’autres styles de musique. Il est aujourd’hui reconnu comme l’artiste malien qui a une grande capacité de faire des fusions musicales sans s’éloigner des rythmiques traditionnelles de son pays. Ce qui pourrait s’expliquer par son ancrage dans le groupe du célèbre Cheick Tidiane Seck qu’il a intégré dès 2004. Il eut le privilège de participer à deux reprises au « Nice Jazz Festival » avec l’opportunité de côtoyer des stars comme Manu Dibango, Keziah Jones, Rokia Traoré. Cela lui a donné l’occasion de faire des prestations avec des artistes comme Alpha Blondy, Lobi Traoré ou Tiken Jah Facoly. Et comme le veut l’adage « qui veut aller loin ménage sa monture », Amkoullel, en octobre 2008, s’est doté d’un groupe qui porte son nom. En plus de sa capacité de jouer en live sur toutes les scènes du monde, ce jeune s’est attaché le service de deux danseuses dont la prestation en elle-même est un spectacle. Et, une telle prouesse ne peut passer inaperçue. En 2009, Amkoullel obtient trois trophées au Mali hip hop awards : meilleur single de l’année, meilleur clip et meilleur featuring. Cela le conduit à être programmé en tête d’affiche du festival Ouaga Hip hop en 2009. La même année, il est sollicité pour figurer sur les compilations de « francophonie 2009 » et « afrolution volume 2 ». S’il était propriétaire de la première école de danse hip-hop du Mali, « Le farafina club », Amkoullel, à la faveur de l’émission de téléréalité « Case Sanga II », a surpris les téléspectateurs de la chaîne panafricaine « Africable » avec son génie d’animateur.
Assane Koné