C’est nouveau succès d’importance pour la musique malienne sur la scène nternationale : la chanteuse, Rokia Traoré vient de remporter une « Victoire » (équivalent français d’un award) dans le registre « musiques du monde » avec son album « Tchamantché ».
Le prix a été décerné samedi soir à Paris lors de la 24è édition des « victoires » de la musique française. Notre compatriote a devancé Seun Kuti, le fils de la légende nigériane de l’afro-beat Fela, Magic System et Slaï.
La consécration de l’album « Tchamantché » (Le milieu ou l’équilibre en langue nationale bamanan), paru l’an passé, constitue une évolution majeure dans la carrière de la jeune chanteuse. Rokia Traoré s’y est éloignée des rythmes traditionnels pour adopter un style rock et avec des accents de blues. Le balafon, la calebasse et le n’goni sont remplacés par une basse-batterie et des guitares électriques.
Considérée par la critique française comme la plus « audacieuse » des artistes africaines en terme d’innovation, Rokia Traoré s’essaie à un nouveau style plus moderne sans cependant perdre de vue le fond africain qui fait sa personnalité d’artiste.
L’album « Tchamantché » s’inscrit ainsi dans le registre de la musique africaine mais a très peu à voir avec l’univers des grands noms de la musique malienne. Les amateurs de blues et de rock contemporain y trouveront leur compte, même si les textes sont pour la plupart chantés en langue bamanan.
« J’avais besoin de me sentir de nouveau comme quelqu’un qui commence sa carrière. J’adore expérimenter, faire les choses différemment. C’est ce que j’ai fait en intégrant le son de la guitare gretsch dans mon univers et en développant ma musique à partir de ce qu’elle m’apportait de différent », témoignait-elle lors de la sortie de l’album.
Fille de diplomate, Rokia Traoré est née le 24 janvier 1974 au Mali. Elle vit sa double culture malienne et française au quotidien, entre Amiens et Bamako où résident ses parents.
De sa guitare sèche au « goussoun balla » de Kolokani (sa localité d’origine), en passant par les guitares électriques, Rokia Traoré propose un mélange original. Sa voix intense et percutante a fait d’elle une chanteuse de renommée internationale après seulement ses deux premiers albums : « Mouneïssa » et « Wanita ».
En 2003, elle sort son troisième volume intitulé « Bowmboï » et entame une tournée française en 2004. L’album au charme captivant est chanté exclusivement en bamanan.
Puis en 2005, la chanteuse est invitée à rejoindre un casting de stars réunissant notamment Fontella Bass et Dianne Reeves pour une tournée américaine pour un spectacle consacré à la vie de Billie Holiday, « Billie and Me ». En 2008, elle revient avec l’album, « Tchamantché ».
Son agenda est déjà rempli jusqu’en novembre avec une série de concerts programmés dans plusieurs pays européens dont la France, la Belgique et la Hongrie.
Y. DOUMBIA