Son dernier album « La Différence » a remporté samedi le trophée du meilleur album de « Musique du monde »
C’est une nouvelle victoire pour la musique malienne. En effet, notre compatriote Salif Kéïta a remporté samedi au Zénith de Paris, le trophée de meilleur album de « Musique du monde » dans le cadre des « Victoires de la musique ». Son dernier album « La Différence », sorti au pays, en Afrique et en France cette année, a été plébiscité en France. Les autres nominés dans la même catégorie étaient « Welcome to Mali » de nos compatriotes Amadou et Mariam, « Nha Sentimento » de la Cap-Verdienne Cesaria Evora et « Bonjour » de l’Algérien Rachid Taha,. Cette récompense a été décernée par un collège de 1226 professionnels (musiciens, artistes interprètes, auteurs, compositeurs, producteurs, disquaires, réalisateurs de clips, ingénieurs du son et critiques) lors d’un vote à un tour. Les votants étaient constitué de 40 % d’artistes (interprètes, musiciens, auteurs, compositeurs…), 40 % des professionnels de la production musicale et 20% d’autres professionnels des milieux proches du monde de la musique (agents d’artistes, disquaires, critiques musicaux, programmateurs de radios…) Salif Keïta est le troisième artiste malien à remporter cette récompense instituée en 1992, après le couple Amadou et Mariam pour leur album ‘’Dimanche à Bamako » en 2005 et Rokia Traoré avec Tchamantché, l’an dernier. D’autres musiciens africains ont également remporté cette distinction. Il s’agit de la Cap-Verdienne Cesaria Evora (2000 et 2004), des Algériens Faudel, Khaled (1995), Rachid Taha (2001) et Souad Massi (2006), de l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly (2003), du Guinéen Mory Kanté (1998), du Tchadien MC Solar (1992), du Camerounais Manu Dibango en 1993. Disque constitué de neuf titres, dont trois reprises, ‘’La Différence » est l’un des albums les plus engagés de l’artiste. Il a été enregistré dans son propre studio Wanda Records, au Moffou à Kalabancoro à Bamako. Pour la première fois, Salif Keïta chante son albinisme en appelant les hommes à faire de leurs différences, non pas des sources d’incompréhension ou de conflits, mais de richesse. « San Ka Na », « Seydou », « Folon », « Papa » sont aussi des titres que l’on retrouve dans cet album. « Un disque, c’est comme un enfant. On se fiche qu’il soit beau ou pas. L’important, c’est d’avoir fait ce qu’on voulait faire. On va l’élever et le défendre pour lui donner le chemin de la gloire. Mais déjà, il me plaît, parce que c’est mon enfant. (…) C’est le fruit de l’amour. Et l’amour, partout, perce plus fort que les balles d’un fusil », déclarait récemment Salif Keïta à propos de cet album. En 2004, ses efforts de création avaient déjà été récompensés à travers le trophée Kora pour l’ensemble de ses oeuvres à Johannesburg en Afrique du Sud. De 1987 à 2010, Salif a réalisé dans sa carrière solo plus de 23 albums dont « Soro », « Ko-yan » « Amen », « Papa », « Moffou » et « M’Bemba ». Né en 1949 à Djoliba, Salif Kéïta, obtient son diplôme d’instituteur avant de se lancer dans la musique en 1968. Après avoir galéré dans les rues de Bamako, il intègre le Rail Band du buffet Hôtel de la gare. En 1973, il rejoint les « Ambassadeurs » du Motel avant de s’exiler à Abidjan en 1978. Dans la capitale ivoirienne il crée les « Ambassadeurs internationaux » avec entre autres son ami et arrangeur Kanté Manfila de la Guinée qui était aussi membre du groupe des « Ambassadeurs » du Motel. C’est à partir de 1984 que Salif Kéïta s’installe pratiquement en France où il est continuellement sollicité pour les concerts, les festivals, et les collaborations dans des films, des créations communes et des oeuvres humanitaires comme « Tam-tam pour l’Éthiopie » en 1985. Depuis 2007, Salif Kéïta a fait son entrée dans le dictionnaire français le Petit Larousse illustré.
Youssouf Doumbia