L’artiste musicien ivoirien Alpha Blondy, star internationale de reggae, fait une irruption fracassante cette semaine, sur le terrain politique national en émettant son avis, sans nul doute partisan, sur l’évolution actuelle de la situation en Côte d’Ivoire.
Dans une interview accordée au quotidien gouvernemental Fraternité Matin parue mercredi et dans laquelle il aborde, pèle mêle, différents thèmes parlant des hommes politiques américains, de son rendez-vous manqué d’Alger et surtout de la démocratie et la bonne gouvernance, des élections ivoiriennes à venir et les principaux acteurs de celles-ci, il prend position de façon nette et claire en faveur d’un des candidats, notamment le chef de l’Etat : « Laurent Gbagbo mérite deux mandats » affirme-t-il.
L’artiste justifie sa position en ces termes, sur un fond d’ironie : «Pour moi, il lui faudra deux mandats parce qu’il n’a eu que deux prolongations sans que le match proprement dit ait eu lieu, you know ! » Il poursuit dans sa démonstration pour livrer entièrement le fond de sa pensée: «Laurent Gbagbo est arrivé au pouvoir et n’a jamais eu le temps de commencer à travailler. Entre deux coups d’Etat manqués, il n’a pas eu les mains libres pour commencer son programme de société. Il a passé son temps à colmater les brèches de ses prédécesseurs. Je voudrais donc qu’on lui donne sa chance. Une chance véritable pour que le peuple puisse le juger sur ses actes à la fin de son mandat… ».
Du défunt chef de la junte militaire le Général Robert Gueï à qui il a accordé quelques lignes en évoquant le passé tumultueux de la démocratie ivoirienne, il dit : «Souvenez-vous, sur les radios étrangères, j’avais prévenu Gueï qu’il serait trahi. J’ai même dit à son fils Franck Gueï de dire à son « vieux » de ne pas se présenter aux élections… »
« S’agissant de M. Bédié, poursuit Alpha Blondy, lorsque le concept de « l’Ivoirité » a éclaté à notre figure, j’ai attiré son attention sur la situation explosive que cela pourrait déclencher. Il avait 120 conseillers et personne n’a pu lui dire attention, ce concept de l’ivoirité que vous considérez comme une revolution culturelle, est une bombe à fragmentation… ».
Alpha Blondy n’aura absolument rien dit cependant, dans cette interview, de l’autre homme politique ivoirien, Alassane Ouattara, à qui une interview précédente avait été consacrée. L’artiste a choisi de conclure son entretien par un appel franc en faveur du chef de l’Etat à l’occasion des prochaines élections : «J’appelle les Ivoiriens à voter massivement le candidat Laurent Gbagbo qui, même s’il a combattu Houphouët Boigny, ne l’a pas fait avec les armes… » dit-il ouvertement.
Mais quelle est donc la raison profonde qui justifie véritablement le soutien inconditionnel d’Alpha Blondy au chef de l’Etat ivoirien ? Cette raison est évoquée plus loin. Elle est plus ou moins subjective : « Durant ma mission onusienne, M. Laurent Gbagbo a pris le temps d’écouter un marginal comme moi. Deux heures durant. J’ai un grand respect pour les gens humbles. Il est venu me voir lorsque j’ai perdu mon ami Pinto… bref, Laurent Gbagbo a conjugué un certain respect vis-à-vis de ma modeste personne et je voudrais être à hauteur de ce respect, you know !» rajoute-t-il.
Une prise de position qui ne manquera certainement pas de susciter de vives réactions à l’endroit de l’artiste.
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