Qu’elle fut laborieuse cette saison 2009-2010. Des paroles aux actes, des passions souvent excessives au retour d’un climat de sérénité au niveau des entités sportives, en passant par le manque d’ambition des clubs à se faire respecter en Afrique et à l’illisible approche marketing la saison du cinquantenaire de notre sport roi restera gravée dans les annales.
Un exercice qui a souri au niveau du résultat sportif, au Stade malien sacré champion du Mali, au Réal vainqueur de la coupe nationale après dix neuf années de disette et surtout à l’Association sportive de Bamako qui fait un retour en force en Ligue1, en compagnie du Centre d’animation sportive de Sevaré (CASS), attendu la saison prochaine pour un dur apprentissage du football d’élite. Et au final, l’AS Bakaridjan se maintient parmi l’élite alors que le Stade malien de Sikasso et le Sigui de Kayes tombent à l’étage inférieur. Personne n’attendait cependant les Blancs de Bamako à pareille fête en début de saison. Au sortir d’un exercice 2008-09 qu’elle avait achevé avec les honneurs d’une première consécration africaine pour un club malien, l’équipe du complexe sportif de Sotuba, après le départ de plusieurs cadres à l’extérieur, était en effet loin de partir favorite pour ravir la vedette à l’équipe de Hèrèmakono, au palmarès des 28 éditions du championnat national. Ou reconquérir son trophée de la coupe CAF. Tout juste la voyait-on se qualifier pour la phase de groupe de cette compétition continentale et porter la casquette de finaliste de la 50e édition de la coupe du Mali. Mais huit mois plus tard, ce sont bien Cheïbane Traoré et ses partenaires qui ont soulevé le trophée de la Ligue 1 au terme d’un mano à mano avec le Djoliba. Ce qui a fait gagner au Stade malien, la couronne de champion, c’est d’abord cette grande capacité mentale de toute la famille blanche à se concentrer sur l’essentiel. Le démon de la contestation interne a fait tanguer les esprits pendant un bon moment à Sotuba, au point que les résultats sportifs ont failli en pâtir. Mais les dirigeants et les supporters, ont au nom de l’intérêt supérieur de « la chose qui les unit », su dominer au meilleur moment leurs passions. Les joueurs ont suivi, en prouvant qu’ils ont des ego. Mais que ce sont des ego contrôlés. Personne n’essaya de faire quelque chose tout seul ou franchir le rubicond. Les joueurs ont travaillé très dur pour se mettre à la hauteur du challenge. Tout le monde a répondu, en sa manière, présent pour réaliser ce sursaut qui vient d’aboutir à l’acquisition de sa 13e couronne de laurier de son histoire en championnat national. Un sacre auquel le Stade a été sevré pendant trois ans, (2007). C’est une année exceptionnelle pour le Réal. Le club détenteur du trophée commémorant les 50 ans de la coupe du Mali, revient de loin, surtout quand on se rappelle les folles passions qui ont secoué les Scorpions au début des années 90. Ce 10e trophée national vaut d’autant par sa valeur sportive, acquise de hautes luttes que par toute la symbolique qui entoure cette édition 2010 de la coupe du Mali. 5e au classement de la Ligue1, l’année dernière (avec 40 points et +4) et 6e cette saison, (35 points et +4), le Réal annonce son retour en force pour récupérer sa vraie place dans le trio de ténors du football malien. Malgré trois titres de champion du Mali consécutifs, les Rouges, entamaient cette saison 2009/2010 avec beaucoup moins de convictions et de certitudes que la saison précédente. Champion avec seulement six points d’avance sur le COB son dauphin juin 2009, le Djoliba se devait de se méfier de tout le monde cette saison. Une méfiance qui viendra à bout des hommes de Hèrèmakono puisqu’à la 26e journée le Djoliba perdra finalement sa place au profit du Stade malien. Il faut aussi noter la détermination dont ont fait preuve les « Boys » du CSK qui ont totalement renversé la tendance en revenant de très loin derrière les Blancs de Sotuba et les Rouges de Hèrèmakono. Et en s’alignant pour la première finale de coupe du Mali dans l’histoire du club. Champion du Mali pendant trois années consécutives, (2007, 2008 et 2008), très actif dans l’animation de la flamme sportive, le Djoliba était attendu en haut de l’affiche cette saison encore. Tout en haut, même. Mais les Rouges de Hèrèmakono se sont surtout distingués cette saison par le manque criard d’ambitions sportives. Un couac qui, cumulé avec la désillusion de la ligue des champions, où le club visait la phase de poule, mais s’est fait sortir dès à cette porte par le TP Mazembé, n’est quasiment pas atténué par la qualification en phase de groupe de la coupe CAF. Si bien qu’à peine la saison internationale entamée, Hèrèmakono veut laisser filer certains cadres détenteurs de la licence CAF. N’empêche, c’est avant tout sur des jeunes formés au club que Arouna Macalou et Brehima Traoré comptent s’appuyer en 2010-11. Pour mieux rebondir ? En attendant, il va falloir consolider sa bonne entrée en matière en phase de poule de la coupe CAF. Le Djoliba a tout ce qu’un dirigeant visionnaire d’un club de football, a besoin pour réussir. C’est à dire des groupes d’inconditionnels prêts à soutenir à tout point de vu le club. Mais ce bon capital de ressources humaines est mis en mal par le manque d’ambitions sportives de certains responsables. Le Djoliba a passé une saison « blanche » sur le plan national. Et ce n’est pas vraiment immérité au vu de ses « qualités négatives ». L’équipe de Hèrèmakono a tout simplement montré qu’elle était une équipe juste moyenne. Auteur d’un début de saison plus que correct, avec une 2e place au classement, (12 points, +7), derrière le Djoliba (16 pts, +6), au terme de la 6e journée, le COB n’a pas démontré son envie à dépasser le maître djolibiste, (leader à ce moment du championnat). Pire, les Olympiens chutaient la journée suivante à la 3e place au profit des Blancs. Finalement confronté aux rudes adversités de la compétition africaine, le COB fait illusion en éliminant les Sierra Léonais de Centrale Parade, (0-0 et 4-0 à Bamako) en coupe CAF, avant de n’échouer à la citadela desportivo de Luanda devant le Primeiro De Augusto, malgré un nul flatteur (0-0) réalisé au stade Modibo Keïta. Depuis le COB a cessé de faire impression, chutant jusqu’à la 6e place à l’issue de la 20e journée. Présent en haut de classement dès le commencement de cette saison 2009/2010, la Jeanne d’Arc ne s’attendait certainement pas à un tel dénouement de la saison. Sinon elle se serait battue pour une place africaine. Après la fâcheuse question de la 14e journée, les hommes de Seydina Oumar Sow se sont peu à peu démobilisés quant à leur objectif de titre ou de coupe. Une démobilisation qu’ils paieront cher puisque la J. A. terminera sa saison à une bien triste 5e position qui n’assure pas au club une place en coupe CAF la saison prochaine. Après avoir produit l’un des meilleurs footballs cette saison et enlevé le trophée du meilleur buteur, (Bougadary Fomba, 13 buts), la J. A. peut tout de même nourrir des regrets. Tout au long de cette périlleuse saison, l’ASKO aura toujours gardé son rang dans les 5 à 8 premières places jusqu’au terme de la 26e journée. Par la faute d’être moins impressionnante face aux équipes de faibles pointures, l’ASKO ne pouvait en aucun cas viser plus haut, malgré la jeunesse et la valeur technique de son effectif. Grâce à ses victoires devant les ténors bamakois, l’ASKO peut donc se féliciter d’une telle saison.
(à suivre)