La vice-championne d’Afrique du 200 m et le multiple champion du Mali du 400m/haies seront les porte-drapeaux de l’athlétisme malien en Chine
« Le chrono de 22.70 correspond à celui d’une finale olympique. Je rêve d’une médaille olympique et avec ce nouveau chrono tout est possible ». La championne du Mali et recordwoman du 200 m, Kadiatou Camara affiche une grande confiance à quelques jours du coup d’envoi des jeux Olympiques de Pékin. Détentrice du record du Mali du 200 m, vainqueur du dernier tournoi de la Solidarité et vice-championne d’Afrique en titre, Kadiatou Camara a réalisé cette année la meilleure saison de sa carrière et tous les espoirs sont permis pour celle que les supporters appellent familièrement « La » (diminutif de la Vieille). Lors des 16è Championnats d’Afrique d’athlétisme d’Addis Abeba, notre compatriote n’a rencontré que la Sud africaine Le Roux Isobel pour l’empêcher de monter sur la plus haute marche du podium continental. Mais ce n’est que partie remise pour Kadiatou Camara qui avait les yeux rivés sur les JO et qui aura l’occasion de prendre sa revanche sur sa grande rivale à Pékin. Pour ce faire, la championne du Mali pourra toujours compter sur l’expertise de son nouvel entraîneur russe Valery, un homme qui, avoue-t-elle « m’a redonné confiance en affirmant que cette année sera la mienne ».
Kadiatou Camara est née le 4 mai 1981 à Ségou, mais c’est à Kayes où son père Kiba Camara venait d’être muté en qualité de directeur de jeunesse que l’actuelle vice-championne d’Afrique du 200 m commencera sa carrière d’athlète. Âgée alors de 12 ans, La aura comme premiers entraîneurs son professeur d’éducation physique et sportive Tosh et sa mère Mah Sissoko, elle même ancienne athlète. La « petite » Kadiatou Camara se révélera au grand public lors des compétitions inter-scolaires, avant de quitter la capitale des Rails en 1996 avec le double titre de championne du 100 et 200m de la région et de poser ses valises à l’USFAS. L’ascension de la native de Ségou est fulgurante : la même année, elle met fin au règne sans partage de Fanta Dao sur le 100 et 200 m et devient la nouvelle reine du sprint national. Outre le titre de championne du 100 et 200 m, Kadiatou Camara s’adjuge celui du saut en longueur. L’année 1998 marquera la première sortie internationale qui participe au Championnat du monde junior d’Annecy en France avant d’enchaîner, un an plus tard avec les Jeux africains de Johannesburg. C’est le début d’un long parcours qui mènera la nouvelle reine du sprint national aux Jeux olympiques de Sydney en 2000 en passant par les Championnats du monde junior de Chili (2002), les Championnats du monde senior de Paris (2004), les Jeux africains de Brazzaville où elle décroche sa première médaille d’argent (2004) et les J.O. d’Athènes la même année.
En 2005, Kadiatou Camara se blesse et passe près d’un an sur la touche avant de retrouver la piste sous l’impulsion d’un nouvel entraîneur, Valery qui succède à Antonny Koffi.On connaît la suite : la championne du Mali annonce la couleur dès les Championnats d’Afrique d’Île Maurice où elle occupe la quatrième place du 200 m Dames. « Après ma prestation aux Championnats d’Île Maurice, Valery m’a dit que 2008 sera mon année et j’avoue honnêtement que cela m’a donné confiance. Je demande à tous les Maliens de prier pour moi dans la conquête de la médaille olympique. Aujourd’hui, je rêve de deux choses : être championne du monde et offrir une médaille olympique à mon pays », confie Kadiatou Camara qui s’alignera donc sur le 200 m à Pékin et qui tentera, à 27 ans, de terminer en beauté une saison 2008 positive à tout point de vue.
Champion du Mali du 400m/haies, Ibrahim Maïga lui, se fixe comme objectif d’atteindre au moins la finale des J.O.
« Comme tout le monde mon objectif est de décrocher une médaille olympique. Je sais que c’est difficile, mais avec mon chrono actuel (49″13) et surtout après ma prestation aux derniers Championnats du monde (2007 au Japon, 2è tour, ndlr), tous les espoirs sont permis. Je pense que le plus important est de persévérer dans le bon sens », affirme Ibrahim Maïga. Le champion du Mali assurait il y a quelques semaines qu’il est revenu à son meilleur niveau et qu’il est fier des progrès réalisés cette année. « Je ne peux pas dire que j’ai atteint le niveau mondial, mais à ce rythme, je pense pouvoir faire un petit quelque chose à Pékin et pourquoi pas aux Championnats du monde de Berlin en 2009 ».
Ibrahim Maïga qui se trouve au centre d’entraînement de Dakar depuis plusieurs années, rêve d’être le premier Malien à se hisser sur un podium olympique. « Je veux être le premier Malien à disputer une finale olympique et je suis conscient que seul le travail peut me permettre de réaliser ce rêve », dit-il malgré une préparation quelque peu perturbée par des soucis financiers. « Aux Championnats d’Afrique d’Addis Abeba, j’aurai pu faire mieux que la troisième place n’eut été le problème d’alimentation. La nourriture qu’on nous donnait à l’hôtel ne passait pas et nous n’avions pas les moyens de nous acheter à manger. Il y a beaucoup de détails comme ça qui jouent sur la performance de nos athlètes », souligne Ibrahim Maïga aujourd’hui âgé de 29 ans et qui espère poursuivre sa carrière jusqu’à 33 ans. S’il est encore motivé !
S. B. TOUNKARA (L’ESSOR)