Elle s’appelle Madina Tounkara et a été élue Miss ORTM Ségou en 2008. Après avoir incarné la beauté de la capitale des balanzans durant un an, elle a rendu sa couronne au comité local d’organisation non sans amertume. C’était le 7 novembre passé. Elue avec un projet de lutte contre le phénomène des enfants de la rue, Madina regrette beaucoup de n’avoir pas été accompagnée dans la réalisation de ce projet qui lui tient tant à cœur.
C’est une fille toujours radieuse et belle que nous avons rencontrée à Ségou. Un an après son sacre, Madina garde son sourire et son élégance qui ont séduit les membres du jury lors de son élection. Organisées depuis un certain temps par le comité syndical de l’ORTM, les élections Miss ont beaucoup évolué si bien que la seule beauté ne suffit plus pour enlever la couronne.
Ainsi, en plus d’être belles, les candidates à la couronne régionale et nationale doivent avoir un niveau d’instruction leur permettant de vendre la richesse culturelle de leur contrée, puis, celle du Mali tout entier. Car, une fois élue Miss, elle cesse d’être « n’importe qui « .
Et sur ce dernier plan, le comité syndical y veille scrupuleusement. Seulement, il semble qu’à ce niveau, il y a deux poids et deux mesures. Au moment où, il est dit à la Miss qu’elle n’est plus n’importe qui et qu’à ce titre, elle doit désormais faire attention à tout ce qu’elle dit et fait, rien à priori, n’est fait pour l’accompagner dans ce sens.
Déterminée au début à apporter sa modeste contribution pour améliorer les conditions de vie des enfants abandonnés, le manque de soutien a semble-t-il eu raison de la volonté et du courage de Madina.
Qui le fait savoir d’ailleurs : « On ne m’a pas encouragée et aidée dans mon projet d’aider les enfants de la rue, et puisque je n’ai pas de moyen, j’ai finalement laissé tomber « .
Si Madina ne regrette pas aujourd’hui, d’avoir été Miss ORTM Ségou en 2008, elle déplore, en revanche, de ne bénéficier d’aucun accompagnement. D’où son cri de cœur : « Il faut que le comité syndical revoit sa position et sa politique en ne laissant pas tomber les Miss. Il doit les aider à réaliser leur projet dans la mesure du possible « .
Et comme pour dire qu’elle tient encore dur à son projet, Madina Tounkara déclare : « Je veux toujours travailler au bénéfice des enfants de la rue. Quand je les vois, ça me fait mal au cœur. Je ne veux pas qu’ils restent ainsi à errer comme s’ils n’avaient pas de droit. Je leur veux une vie meilleure que celle qu’ils mènent maintenant ».
Bientôt un mois après avoir rendu sa couronne, Madina Tounkara suscite admiration et sympathie auprès de la population ségovienne en général, et de la jeunesse en particulier : « Après une année de succès, partout on m’appelle Miss. Je me dis que cela va tout de même prendre fin. Dans tous les cas, les fans continuent de m’appeler Miss et je leur réponds que je ne suis plus la reine de la beauté mais franchement, je dois l’avouer, ça fait chaud au cœur « .
Interrogée par rapport à la possibilité d’une ex Miss de pouvoir se représenter, Madina répond avec faire play : « Quand on est Miss une fois, on doit s’arrêter et permettre aux autres de tenter leur chance sinon, je n’ai pas peur et je suis sûre que si je me représente, je serais élus Miss « .
Aujourd’hui, avec son diplôme, comme toute fille d’une bonne éducation, elle partage son temps entre les travaux ménagers de sa maman et son alimentation.
Diakaridia YOSSI