Jadis pratiquée par les hommes, l’homosexualité devient jour après jour une affaire de femmes aussi. L’homosexualité féminine est devenue aujourd’hui, phénomène courant dans notre société. On ne la pratique plus en cachette ; on voit à longueur de journée des couples « gouines » s’afficher.
Jadis méconnu des Maliens qui obéissaient à des normes et interdits qui leur étaient imposés par la société traditionnelle, on se demande d’où nous vient ce phénomène. Nous avons mené l’enquête à Bamako. Le constat est effarant.
Marginal au départ et considéré comme l’apanage des Blancs, le phénomène de l’homosexualité féminine prend de l’ampleur. Pour y trouver des explications, la psychanalyse a largement interprété l’homosexualité et le processus de l’identité sexuelle. Ainsi, certains spécialistes en psychologie soutiennent que le fait d’éprouver de l’attirance pour un individu du même sexe que soi existe en chaque être, mais c’est lorsqu’on se laisse dominer par lui qu’il se développe.
Ils affirment que chacun de nous naît avec une part de masculinité et de féminité ; c’est la société et le milieu qui nous façonne selon qu’on soit hétéro ou homosexuel. Ces affirmations nous conduisent à nous poser la question de savoir si l’homosexualité ne serait pas innée. Cette interrogation continue d’occuper les chercheurs.
Certaines personnes pensent que c’est l’Occident qui a importé l’homosexualité chez nous. Présentement, Bamako regorge de couples de lesbiennes, elles n’hésitent même plus à en parler dans les causeries dans les grins, certaines même vont jusqu’à vivre en concubinage. Selon Sékou Traoré, commerçant détaillant au Grand marché, l’homosexualité doit être purement et catégoriquement bannie de notre société et pour cela, il estime que l’Etat doit prendre des mesures réglementaires interdisant sa pratique.
Nous retenons que certaines filles deviennent lesbiennes sous l’influence des mauvaises fréquentations. Tel est le cas de cette fille dénommée Djénéba qui a été entraînée dans le milieu par une amie qu’elle fréquentait à l’école.
« Vie dans vie »
« C’est mon amie qui a réveillé en moi ce désir qui était refoulé dans mon subconscient. Au début je me refusais de l’admettre par crainte des préjugés car comme vous le savez, les Maliens ne voient pas du tout d’un bon œil l’homosexualité. Mais malgré mon acharnement à le refouler, le désir a fini par me vaincre, et voilà, maintenant je le pratique, je me sens plus que jamais à l’aise et ne regrette absolument rien même si les gens nous jugent mal », se confesse-t-elle.
Si certaines le font pour combler leur désir, d’autres le pratiquent uniquement pour se faire de l’argent car la pratique serait très lucrative également. Tel est le cas de cette jeune fille, que nous appellerons A. B. Agée de 18 ans, charmante et séduisante, A. B. a préféré l’homosexualité qu’elle pratique depuis plus de 2 ans, au mariage qui est pourtant le souhait de toutes les femmes.
D’après son récit, elle vivait heureuse et dans l’entente avec son fiancé qu’elle aimait beaucoup jusqu’au jour où une amie lui présenta cette femme âgée d’une quarantaine d’années, qui est devenue par la suite sa partenaire. Elle préféra cette dernière à son fiancé car elle lui a permis d’accéder à un monde qu’elle avait toujours idéalisé. Elle lui a permis de rouler sur une moto Djakarta comme ses copines de quartier, d’avoir un téléphone portable et d’autres gadgets de luxe.
Selon Issiaka Diarra, élève, les « gouines » se reconnaissent et se draguent à travers des salutations, des signes… Bref, des codes connus seulement des seules initiées. Parmi ces codes, nous retenons ceci : quand une fille salue, elle dira « Vie ».
Si son interlocutrice est du milieu, elle répondra par : « Vie dans vie ».
Contrairement aux temps passés où les gens pensaient que l’homosexualité était pratiquée uniquement par « les filles garçonnets », c’est-à-dire les filles qui empruntent les airs d’hommes, la plupart des lesbiennes maintenant assument leur féminité.
Elles sont à la fois élégantes et pleines de charme. En les voyant, on n’imagine même pas qu’elles puissent être des homosexuelles tellement qu’elles sont attirantes et désirées des hommes.
DAaouda Dia, Chef du bureau des Ulemas: « Dieu est contre l’homosexualité »
Le chef du bureau des ulémas de l’ORTM est catégorique : l’homosexualité jure d’avec les desseins de Dieu pour l’homme.
Nous descendons tous d’Adam et Eve, Dieu a créé le monde et a créé l’homme et la femme pour qu’il y ait de la vie. Dieu est entièrement contre l’homosexualité, il l’a toujours condamné.
L’homosexualité est un phénomène qui ne date pas de maintenant, elle a existé au temps du prophète Abraham, mais c’était les hommes qui le pratiquaient le plus. Loulou, le fils d’Arana, un des frères d’Abraham avait été envoyé par Allah, à Sodome, (la tribu où les hommes étaient tous gays), pour les ramener sur la bonne voie, celle de Dieu, explique M. Dia.
Refusant d’abandonner leur pratique ignoble, poursuit-il, le Tout Puissant Allah, créateur de l’Univers les a détruits en une seule journée.
Il a réduit en miettes toute la tribu excepté Loulou, son messager et ses deux filles. Même la femme de Loulou, qui était devenue la complice des homosexuels, a péri dans la tragédie. « La religion musulmane est totalement contre l’homosexualité car elle va à l’encontre des principes et lois dictés par Dieu qui préconise l’union de la femme et de l’homme pour que le monde existe, or la liaison des individus de même sexe n’aboutit à rien, elle ne donne aucun résultat positif ».
« Supposons que tous sur terre deviennent des homosexuels, dans 100 ans après il n’y aura plus de monde, tous les hommes disparaîtront. L’homosexualité prédit la fin du monde car les individus de même sexe sont incapables de concevoir un enfant. Quoi qu’ils fassent, ils ne pourront jamais donner la vie, or tel n’est pas le souhait de Dieu qui veut que les enfants d’Abraham deviennent plus nombreux comme les grains de sable au bord de la mer et comme les étoiles dans le ciel. L’homosexualité est purement condamnée dans le Coran ».
Père Elie Amire, prêtre: « L’homosexualité est totalement rejetée par la Bible »
L’Eglise est contre l’homosexualité. L’union entre un homme et une femme a pour but de continuer l’œuvre de Dieu : la procréation.
« L’Eglise est contre l’homosexualité qui n’est pas du tout bon pour l’équilibre de la société. Elle est totalement rejetée par la Bible », dit père Elie Amire. Mais, pour lui, on doit être un peu tolérant avec eux car ils n’ont pas choisi d’être homosexuels. « Contrairement à ceux qui pensent qu’elle est le fruit d’une éducation ratée, l’homosexualité serait innée, et pour cela ils ont été rejetés durant des siècles et des décennies. Bien qu’il leur a été accordé dans certaines contrées de former un foyer, l’Eglise ne célèbre pas le mariage des homosexuels, il est totalement contre ça car le fondement même du mariage est la transmission de la vie or les homosexuels ne peuvent pas concevoir d’enfant ».
De plus, selon le prêtre, il a été démontré que le fait de laisser les homosexuels adopter où élever des enfants entraîne de graves problèmes car, tôt ou tard, l’enfant se révoltera, il demandera à connaître qui est son père ou sa mère, ce qui est tout à fait aussi son droit.
L’Eglise se prononce catégoriquement contre l’homosexualité car Dieu a créé le monde pour qu’il y ait de la vie et pour cela il a préconisé le mariage qui a pour de perpétuer la création.
Assetou Ndiaye, sociologue: « Ce n’est pas un phénomène éphémère »
Assétou Ndiaye, sociologue à la Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines (Flash), nous explique ci-dessous les raisons, selon elle, de l’ampleur de l’homosexualité féminine.
L’homosexualité est un phénomène nouveau dans notre société qui a pris de l’ampleur dans les années 1990 et 2000. Ceci est dû à plusieurs facteurs notamment la libéralisation de nos mœurs.
« Les gens se réfèrent maintenant sur la démocratie pour faire valoir leurs vices. Nos valeurs traditionnelles n’ont plus de poids dans la société présentement. La propagation de l’homosexualité est due également à l’influence de la télévision qui joue un rôle déterminant dans le changement des comportements », explique-t-elle.
Pour elle, « la société malienne en général, est contre l’homosexualité, elle le condamne catégoriquement, mais souvent ce sont ceux-là mêmes qui la critiquent le plus qui s’adonnent à sa pratique ».
Selon la sociologue, « l’homosexualité n’est pas du tout un phénomène passager parce que depuis son intégration dans notre société jusqu’au jour d’aujourd’hui, elle ne cesse de se propager, elle commence à atteindre toutes les couches de la société, tous les statuts sociaux le pratiquent maintenant, surtout dans le milieu des artistes ».
« Je ne pense pas du tout qu’elle soit un phénomène éphémère », déclare-t-elle car l’habitude est une seconde nature, ce n’est pas du tout facile de se débarrasser des habitudes, fussent-elles mauvaises.
(dossier réalisé par Ramata Kéita, stagiaire)