De nos jours, tout porte à croire que le PDG de la société Grand Grenier du Bonheur (GGB), M. Bakoré Sylla, veut concocter un plan dit « de poussière » pour se justifier aux yeux des autorités du pays.
Peut-être pris en difficulté dans ses engagements vis-à-vis de l’Etat, l’opérateur économique (l’un des plus gros du pays) essaierait de trouver une échappatoire à travers un faux prétexte. Sa cible : la société de transport SOMATRA contre laquelle il a d’ailleurs initié une action en justice, pour… escroquerie.
Ce prétexte saura-t-il suffire pour dédouaner le promoteur du Grand Grenier du Bonheur ? En tout cas, l’affaire paraît si délicate qu’elle mérite que les autorités réfléchissent la-dessus.
Car, a tout point de vue, le litige qui semble l’opposer à un de ses partenaires -en l’occurence, la société de transport SOMATRA, pour l’acheminement de 2000 tonnes de riz en stock au port d’Abidjan- apparaît comme un simple moyen, pour l’opérateur, de se défendre face asu gouvernement malien pour lequel, sur la base d’exonoration accordée, il avait promis de ravitailler le marché malien en riz, afin d’éviter toute pénurie pendant le mois de carême. Le contrat passé avec la société de transport SOMATRA rentrait-il aussi dans ce cadre?
Rappelons que 16 Mai 2008, le promoteur du GGB, M. Bakoré Sylla, et la société de transport SOMATRA signaient un contrat portant sur l’acheminement de 2000 tonnes de riz emmagasiné dans le port d’Abidjan. Les frais de transport de la marchandise convenus entre les deux parties étaient de 37 500 FCFA par tonne, soit un montant total de 75 millions de FCFA.
Mais comme pour en rajouter à la polémique, la société de transport déclare qu’à la date d’aujourd’hui, elle n’a acheminé que 680 tonnes du total de la quantité à transporter. Aussi, le promoteur de GGB, M. Bakoré Sylla, de porter plainte et réclamer un reliquat de 45 millions de FCFA à cette compagnie.
A cet effet, c’est le service d’investigation judiciaire de la Gendarmerie du Camp I qui a été saisi par l’opérateur économique qui demande « d’engager une poursuite contre la société, en l’invitant soit au paiement intégral du réliquat, soit au transport, dans un délai immédiat, de la contre-partie non transportée qui équivaut à 1216 tonnes« .
Cette attitude du promoteur du Grand Gremier du Bonheur n’a pas été sans surprendre toute la direction de la SOMATRA qui, à travers un de ses représentants a tenu à expliquer le fonds du dossier : « Lorsque la société de transport SOMATRA a été contactée par l’opérateur économique Bakoré Sylla, pour l’acheminement de son riz, celle-ci avait refusé dans un premier temps, car le prix proposé était bas et la société avait d’autres engagements ». Et de poursuivre, par cette autre déclaration : « Nous avons par la suite accepté parce que nous avons vu que c’était une question nationale à laquelle le gouvernement malien s’est impliqué, et que certaines dispositions avaient été prises pour faciliter la fréquentation du corridor Bamako-Abidjan ».
Dans sa tentative d’édifier l’opinion, la direction de la société de transport a encore informé que non seulement elle a été assurée, par le promoteur du GGB, que les véhicules ne vont pas traîner en route, mais que les frais de chargement, soit 137 500 FCFA par camion, ne seraient pas payés, et que que les camions ne vont également pas être immobilisés au port d’Abidjan.
Mieux, à en croire la direction de cette société de transport, le PDG du Grand Grenier du Bonheur s’est engagé à verser 75% du montant total. C’est, dit-on, sur cette base que la compagnie a accepté ledit marché, sous tendu par ce calcul : en dix jours, un véhicule doit pouvoir effectuer le voyage aller-retour, concernant le port d’Abidjan.
Mais dans l’exécution de ce contrat, des difficultés n’ont pas manqué de surgir, au temps mis par un premier convoi de 10 camions est venu se greffer une autre difficulté créée… par Bakoré lui-même : contrairement à une clause du contrat, ce dernier a dévié les camions sur Ségou, au motif que c’est là que se trouve son transitaire. Or ledit contrat prévoit que le déchargement doit avoir lieu à Bamako et pas ailleurs.
Contrairement aux prétentions du promoteur du GGB, le contrat signé avec SOMATRA ne prévoit également aucun délai pour l’acheminement des 2000 tonnes de riz.
Avant même la signature de ce contrat, la société de transport a tenu à faire comprendre à Bakoré Sylla sa position sur cette situation, et que ce dernier l’a malgré tout accepté. En dépit de tout cela, la société de transport, dans le cadre de l’exécution de contrat, a subi beaucoup de dommages, par la seule faute de l’opérateur Bakoré Sylla.
A ce niveau, on peut relever le non ravitaillement des camions en carburant à temps par GGB, le paiement de frais supplémentaires pour le chargement, la longue durée dans le stationnement au niveau des stations de pompe, le non paiement de frais d’emmagasinement par Bakoré.
A tout cela s’ajoute le problème créé par le changement de l’itinéraire prévu initialement, pour faire escale à Ségou, une étape qui pourtant ne figure nulle part dans les clauses du contrat.
Rappelons que Bakoré avait promis ce riz au gouvernements avant le mois de carême. Puisqu’il se trouve aujourd’hui dans la difficulté de respecter cet engagement, a-t-il alors imaginé cette attaque contre la société SOMATRA pour se disculper?.
Si non, pourquoi cette précipitation dans l’action qu’il vient d’intenter à l’encontre de la société de transport ? Aurait -il peur d’éventuelles représailles de l’Etat, ou veut-il simplement ruser? Dans tous les cas, la vérité sur cette affaire dont les contours sont, pour l’heure, bien flous, risque de ressurgir un jour.
Laya Diarra