Bien que perçu, par certains observateurs, comme l’alpha et l’oméga de la classe politique malienne, où tout semble partir de lui et revenir à lui, l’Adéma-PASJ peine pourtant à se remettre des séquelles inhérentes à sa perte du pouvoir en 2002. Aussi, selon les mêmes observateurs, si le parti des Ruchers n’y prend garde, il risque de se morfondre, pour quatre ans encore, dans un autre « cycle infernal » fait de revers de médaille.
Néanmoins, ce tableau ainsi dressé ne doit en rien entacher l’acceptable et le léger mieux-être politique que le parti affiche de nos jours, en termes de députés, d’élus communaux et de conseillers nationaux. Sur ces plans, le parti de l’Abeille ne semble aucunement « souffrir le martyre », en dépit de sa perte de terrain enregistrée depuis la fin de la décennie konaréenne à la tête du pays.
Cette époque-là était vraiment celle de l’Adéma-PASJ, Un époque où l’actuel président du parti et de l’Assemblée nationale, le camarade Dioncounda Traoré, pouvait déclarer sans crainte, et avec fierté « Notre gouvernement de L’Adéma », affichant ainsi tout le confort que pouvait être celui des adémistes, au grand dam des détracteurs du parti de l’Abeille.
Mais comme dirait l’autre, »les plus beaux jours ont toujours une fin « . Et ce n’est sans doute pas le camarade Dioncounda Traoré qui dira le contraire, lui qui, disait-on, éprouvait, sinon nourrissait une peur bleue face à un refus éventuel du peuple des Ruchers de cautionner le soutien du parti pour la candidature de l’actuel Président de la République, au risque, disaient toujours les détracteurs du parti, de voir « la police et la Sécurité d’Etat à leur trousse« .
Comme qui dirait quelqu’un qui est pris en flagrant délit de faute !
Certes, on est désormais un peu loin de ses souvenirs faits de turbulences, de peur, d’orgueil aussi. Reste à présent à faire face à cet avenir politique qui se projette sur Koulouba en 2012. Un avenir qui pourtant, demeure toujours incertain tant qu’une équation à plusieurs enjeux n’est pas élucidée : celle du candidat rucher à la présidentielle de 2012.
D’ici là, beaucoup d’eau pourrait couler sous les ponts, entraînant beaucoup d’encre et de salive. Aussi, il paraît bien indiqué de se poser la question : comment le peuple Adéma va-t-il gérer cette question de candidat consensuel et unique pour le parti, même si, pour l’heure, cette équation inconnue ne compromet pas la force et la capacité du parti?…
S’il n’y a aucune inquiétude à se faire sur cette question, il n’en demeure pas moins que le fait qu’il est, à ce jour, impossible de dresser des portraits-robots d’éventuels présidentiables ne présage rien de bon dans le parti de la Ruche. Pour preuve, on se rappelle l’unique expérience vécue en la matière, à savoir, la candidature de Soumaïla Cissé en 2002 qui s’était terminée en queue de poisson.
Au sein du parti, ce fut un moment d’émotion, de suspens et d’angoisse auquel l’ancien Président de la République, Alpha Oumar Konaré, a bien été épargné, le sage président de l’Adéma Association, feu Abderahamane Baba Touré, ayant décidé, à l’Assemblée, le changement de l’Association en parti politique, pour donner leur chance aux jeunes générations.
A cet homme, l’Adéma-PASJ doit tout, même si, depuis sa mort, les barons ruchers d’aujourd’hui ont décidé de mettre une croix sur ses mérites. Son retrait politique volontaire, combiné à la peur des ruchers devant l’inconnu, avaient largement favorisé Alpha Oumar Konaré qui s’est vu confier et la tâche de présider aux destinées du parti de l’Abeille, et la candidature du parti à la présidentielle de 1992.
A l’époque, le Mali vivait une nouvelle expérience, celle de la démocratie. Le candidat de l’Adéma n’eut donc aucun mal à se faire élire en 1992, et se faire réélire en 1997, mais à la suite d’une élection aussi controversée que contestée par le collectif COPPO de l’Opposition de l’époque.
Qu’en sera-t-il alors pour 2012 ?… L’enigme est aujourd’hui complète sur la question, tant les personnes jusque-là soupçonnées d’avoir des ambitions présidentielles -exception faite peut-être de Soumeylou Boubèye Maïga ne répondent en rien au portrait-type d’un candidat présidentiel.
Dans ce régistre, on peut citer Dioncounda Traoré et Ibrahima dit « Iba » N’Diaye : la liste n’est pas exhaustive. Mais à vrai dire, aucun de ces deux hommes cités n’est en mesure de conduire l’Adéma-PASJ vers les cimes de Koulouba en 2012. De cela, nombreux sont les cadres et militants ruchers qui sont unanimes à convenir. D’où leur souhait de voir le parti se chercher un candidat…ailleurs.
Pour cela, si les uns misent sur l’actuel ex-Premier ministre de la Transition Modibo Sidibé, les autres veulent plutôt qu’on exploite… la piste de l’ex-Premier ministre de la Transition, Zoumana Sacko. Mais il y a une troisième frange qui pense que l’ex-Président de la République, Alpha Oumar Konaré, ferait bien l’affaire : inutile donc d’aller chercher aussi loin.
Du point de vue des partants pour l’actuel ex-Premier ministre, dont on soupçonne Iba N’Diaye d’en être la tête de file (ce qui est d’ailleurs paradoxal, dans la mesure où il est lui-même crédité de la même intention), il n’y a pas mieux que Modibo Sidibé qui, pour le sacre présidentiel des Ruchers en 2012, a l’avantage d’être non seulement jeune et vivace, mais aussi un grand commis de l’Etat.
Mais cet argument ne semble pas convaincre ceux qui optent plutôt pour Zoumana Sacko, connu pour son intégrité et son intransigeance face aux questions engageant l’intérêt de la nation : il en avait, d’ailleurs, démontré les preuves, dans le temps.
Par contre, selon les pro-Alpha – du reste réconfortés par le brillant passage de ce dernier à la tête de la Commission de l’Union Africaine qu’il a volontairement quitté, face aux caprices de certains Chefs d’Etats, il suffit qu’on fasse une rétrospective sur les deux mandats de l’homme à la tête du Mali pour se convaincre de la justesse de leur choix.
En fait, tout se passe comme si ces derniers veulent contraindre Alpha à revoir son agenda, dans lequel il ne mentionne, pour l’heure, aucune éventualité d’un retour aux affaires.
Trois hommes donc, pour un seul poste présidentiel, c’est-à-dire trois visions et trois styles différents de gestion du pouvoir, mais qui ne disent pourtant rien qui vaille à ceux du parti de la Ruche qui entendent rouler pour eux-mêmes. Comme quoi, « la charité bien ordonnée commence d’abord par soi-même« .
Au regard de tous ces aspects, bien malin sera celui qui pourra deviner ce qui adviendra à l’Adéma-PASJ, d’ici 2012. Mais attendons pour voir, car seul le temps pourra nous édifier sur la suite à donner aux véritables chances des Ruchers face à la bataille pour la présidentielle de 2012.
Adama S. DIALLO