Lorsque l’affaire dite « Ahmed Sow-OLAF » éclatait dans la presse malienne, le gouvernement de Ousmane Issoufi Maïga avait, des mois plus tôt, reçu la lettre de l’organisme européen l’informant des soupçons qui pesaient sur l’ex-Directeur Général du CDE, et qui nécessitaient une enquête sur l’homme. AU gouvernement malien, l’OLAF demandait donc de prendre des dispositions en vue de bien diligenter ladite enquête.
Entre temps, après son plébiscite par le peuple malien pour un second mandat à la tête du pays, le Président de la République, Amadou Toumani Touré, nommait l’ancien Secrétaire Général de la Présidence, Modibo Sidibé, au poste de Premier ministre.
Au sein du gouvernement formé par ce dernier, le 3 Octobre 2007, figurait l’ex-Directeur Général du CDE, M. Ahmed Sow, en qualité du ministre en charge des Mines, de l’Energie et de l’Eau.
Un Ahmed Sow qui avait pourtant été préalablement pressenti comme Premier ministre. C’est qu’il aura été jugé que l’enquête sollicitée par l’OLAF n’était pas de nature à compromettre la nomination du ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau.
Une divulgation à caractère discrétionnaire
Tout baignait donc dans l’huile, jusqu’au jour où , par l’entremise d’un ami français imprégné dans la Communication et les Relations publiques, Tiébilé Dramé aurait reçu la fameuse lettre de l’OLAF adressée au Premier ministre de l’époque, Ousmane Issoufi Maïga, pour enquêter sur la gestion de Ahmed Sow à la tête du CDE.
Selon nos sources, celui qui, par manie ou par enfantillage, donnait des « Au revoir ! » au Président ATT lors de la campagne présidentielle, et qui fut pourtant battu jusque dans son Nioro natal, ne s’est point privé du plaisir de dispatcher ladite lettre à travers la presse.
L’affaire a certes fait couler beaucoup d’encre et de salive. Et il y avait de quoi, car il avait fallu d’un cheveu pour que qu’Ahmed Sow soit nommé Premier ministre.
Mais une question reste pendante : que cherchait Tiébilé Dramé, si toutefois il est établi que c’est bien lui qui y est derrière la divulgation de cette affaire dite « Ahmed Sow-OLAF » ? La question est de taille, car non seulement le gouvernement Pinochet était informé de l’affaire des mois plus tôt, mais le principal intéressé de ladite affaire, Ahmed Sow, n’avait pas été nommé Premier ministre.
Selon certains, même pour une affaire moindre que celle dite « Ahmed Sow- OLAF », Tiébilé Dramé aurait tenté son va-tout, pourvu qu’il puisse faire mal au régime ATT. Autant dire qu’il aura réussi son coup à moitié, puisque Ahmed Sow lui-même fut contraint de descendre dans l’arène de la presse pour plaider sa cause, aidé en cela par le ministre Porte-parole du gouvernement. Sans compter que le pouvoir en avait eu sa ration de quelques jours, voire de quelques semaines, en matière de mauvaise publicité.
Quand la victime devient le bourreau
Par ailleurs, l’affaire Ahmed Sow allait prendre une autre tournure des plus surprenante, au point que l’interessé lui-même, de sa position de victime, finira par devenir celui en tirerait plus de profit.
En effet, dès l’éclatement de l’affaire, des soupçons commencent à peser sur le Premier ministre Modibo Sidibé, comme étant celui qui est derrière toute cette affaire. Afin de se donner plus chances d’être nommé à la Primature, l’homme aurait tout mis en oeuvre pour que le « dossier sale » de Ahmed Sow tombât sur le bureau présidentiel.
D’aucuns avanceront que le Chef du Gouvernement se sentirait menacé tant que Ahmed Sow reste « clean « , comme on dit. D’où ces méthodes subtiles entreprises pour creuser davantage l’affaire concernant le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau. Mais d’après nos sources, Modibo Sidibé est tout simplement victime d’une campagne de dénigrement commanditée par des caciques du régime, qui verraient en lui un frein à leur promotion personnelle.
Et nos sources, de baser leurs arguments sur ce constat : au moment où le Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, reçevait la lettre de l’OLAF, Modibo Sidibé était encore Secrétaire Général de la Présidence de la République. Et de poursuivre que le Secrétaire Général de la Présidence n’a aucun pouvoir de dissuasion sur le Président de la République.
Donc, toujours selon nos sources, Modibo Sidibé ne pouvait en aucun cas empêcher ATT de nommer Ahmed Sow à la Primature. Seulement, voyant que ce retournement de situation en défaveur de l’actuel Premier ministre est tout à son profit, M. Ahmed Sow ne se sentait plus gêné par les articles de presse se rapportant à l’affaire qui l’oppose à l’OLAF. A moins que Modibo Sidibé ne soit plus présenté comme son traqueur de tous les jours.
Toujours est-il que la victime de l’affaire « Ahmed Sow-OLAF », à savoir Ahmed Sow lui-même, devient donc le bourreau qui laisse planer comme une épée de Damoclès sur la tête de l’actuel Premier ministre. « Oh ambition, lorsque tu nous tiens! », dirait l’autre.
Adama S. DIALLO