« Tout récemment, lors d’une rencontre avec les Maires à Bougouni, le candidat de l’ADEMA à la présidence de l’AMM se serait prononcé sur l’état de la mise en oeuvre de la décentralisation dans notre pays. Selon le Maire de la Commune rurale de Sido, Moussa Doumbia, le candidat de l’ADEMA aurait affirmé que le Président Alpha Oumar Konaré, initiateur de la décentralisation, croyait beaucoup à cette réforme.
Toujours selon notre interlocuteur, il aurait soutenu que celui qui est là actuellement ne croit pas à la décentralisation. Celui qui est là actuellement ne comprend pas la décentralisation. Raison pour laquelle le gouvernement traîne le pas… », peut-on lire dans un articlé publié par « Le Challenger » daté du 18 Mars 2010. Si ces propos se confirmaient, on peut dire, sans risque de se tromper, que Bill a décidé de déclarer la guerre au Président ATT avant même qu’il ne soit élu à la tête de l’Association des Municipalités du Mali (AMM). En accusant ATT et Modibo Sidibé par rapport à la décentralisation, que veut-il insinuer donc ? Pourquoi a-t-il attendu d’être candidat à la présidence de l’AMM pour faire ces critiques ? Pourquoi Bill fait-il ce clin d’œil à Alpha ?
La rançon de l’injustice
Trois membres du CE briguent la présidencede l’AMM : le président sortant, Abdel Kader Sidibé, Maire de la Commune III du District ; Boubacar Bah dit « Bill« , Maire de la Commune V du District ; et Adama N. Diarra, Maire de la Commune rurale de Kourouma (cercle de Sikasso). Au lieu de désigner le sortant (la logique de l’ADEMA, c’est toujours reconduire tous les missionnaires dans les structures de l’Etat et les collectivités locales), Dioncounda Traoré, avec la complicité de tout le CE ADEMA, a choisi son « ami et cousin Bill ». Les deux autres ont maintenu leurs candidatures, non pas parce qu’ils veulent défier le parti, mais tout simplement parce qu’ils se disent tous deux victimes d’une injustice qui ne dit pas son nom.
Et comme Dioncounda Traoré et partisans savent que leur choix contesté aura du mal à passer sur le terrain, ils ont signé une plate-forme avec une dizaine de formations politiques, plus le Mouvement Citoyen. Cette plate-forme a pour but de relire les textes de l’AMM en vue de sa gestion concertée.
Officiellement, on dit que ladite plate-forme n’a toujours pas son candidat. Mais tout porte à croire que pour les adémistes, ce candidat est « Bill« . L’ont-ils signifié officiellement aux directions nationales de partis alliés ? Si non, y a-t-il trahison ?
Par ailleurs, avec la signature de cette Convention, les autres partis sont donc piégés. Ils ne peuvent plus présenter un candidat en dehors du Maire de la Commune V. Par conséquent, ils sont obligés de soutenir celui-ci présenté par le CE-ADEMA. Comme pour dire qu’avec les signataires de la plate-forme appelés en renfort par le CE-ADEMA, l’affaire cesse d’être une bataille uniquement entre adémistes.
Le candidat en difficulté
Pour mieux vendre l’image du candidat Bill, des tournées dans les capitales régionales du pays sont organisées. Le but recherché, c’est d’expliquer aux Maires les raisons de ce choix afin de les convaincre à y adhérer. Malgré les explications fournies, la candidature de Boubacar Bah n’a toujours pas l’assentiment des Maires. Puisque Abdel Kader Sidibé et Adama N. Diarra ont toujours le vent en poupe auprès des Maires.
Partout où les délégations se sont rendues, c’est l’échec. A preuve, le week-end écoulé, des délégations ont sillonné les régions de Kayes et Sikasso. Malheureusement, les rencontres avec les Maires ont, en général, tourné à l’humiliation. On se demande si certains membres du CE n’auraient même pas regretté d’avoir fait le déplacement.
Curieusement, pendant qu’on pousse des responsables à aller au charbon, le président du parti, qui a tout tramé , joue à l’abonné absent lors des activités. Il boude et les réunions au siège de l’ADEMA, et les tournées dans les régions. Il sait certainement que partout, il est attendu de pied ferme.
Pendant ce temps, les autres barons et cadres du parti de l’Abeille, impliqués dans cette bataille, ne dorment presque plus. Ils sont obligés d’inventer et de multiplier des stratégies pour contrer Kader Sidibé et Adama N. Diarra qui ont sérieusement mis à mal la crédibilité de plus de dix partis politiques. En tout cas, avec ce qu’il est donné de constater sur le terrain, ces deux personnes prouvent qu’ils sont plus crédibles que ceux qui les combattent.
Après l’échec des tournées régionales qui sont en cours, on a demadé à Soumeylou Boubèye Maïga de colmater les brêches, en convoquant les Maires pour des rencontres à Bamako. Ceux qui acceptent de venir ont leurs frais de transport et leurs perdiems en poche. Sans oublier qu’ils sont logés et nourris par la direction de campagne. N’est-ce pas la preuve que la bataille pour l’AMM est en train de tourner à l’achat des consciences et à la corruption? N’est-ce pas aussi la preuve qu’elle devient une source d’enrichissement pour les uns et les autres, qu’on soit Maire, cadre de l’ADEMA ou de partis alliés ? Alors, combien gagnent les responsables qui s’agitent sur ce dossier ?
Bill s’en prend à ATT
En dépit des gros moyens financiers et humains déployés, le chemin de la présidence de l’AMM est jusqu’à présent semé d’embûches pour le candidat de l’ADEMA. Les gens n’aiment pas Bill, et il doit le savoir et comprendre. Mais au lieu d’accepter de regarder cette vérité en face, il est plutôt à la recherche de boucs émissaires. Et personne n’est épargné, même le Président de la République, du moins si l’on s’en tient à ces propos rapportés par le confrère « Le Challenger » daté du 18 Mars 2010.
Dans cet article intitulé « Conviction ou simple idée de Boubacar Bah dit Bill: CELUI QUI EST LÀ … NE COMPREND PAS LA DECENTRALISATION » , le confrère écrit que tout récemment, lors d’une rencontre avec les Maires à Bougouni, le candidat de l’ADEMA à la présidence de l’AMM se serait prononcé sur l’état de la mise en œuvre dde la décentralisation dans notre pays. « Selon le maire de la commune rurale de Sido, Moussa Doumbia, le candidat de l’ADEMA aurait affirmé que le président Alpha Oumar Konaré, initiateur de la décentralisation ,croyait beaucoup à cette réforme », poursuit-il.
Toujours selon son interlocuteur, renchérit-il, il aurait soutenu que celui qui est là actuellement ne croit pas à la décentralisation. « Celui qui est là actuellement ne comprend pas la décentralisation ». Raison pour laquelle le gouvernement traîne le pas. « Conviction ou simple idée de Boubacar Bah dit Bill ? », s’interroge le journal.
De ce qui précède, si Bill a du mal à se faire accepter par les Maires, est-ce la faute à ATT ? N’est-ce pas la preuve que le parti a fait le mauvais choix, car Bill ne fait pas l’unanimité dans sa propre commune, à plus forte raison à l’ADEMA, voire sur la scène politique malienne ?
Pourquoi Modibo Sidibé aussi ?
Tout porte à croire que le candidat de l’ADEMA ne s’est pas attaqué seulement au Président de la République : il « tire » aussi sur son gouvernement, à travers son Premier Ministre. En visant le Chef du gouvernement, fait-il d’une pierre deux coups ?
En effet, selon certains, une partie de l’ADEMA serait favorable à une candidature de Modibo Sidibé sous les couleurs de l’ADEMA à la présidentielle de 2012. Cette hypothèse n’est pas le vœu de nombre d’adémistes qui souhaitent plutôt une candidature à l’interne du parti. C’est le cas des partisans de Dioncounda Traoré dont un des très proches est sans nul doute son ami et cousin Bill.
Ce faisant, en sa qualité de candidat de l’ADEMA à la présidence de l’AMM, Boubacar Bah attaque le Chef du gouvernement, non pas sur le front de l’AMM qui le concerne personnellement, mais plutôt sur celui de la décentralisation. Car il sait que le transfert des ressources et des compétences de l’Etat vers les collectivités locales n’est toujours pas une réalité dans notre pays. Or, cette question préoccupe tous les Maires. Donc, en s’attaquant ouvertement à ce dossier, il donne l’impression de trouver un argument de taille pour convaincre les Maires qui hésitent à venir vers lui pour l’AMM.
En même temps, au sein du parti, il aura eu le mérite d’avoir été le premier à avancer l’une des raisons poussant l’ADEMA à ne pas faire, de Modibo Sidibé, son candidat en 2012. Autrement dit, quelqu’un qui n’accorde pas d’importance à la décentralisation, l’un des projets-phare de l’ADEMA quand il était au pouvoir, mérite-t-il d’être le candidat du même parti ?, serait-on amené à se poser comme question au sein de la Ruche ? Qui sait quoi ?
Alpha-Bill : les raisons d’une guéguerre
L’une des stratégies de Bill pour faire briller son image dans la bataille de l’AMM, c’est d’égratigner ATT en faisant un clin d’œil à Alpha O. Konaré. En effet, lorsqu’il accuse l’actuel Chef de l’Etat de ne rien faire pour la mise en œuvre de la décentralisation, il adresse un signal fort à Konaré, présenté par lui comme étant le parrain de cette réforme.
Par la même occasion, il rassure Ousmane Sy, lui qui avait conduit, en son temps, la mission de la décentralisation. Puisque M. Sy est aujourd’hui élu communal à Bandiagara, qui sait aussi, pour avoir l’adhésion des Maires hésitants ou réticents de la 5ème région, si Bill ne compterait pas sur lui, car la déclaration du collectif des Maires à Mopti a tout compliqué ?
Que Boubacr Bah tende la main à Konaré ne surprend guerre. En effet, l’ancien Président de la République avait nommé Bill à la tête du Ministère Délégué chargé de l’Initiative privée en 1992. Après seulement 6 mois de gestion, Konaré fut contraint de l’enlever. A l’époque, les bruits avaient couru que M. Bah aurait détourné une somme dont le montant oscillerait entre 400 et 600 millions de FCFA.
D’aucuns avaient soutenu, à tort ou à raison, qu’il aurait utilisé le magot pour retaper les locaux du laboratoire d’analyses médicales de son épouse. Le département cessa d’exister après son départ. Et le Ministre déchu n’est jamais allé à la presse pour crier sur Alpha qui avait failli le jeter en prison, n’eut été l’intervention de certaines personnes.
Depuis lors, jusqu’à son départ de Koulouba, Konaré ne l’a jamais accepté à un poste nominatif et électif. Pour preuve, en 2005, il briguait la présidence du Haut Conseil des Collectivités Territoriales : Alpha le bloqua.
En 1998, il tenta de se faire élire Maire de la Commune V, mais en vain. Après cet échec, il fit le forcing pour la Mairie du District. Le CE, sur instruction de Konaré, lui préféra Iba N’Diaye.
A la faveur des communales de 2009, d’aucuns pensaient qu’il devait chercher ce poste, surtout que Adama Sangaré, qui n’a fait qu’achever le mandat de feu Moussa Badoulaye Traoré, avait commis trop de gaffes, et l’Etat continue jusqu’à présent d’en affronter les conséquences. Mais il préféra signer un deal avec Adama Sangaré. Ce dernier reste au District ; en contrepartie, il aide Bill à devenir président de l’AMM contre Abdel Kader Sidibé.
En apprenant que Dioncounda Traoré cherche à imposer le même Bill à la tête de l’AMM, Konaré peut voir son propre désavoeu, à travers cette décision. C’est pourquoi Bill cherche les faveurs de l’ex-Chef de l’Etat. Mais la meilleure façon de le faire serait-elle d’opposer Alpha à ATT par rapport à la décentralisation ? Pourquoi Bill a-t-il trop tôt déclaré la guerre à l’actuel Chef de l’Etat ? Ceux qui s’agitent à l’ADEMA aux côtés de Boubacar Bah dans la bataille de l’AMM, veulent-ils conjuguer ATT au passé au profit d’Alpha ? Si oui, pourquoi ? De quoi ont-ils donc peur ?
Oumar SIDIBE